Alice au pays des cauchemars (2) : ou comment Kadhafi, courtisé par les français et les canadiens, a failli s’échapper (2)
Hier nous avons vu que la famille Kadhafi avait tenté de s'échapper de Libye, via un appareil piloté par des mercenaires payés par une entreprise canadienne ayant d'énormes intérêts dans le pays. Aujourd'hui, je vous propose d'étudier jusqu'où a bien pu aller cette énorme entreprise dans ses compromissions avec le régime du dictateur. C'est bien davantage qu'il n'y paraissait au départ : elle était en train d'armer une horde de mercenaires qui aurait eu comme chef l'ex-footballeur raté Saadi Kadhafi. Un des fils de Kadhafi que la France, via Michèle Alliot-Marie et les sociétés Panhard Défense et Thales ont courtisé, dans des proportions ahurissantes révélées par une vidéo plus que compromettante aujourd'hui. Le président Sarkozy a affirmé que la France n'avait pas "frayé" avec Le régime, ce document prouve tout l'inverse. Place à l'époque où beaucoup ne voyaient chez Mouammar Kadhafi qu'une immense tirelire, dont il convenait de faire le siège pour bénéficier de sa manne. En y laissant bien des principes à l'entrée de la tente. La "kleptocratie" libyenne n'envisageait pas de contrat sans virement en douce de commissions. En face... on n'imaginait pas de contrats sans versement de rétro-commissions. Ils étaient fait pour s'entendre !
En fait, la firme québecquoise était implantée depuis longtemps dans le pays, et elle avait même plusieurs longueurs d'avance sur les français en Libye. Elle était installée en effet depuis une bonne trentaine d'années maintenant dans le pays, bien avant sa "libéralisation" de 2004. "Mais la firme québécoise était l'une des rares entreprises déjà bien implantées en Libye, grâce à la "grande rivière artificielle". "Quand la Libye a commencé à s'ouvrir au monde - et aux investisseurs - il y a 10 ans, SNC-Lavalin avait une longueur d'avance sur les autres sociétés étrangères." Lancé à la fin des années 80, ce projet titanesque consistait à pomper l'eau de la nappe aquifère, sous le désert du Sahara, pour l'acheminer jusqu'aux villes côtières assoiffées". Puisqu'il s'agissait d'un projet humanitaire, la grande rivière n'avait jamais été touchée par l'embargo onusien, levé en 2003".
La "rivière artificielle" traversant le pays, et également les aéroports : SNC-Lavalin avec la Libye avait décroché un superbe pactole, bien avant les français encore. la société canadienne avait en effet annoncé en 2007 un contrat gigantesque de 4 milliards de dollars canadiens pour la mise à jour des aéroports en Libye. Le contrait comprenait 576 millions rien que pour celui de Benina, à Benghazi (à gauche le projet de l'aéroport) ! SNC, pourtant bien installé dans le pays, voulait utilisé toutes les habitudes des libyens pour dénicher davantage de contrats encore : en l'occurence, le groupe de construction de bâtiments avait débauché des politiques, sur place, pour être certains de décrocher les meileurs projets, ou les plus juteux. Une recommandation préconisée par tous les experts des relations commerciales, et découverte par Wikileaks : « La Libye est une kleptocratie dans laquelle le régime - que ce soit la famille Kadhafi elle-même ou ses proches alliés politiques - a une participation directe dans tout ce qui vaut la peine d'être acheté, vendu ou possédé », a souligné en 2009 le département d'État américain dans un câble révélé par WikiLeaks. Bref, c'était un régime corrompu jusqu'à la moelle, qui fonctionnait à coups de pots-de-vin, ristournes et autres généreuses « primes à la signature » des contrats signés avec les multinationales étrangères". Kleptocratie, on ne peut dire mieux.
