Algérie : davantage de volonté pour changer !
Un pays du Tiers-Monde devrait être géré avec une logique de pays de Tiers-Monde, tout en essayant d'améliorer certains aspects, pour rattraper les pays avancés. Entre l'Espagne et l'Algérie par exemple, il y a plus de deux siècles de décalage, entre l'Algérie et la France, plus de trois ou quatre siècles. Entre l'Algérie et les USA, peut-être cinq siècles ! Et nous voyons tous que, même dans ces pays-là, tout n'est pas parfait, hélas ! J'ai vu, de mes propres yeux, une manifestation de Gilets Jaunes, et c'est à peine une émeute de 2001 en Kabylie : la casse, la répression, des blessures, des jeunes éborgnés, de la fumée et tout ! Cela pour dire qu'il faut relativiser aussi les choses ! Notre problème en Algérie est complexe : on veut tout changer en un temps record, alors qu'on a longtemps dormi. Vingt ans de sommeil, l'équivalent de quatre mandats présidentiels, c'est trop ! Or, serions-nous capables, nous les Algériens, de rattraper deux ou trois décennies de retard, en une année ou deux ? Pas possible ! Mais oser un pas ou deux, c'est déjà mieux que rien ! Le changement, c'est par étapes. Si on avance trop, on tombe dans la violence, c'est systématique. Si on fait moins, on tournera autour du zéro et les mêmes têtes vont revenir avec un autre décor, d'autres discours, les mêmes mensonges, les mêmes tours de passe-passe. Ils nous traiteront comme des bébés qui pédalent sur des vélos fixés au sol et le temps marche et nous, on sera toujours dans le même point.
Tout cela pour dire qu'une révolution, c'est pas seulement sortir manifester chaque vendredi (cela aide à changer mais reste peu suffisant). La logique implique aussi de bien enseigner ses élèves quand on est prof, d'être généreux dans sa culture, son savoir et son argent, d'aider les pauvres dans les villages les plus reculés d'Algérie, de venir en aide à la société, de travailler pour le bien de la communauté, de semer les graines de la tolérance et de la paix, de respecter les femmes dans l'espace public et sur les lieux du travail. La révolution, c'est de ne pas être raciste et xénophobe, c'est bien servir ses concitoyens quand on est agent du bureau ou responsable dans une mairie, c'est de ne pas mettre sa main dans la caisse quand on est responsable d'une association, nettoyer sa rue et respecter ses voisins, ne pas mépriser ses frères quand on porte une jolie cravate, etc ! La révolution, c'est avoir la volonté de tout changer, à commencer d'abord par les mentalités, nos mentalités, et tout le reste viendra par la suite ! Que l'on soit tous d'accord, en Algérie, pour le changement du système de gouvernance, c'est une bonne chose, mais l'être aussi et surtout, pour le changement de nos mentalités, ce serait la plus belle affaire ! l'une ne va pas, sans l'autre, décidément !
Kamal Guerroua.
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