Alerte Sakineh : Le tragique compte à rebours - Continuons notre combat
Nombreuses ont été alors les initiatives, de par le monde, pour tenter de sauver in extremis, au bout de ce sordide et cruel compte à rebours, la pauvre Sakineh d’une mort aussi atroce.
Parmi ces réactions émerge, significative entre toutes, celle de la Haute Représentante de l’Union Européenne, Madame Catherine Ashton, dont, me rendant à Bruxelles pour participer à une nouvelle manifestation en faveur de Sakineh devant le Parlement Européen, j’avais contacté, en fin d’après-midi, la porte-parole, Maya Kocijancic, afin d’obtenir, de la part de la vice-présidente de la Commission Européenne précisément, une condamnation ferme et définitive de ce genre de châtiment, indigne de toute civilisation digne de ce nom, y compris au temps de la grande et antique culture perse.
C’est donc, à présent, chose faite. Catherine Ashton, dans cette déclaration remarquable en tous points, y dénonce avec force, non seulement la lapidation ou la pendaison (sentence tout aussi inacceptable), mais, plus généralement, la peine de mort. Et ce conformément aux résolutions 62/149 et 63/168 votées par l’Assemblée Générale des Nations-Unies. Hommage soit donc rendu ici publiquement à la Haute Représentante des Nations-Unies !
De même Catherine Ashton dénonce-t-elle, dans son communiqué, le côté absolument arbitraire du procès de Sakineh : un maladroit mais pervers échafaudage de procédures qui, reposant sur une supposée charia (la tout aussi abusive « loi islamique »), se sont déroulées en dehors de tout cadre juridique objectif et sensé. Bref : respectueux des droits les plus élémentaires de l’homme et de la femme ! Elle s’y oppose également, non moins opportunément, à l’emprisonnement du fils de Sakineh, le jeune Sajjad, qui se bat depuis le premier jour pour sauver une mère qu’il sait innocente, ainsi que de son avocat, Monsieur Javid Houtan Kian. Tous deux ont par ailleurs été gravement torturés, ces derniers jours, dans la prison de Tabriz, là où ils sont enfermés, après que la police secrète ait fait violemment irruption dans le bureau de l’avocat, depuis le 10 octobre dernier.
Toutes ces pratiques, qui nous renvoient, de sinistre mémoire, aux pires heures du totalitarisme le plus obscurantiste, s’avèrent, bien sûr, révoltantes.
Mais, à Dieu ne plaise : reste à espérer que le guide suprême et chef spirituel de cette révolution islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, gracie enfin, fût-ce à la dernière minute, Sakineh Mohammadi-Ashtiani. Son sort est désormais, après que tous les recours juridiques possibles aient été épuisés, entre ses mains.
Il semble, en tout cas, que nos ultimes appels en faveur de Sakineh aient été entendus par les autorités politico-religieuses de la République islamique d’Iran : Sakineh n’a finalement pas été exécutée à l’aube de ce mercredi 3 novembre !
Une nouvelle dont nous nous réjouissons certes, mais provisoirement seulement. Car cela, bien entendu, ne suffit pas. Au contraire : il faut continuer, sans trêve ni répit, notre combat quotidien et permanent, plus vigilants que jamais, afin de la sauver définitivement, elle et tous les autres promis à un si horrible sort, de ce cauchemardesque et tragique couloir de la mort.
DANIEL SALVATORE SCHIFFER*
* Philosophe, écrivain, promoteur de la « lettre ouverte aux autorités iraniennes » en défense de Sakineh (cette pétition, signée par les plus grands intellectuels de France et d’Italie, ainsi que par 7 prix Nobel, a recueilli plus de 140.000 signatures).
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