La pratique du bakchich obligatoire dans ce pays, SNC-Lavalin ne pouvait pas ne pas être au courant de sa pratique. Elle a elle-même été piégée en train de le faire : "Il est difficile de croire que SNC-Lavalin puisse avoir ignoré » ces pratiques, souligne Bernard Sinclair-Desgagné, directeur du service de l'enseignement des affaires internationales à HEC Montréal. « Si elle n'était pas au courant, alors c'est qu'il y a eu un manque de contrôle. » Pour le 35e anniversaire de naissance de Saadi Kadhafi, en 2008, SNC-Lavalin a fait livrer du champagne et deux douzaines de roses à sa luxueuse suite, dans un hôtel de Toronto. La firme a aussi invité le fils du dictateur à une partie de chasse à l'orignal dans le nord du Québec. SNC-Lavalin a tout payé : l'hôtel, la sécurité privée, les dépenses. Une facture de 2 millions de dollars". Des fleurs, pour le fils du dictateur dont on nourrissait les penchants guerriers ?
Pour assurer le nouveau contrat, dans la kleptocratie kadhafienne, la SNC avait ainsi débauché une diplomate canadien en février 2011 pour obtenir le projet de prison de Gharyan, en Libye de 275 millions de dollars, le mari de l'ambassadrice du Canada en Libye, Edis Zagorac, l'époux de Sandra McCardell, qui a depuis quitté ses fonctions, contrainte et forcée, après la révélation du scandale. Le 10 février, suite à ses révélations, deux hauts dirigeants de SNC-Lavalin avaient également quitté brusquement l'entreprise. Le vice-président directeur de la division construction, Riadh Ben Aïssa, et Stéphane Roy, le vice-président aux finances. Des démissions forcées, les preuves contre eux étant accablantes. Selon des journalistes canadiens, qui ont recueilli des témoignages d'employés de SNC-Lavalin, Riadh Ben Aïssa aurait également apporté son aide à Belhassen Trabelsi, beau-frère en fuite de l’ex-président tunisien déchu !"Par ailleurs, l’équipe d’Enquête avait déjà appris fin janvier que le vice-président principal, Développement des affaires, Afrique du Nord et Moyen-Orient, Kébir Ratnani, détiendrait une procuration écrite pour s’occuper de la luxueuse résidence à Westmount (un quartier huppé de Montréal) de Sakher el-Materi, gendre du président tunisien déchu." Belhassen Trabelsi était arrivé au Canada le 20 janvier 2011. "Quelques semaines avant la chute du clan Ben Ali, SNC-Lavalin a obtenu un contrat de 340 millions de dollars pour la conception et la construction d’une centrale au gaz d’une puissance de 429 MW à Sousse, en Tunisie" ajoute la presse. Revoilà donc la Tunisie dans l'histoire !
Un Lavalin déjà bien impliqué militairement, comme ici avec le projet de Canadian Government’s Tactical Armoured Patrol Vehicle (“TAPV”) ou véhicule blindé sur le modèle développé par les américains, en collaboration avec Force Protection Industries, Inc, les créateurs des Buffalo et des Cougars. Le Buffalo, un modèle coûtant les yeux de la tête acheté également par la France, qui l'a fait acheminer par Antonov jusqu'en Afghanistan, au départ de... Vatry. Achetés eux aussi en 2008, pour la modique somme de 3,5 millions d'euros pour... 5 exemplaires (contrat M67854-07-C-5039). Ce qui fait 700 000 euros chacun. Leur efficacité ayant pourtant été mise en cause à plusieurs reprises.
