“Aidez-moi !”, dernier single de N’Sarko déjà dans toutes les BAC

Voilà, le couplet toulousain si habilement rythmé par la DCRI, arrangé par le ministre de l’Intérieur et nombre de médias complices ou avides de clics publicitaires, s’achève de la plus belle manière, dans les fumées de poudre entre les deux yeux et les mots rapportés – bien obligé d’y croire – qui servent l’idéologie de leurs rapporteurs. Le refrain du rappeur du groupe UMP peut désormais reprendre, galvanisé par une peur nauséabonde instillée, entretenue et développée de longue date dans le terroir de France comme un microbe mortifère dans une boîte de Pétri :
“Aidez-moi ! Aidez-moi !”.
Il faut toute la naïveté servile d’un Nicolas Demorand dans son Edito de Libération pour féliciter l’émotion, la retenue et la sincérité d’un N’Sarko qui, selon lui, a su trouver les mots justes, les mots rassembleurs, les mots que la France forte mais terrorisée attendait. Il faut beaucoup de naïveté feinte et pleine d’encouragements larvés pour la suite de la campagne pour regretter qu’ils n’aient pas été prononcés plus tôt… Comment auraient-ils pu l’être, puisqu’il leur manquait l’événement effroyable et la tragédie nationale qui pouvait promouvoir le disque ?
Le rappeur N’Sarko a eu beaucoup de “chance”, la chose est indéniable !
D’abord, un malheureux gamin de l’une de ces banlieues que la France ghettoïse, déscolarise, humilie, déculture, abandonne à tous les trafics, comme on enfouit des déchets nucléaires dans le sol. 15 condamnations au casier, des séjours en prison au sortir de l’adolescence, et aucun suivi judiciaire, psychologique ou autres pour le citoyen français Mohamed Merah ! Qui n’a cessé de couper les vivres et les moyens d’agir à la police de proximité, à l’encadrement social, carcéral et à la justice ?
C’est donc dans ces prisons de la France forte que le jeune branleur M., amateur jusqu’ici de foot, de bagnoles et de jolies filles, comme tant d’autres, découvre dans son cerveau crétinisé une issue identitaire, une porte de sortie imbécile, criminelle, au mal être engendré par une société qui n’a de valeurs consacrées, fouquetisées, sacralisées, que le pouvoir, le cynisme et l’argent.
L’esprit fragile de M. est en pleine confusion : l’Islam, la débrouille délinquante et la Patrie française y mènent une lutte sans merci qu’aucun soi-disant expert salarié n’est fichu de comprendre. Il veut s’engager dans l’armée pour servir le drapeau tricolore, mais sans pédagogie aucune, on jette son désir aux orties au prétexte de son passé judiciaire, ce qui amorce le choix funeste et ouvre une voie sans radar de contrôle à la radicalisation.
M. M., pour se valoriser et donner du sens à sa vie, effectue alors un voyage en Afghanistan, passe deux mois dans les zones tribales : entraînement aux armes, endoctrinement intensif… À son retour, le foie atteint par une hépatite, la DCRI l’interroge sur les raisons de ce voyage. “Tourisme !”, lui répond le courageux voyageur en montrant son bronzage et, comme l’assure le Ministre de l’Intérieur, avec « force photos » [sic] à l’appui… La DCRI le remercie de ses réponses limpides et lui souhaite bon retour en France et bon rétablissement… Notons que la question de savoir avec quel passeport il a voyagé, vrai ou faux, n’apparaît aujourd’hui dans aucun discours, aucun média… Même le baroudeur Yves Calvi l’élude… Curieux.
C’est à partir de cette date, nous dit-on avec une assurance qui n’est guère rassurante, que M. M., devenu un redoutable Salafiste au RSA menant notoiremment grand train, est « tracé » par la DCRI, surveillé de près, jour et nuit, alors qu’il est déjà blacklisté dans bon nombre d’aéroports, notamment aux États-Unis.
La question que tout bon journaliste d’investigation – ce que je ne suis pas – devrait se poser maintenant, c’est : “Que s’est-il passé pendant ces deux années de « traçage » obscur, de prétendue « surveillance » dans l’ombre par la DCRI encadrée et dirigée par Bernard Squarcini, l’ami du sulfureux marchand Alexandre Djouri (1), si précieux paraît-il au Ministre de l’Intérieur, et du rappeur N’Sarko, Squarcini lui-même mis en examen le 17 octobre 2011 et curieusement maintenu dans ses hautes fonctions au service de la République ? Et pourquoi le tueur odieux et sanguinaire Mohamed Merah, si fragile mentalement, multi-récidiviste, multi-fiché, “suivi” et monté malgré tout en puissance d’infamie, n’a-t-il pas été interrogé, perquisitionné, aux premières heures du premier attentat ?”
Journalistes indépendants, avant que la France ne bascule définitivement dans le totalitarisme d’un État policier, raciste, affairiste, machiavélique et manipulateur, à vos plumes et à votre travail ! Relisez le manifeste d’Albert Camus à votre profession ! (2) Et planquez bien vos sources et vos ordinateurs ! Gare aux barbouzes de la France forte !
Il y a du Pulitzer dans l’air… C’est mieux qu’un sourire de vampire et une caresse monnayée dans un recoin de l’Élysée, non ?
(1) Livre de Pierre Péan, “La République des mallettes” (Fayard, 2011)
(2) Manifeste inédit jusqu’ici (censuré en 1939), exhumé par Macha Séry aux Archives d'outre-mer, à Aix-en-Provence, et publié le 18 mars 2012 par le journal Le Monde. "Toutes les contraintes du monde ne feront pas qu'un esprit un peu propre accepte d'être malhonnête". […] "Un journal libre se mesure autant à ce qu'il dit qu'à ce qu'il ne dit pas." A. Camus
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