Alain Soral condamné à 18 mois de prison ferme pour provocation à la haine raciale
Ce jeudi 19 septembre, le tribunal correctionnel de Bobigny a condamné L’essayiste d’extrême droite Alain Soral à vingt-quatre mois de prison, dont dix-huit mois ferme, et 45 000 euros d’amende. Il était poursuivi, ayant diffusé sur son site une vidéo jugée antisémite, pour provocation à la haine raciale et injure publique aggravée.
En état de récidive légale
L’affaire se termine mal pour l’écrivain habitué des tribunaux. Le jeudi 20 juin, les avocats des différentes parties civiles annonçaient que le parquet de Bobigny avait requis la condamnation de l’essayiste d'extrême droite Alain Soral, à deux ans de prison ferme. Le très contesté frère d’Agnès Soral, de son vrai nom Alain Bonnet, avait diffusé sur son site « Egalité et réconciliation » un clip de rap intitulé « gilet jaune ». Les images du clip mis en cause montrent une pancarte portant le nom de Rothschild qui est jetée au feu. Les photos de Jacques Attali, Bernard-Henri Lévy et Patrick Drahi finissent de la même manière au bûcher. « Ce n’est qu’en virant les Rothschild que l’on pourra sauver la France. Il faudra virer Attali et BHL aussi », scande un extrait de cette chanson, sur fond d’archives des manifestations des gilets jaunes, et d’extraits médiatiques.
« C’est très violent. C’est une utilisation du rap pour distiller des messages de propagande, faisant référence à un complot juif. On trouve dans ce clip tous les poncifs antisémites », fustige dans le figaro Ilana Soskin, avocate de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra).
Le mercredi 5 juin, une autre peine avait été requise contre M. Soral, toujours pour des motifs similaires : un an de prison ferme. Il avait tenu des propos jugés antisémites, dans une vidéo postée sur son site Egalité et Réconciliation. L’homme aurait insulté toute la communauté juive en critiquant l’entrée de Simone Veil au Panthéon. Les charges : « injure publique à caractère antisémite et pour provocation à la haine ».
Notons que sur son site, il avait publié un dessin nommé « Chutzpah hebdo », une image représentant le visage de Charlin Chaplin devant l’étoile de David avec dans une bulle avec la mention, la question : « Shoah où t’es ? », caricature provocante de l'hebdomadaire satirique « Charlie Hebdo » après les attentats de Bruxelles : « Papa où t’es ? ».
Soral était clairement en état de « récidive légale » comme l’avait déclaré l’une des avocates des parties civiles, dans le Figaro.
Il a donc été condamné ce 19 septembre, à la suite d’une citation directe du collectif d’associations comprenant l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), SOS Racisme, la Licra, J’accuse, le MRAP et la ligue des droits de l’homme (LDH).
« Nous continuerons à poursuivre M. Soral dès qu’il tiendra des propos anti-juifs » avait promis Ilana Soskin, en janvier dernier, alors que M. Soral, révolté après un procès avait déclaré : « Les juifs sont manipulateurs, dominateurs et haineux ».
« La haine n’est pas une opinion, mais un délit », a déclaré victorieusement la LDH, après le verdict, sur son compte Twitter.
Fin du Munich judiciaire
Alain Soral a été condamné à 24 mois de prison, dont 18 mois ferme, par le tribunal correctionnel de Bobigny. Il devra s’acquitter d’une amende de 45.000 euros et supprimer le clip incriminé de son site, sous astreinte de 1000 euros d’amende par jour de retard.
Méa culpa de la justice envers les parties civiles ou ferme décision de ne plus laisser passer les « dérives » du polémiste ? Notons que le 15 avril, un mandat d'arrêt avait été ordonné par le tribunal correctionnel de Paris pour contestation de crime contre l’humanité et injure raciale. Alain Soral avait fait appel. Finalement, il avait été décidé que le parquet de Paris ne pouvait exécuter le mandat et en avait fait appel, estimant qu'il n'y avait pas de base légale.
Cette décision avait fait mouche et avait vivement été critiquée par les différentes associations antiracistes, parties civiles. Dénonçant un « Munich judiciaire » sur L’Obs, elles s’étaient scandalisées : « Croyant protéger le droit, on finit par protéger les racistes et les antisémites de toute sanction effective et par organiser leur impunité ».
« Cette décision importante marque légitimement la fin de l’impunité dont bénéficie, de fait, Alain Soral, multirécidiviste de la haine, impliqué par le passé dans 57 procédures pour les mêmes infractions contre ses cibles habituelles », ont réagi les associations dans un communiqué.
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