Mais ce n'était pas tout. Lavalin semble être allé beaucoup plus loin avec la Libye, relève The Globe and Mail. La firme envisageait tout simplement de bâtir un "Blackwater libyen", à la tête duquel on aurait trouvé...Saadi Kadhafi. "Le quotidien torontois affirme avoir découvert une série de documents détaillant les liens étroits entretenus par SNC-Lavalin et Saadi Kadhafi, troisième fils du défunt dictateur. Dans une lettre datée de novembre 2008, la firme québécoise aurait offert au Libyen de 38 ans présentement recherché par Interpol de s'associer au Corps de génie libyen dont son père venait de lui confier la gestion. Dans sa lettre, SNC-Lavalin se serait présentée comme une entreprise spécialisée dans le secteur de la défense, insistant sur ses nombreux contrats militaires. La firme a obtenu plusieurs contrats avec les Forces canadiennes qu'elle a notamment épaulées en Bosnie et en Afghanistan. L'entreprise aurait également dit pouvoir compter sur l'expérience d'anciens officiers militaires de haut rang, comme le vice-amiral à la retraite Ron Buck. Ce dernier a commandé la Marine canadienne et a été pressenti pour diriger les Forces canadiennes. Une rencontre aurait eu lieu un mois plus tard entre Saadi Kadhafi et un vice-président de SNC, André Béland. Selon un compte rendu, le Québécois aurait vanté la capacité de son entreprise à « gérer les projets stratégiques de la Libye, autant militaires que civils ». La proposition aurait débouché sur un contrat de consultation de six mois d'une valeur d'un million. Le document précise que SNC-Lavalin devait fournir les services de cinq consultants, dont Armand Couture, ancien président d'Hydro-Québec de 1992 à 1995, et le vice-amiral à la retraite Buck". Pour tenter de se défaire de cette accusation, SNC ira bien jusqu'à accepter de parler de sess accointances militaires, jusqu'ici restées secrètes : "L'entreprise indique avoir mené plusieurs autres projets, tous de nature civile, pour le défunt régime Kadhafi. « La division Défense de SNC-Lavalin réalise des projets d'infrastructure militaire : construction et gestion de camps, de quais, de ports, etc. notamment pour les Forces canadiennes, mais également pour plusieurs autres gouvernements. Elle ne fournit pas de service relié à la formation ou à l'équipement destinés à quelque action offensive », a défendu hier une porte-parole de l'entreprise, Leslie Quinton".
Le projet étant manifestement militaire. "Créé en 2008 par le colonel Mouammar Kadhafi, le Corps de génie libyen s'inspirait d'unités militaires de plusieurs pays, dont les États-Unis, qui s'en servent autant pour développer des projets militaires que civils. Des documents du Globe indiquent toutefois que Saadi Kadhafi souhaitait aller plus loin en mettant sur pied des forces spéciales et en achetant des armes de haute technologie. Le troisième fils du défunt dictateur aurait d'ailleurs été responsable des soldats d'élite libyens lors de la révolte armée de 2011. Le quotidien torontois affirme également avoir obtenu une lettre de Riadh Ben Aissa, le premier vice-président de SNC-Lavalin, proposant à Saadi Kadhafi de s'associer au Corps de génie libyen en fondant une entreprise conjointe. Les deux se seraient même entendus pour lui créer un logo mêlant le bleu de la firme québécoise au vert du drapeau libyen".
Les "armes de haute technologie", on en avait en effet retrouvées quelques unes aux mains des brigades spéciales de Saadi. Lors de leur découverte, elles avaient beaucoup surpris les rebelles. Des Herstall FN 2000 flambant neufs (**), car vendus quelques mois seulement auparavant par la Belgique, et reconnaissables de loin à leur design hors du commun. Chaque fusil coûte 2199,99 dollars soit 2 355 dollars avec taxes, environ 1600 €. Rien que pour les FN2000, Kadhafi en avai eu pour 500 000 euros ! Ils s'ajoutaient aux stocks colossaux traditionnels entassés par le père de Saadi.
Un contrat raconté ainsi par les canadiens : "dans sa lettre, SNC-Lavalin se serait présentée comme une entreprise spécialisée dans le secteur de la défense, insistant sur ses nombreux contrats militaires. La firme a obtenu plusieurs contrats avec les Forces canadiennes qu'elle a notamment épaulées en Bosnie et en Afghanistan. L'entreprise aurait également dit pouvoir compter sur l'expérience d'anciens officiers militaires de haut rang, comme le vice-amiral à la retraite Ron Buck. Ce dernier a commandé la Marine canadienne et a été pressenti pour diriger les Forces canadiennes. Une rencontre aurait eu lieu un mois plus tard entre Saadi Kadhafi et un vice-président de SNC, André Béland. Selon un compte rendu, le Québécois aurait vanté la capacité de son entreprise à « gérer les projets stratégiques de la Libye, autant militaires que civils ». La proposition aurait débouché sur un contrat de consultation de six mois d'une valeur d'un million. Le document précise que SNC-Lavalin devait fournir les services de cinq consultants, dont Armand Couture, ancien président d'Hydro-Québec de 1992 à 1995, et le vice-amiral à la retraite Buck" (en photo en haut de chapitre). Un projet assez avancé au final :" le quotidien torontois affirme également avoir obtenu une lettre de Riadh Ben Aissa, le premier vice-président de SNC-Lavalin, proposant à Saadi Kadhafi de s'associer au Corps de génie libyen en fondant une entreprise conjointe. Les deux se seraient même entendus pour lui créer un logo mêlant le bleu de la firme québécoise au vert du drapeau libyen".
Et pendant que la Belgique, avec Herstal, courait après Saadi, comme les canadiens avec leur promesse de formation de mercenaires, les français faisaient de même, grisés par le potentiel de vente en Libye. "Permettez-moi de vous dire que s'il y a un chef d'Etat qui, dans le monde, n'a pas frayé avec M. Kadhafi et est responsable de son départ et de ce qui lui est arrivé, je pense peut-être que c'est moi" vient de déclarer Nicolas Sarkozy, à propos de ces relations avec le clan Kadhafi. L'Humanité titrait aussitôt "il ose tout"... Hélas pour lui, en effet, des documents fllmés apparus récemment démontrent le contraire. Des jalons avaient été déjà posés par l'équipe précédente de Jacques Chirac, avec Michèle Alliot-Marie, notamment. Une vidéo très implicite (***) montrait la visite d'un des fils Kadhafi, en l'occurence Saadi, encore lui, l'ex-footballeur raté,
déguisé en militaire d'opérette, venu visiter les établissements Panhard Général Défense, fournisseurs de l'Armée française, pour y faire ses emplettes, une visite qui s'est étendue du 6 au 10 juin 2006, soit un an avant l'élection de Sarkozy. Un Saadi alors très courtisé par d'autres, on vient de le voir. Cela, ajouté aux dénégations grotesques sur la fourniture d'une centrale nucléaire, belle et bien promise, rendent les déclarations du chef de l'état complètement mensongère. On en est au stade du déni, avec cet affligeant document, montrant un Saadi reçu par Michèle Alliot Marie en personne, au Ministère de la Défense, lui tenant un discours d'accueil digne d'un chef d'état, avec échange de cadeaux respectifs, et propos dignes d'une réunion familiale ("mon mari collectionne les armes, et moi en Libye j'ai plutôt acheté des bijoux", dit-elle devant le fils du dictateur !). Alliot-Marie, dont Sarkozy avait donc tant besoin pour continuer ses contacts ébauchés avant son arrivée : on comprend enfin pourquoi elle lui était autant indispensable !
Les petits plats dans les grands et un long tapis rouge déployé, le gouvernement français de l'époque avait tout fait pour séduire le clan Kadhafi. Une bonne partie de la démonstration de Thales étant faite sur le thème de la sécurité et de la surveillance, notamment avec des systèmes embarqués avec visionnage sur ordinateur portable, à partir de caméras montées à bord de véhicules. Le genre de choses dont la BBC a saisi un exemplaire, muni d'une mitrailleuse escamotable dont l'origine intrigue toujours à cette heure. On révèle à Saadi, ce jour-là , les techniques les plus sophistiquées et les plus secrètes des opérations spéciales françaises : de la folie, pure et simple, quand on sait à qui on s'adressait et ce qu'il souhaitait en faire. A ce stade, on peut effectivement parler d'inconscience totale.
D'autant plus que Saadi, ce jour-là, essaiera entre autres le PVP (petit véhicule protégé) dont la fiche technique explique la fonction : "tactiquement, la taille modeste de cet engin en fait un outil bien adapté au combat urbain, également spécialement étudié pour résister aux explosifs bricolés, mais meurtriers, rencontrés par l'armée française en Afghanistan. Le PVP est prévu dans une version "rang" pour les combattants des unités d'appui et de soutien, et dans une version "commandement" pour les unités d'infanterie". Le "bien adapté au combat urbain" semble aujourd'hui difficile à avaler, connaissant la révolte lybienne... chaque engin est facturé... 130 000 euros. Le prix d'une voiture de sport électrique Tesla... (***) ou de la Terrafugia Transition...
Les français, ce jour-là faisaient en effet plus que "frayer". Ils considéraient déjà Saadi comme un interlocuteur militaire, disposant d'un compte-chèque conséquent. Le représentant de Thales expliquant l'usage du GPS pour localiser ses propres soldats, donnant à Saadi une technicité lui permettant de gérer la progression de ses troupes sur un territoire : on était bien dans l'explication d'une arme offensive et non de ventes d'engins de défense. Donner à Kadhafi cette possibilité nouvelle était d'une dangerosité phénoménale : demain, si le clan Kadhafi avait eu l'idée d'envahir la Tunisie ou l'Algérie, ou d'y conduire des opérations de représailles, il aurait pu le faire avec l'équipement fourni par les français !
Lors de la même effarante démonstration, on fera essayer à Saadi des lunettes de vision nocturne, décuplant encore ces capacités d'invasion potentielle. Résultat, le lendemain même de sa première déclaration, Sarkozy se sentait obligé de la démentir. Le français ont bien "frayé" avec le clan Kadhafi, contrairement aux dénégations récentes de Nicolas Sarkozy. Et tout ça avec des démonstrateurs chez Panhard Defense ou Thales parlant anglais comme des vaches espagnoles, notamment Christian Mons, le patron de Panhard, proprement ridicule lorsqu'il propose à Saadi d'essayer sa Jaguar !
Kadhafi courtisé à la fois par les canadiens de Lavalin et les français de Panhard ou Dassault et Thales ? Cela donne l'idée d'une entente possible sur la répartition des marchés, car tout s'est joué en 2008 il semble bien, pour les aéroports comme pour les contacts répétés avec Saadi (débutés chez Panhard en 2006 pour Saadi Kadhafi). Du genre aux canadiens la formation, aux français les véhicules. Un soupçon légitime, au vu de la distribution de breloques élyséennes : le 9 octobre 2008, curieux hasard, le président de SNC Lavalin Europe, avait en effet reçu les insignes de chevalier de la légion d'honneur, des mains de Christine Lagarde, ministre de l'Economie. Histoire de graisser les engrenages entre les deux fournisseurs Kadhafiens, sans doute. Ou pour éviter de se mélanger dans la répartition des contrats. Chez Lavalin, d'autres personnes avaient déjà été "épinglées" : ainsi au "comité de vérification de la Société "on trouve Jean-Paul Vettier ancien chef de la direction de Total Raffinage Distribution et de membre du comité directeur de Total, un canadien qui a reçu également la chevalier de l’ordre national du Mérite français et de la Légion d’Honneur française.
Des français très proches de cette entreprise canadienne, donc : en 2008, on apprenait que SNC-Lavalin construirait deux stations de compression de gaz naturel en France, pour 289 millions de dollars. Un contrat signé par GRTgaz, une filiale de Gaz de France. Auparavant, c'était la gestion de l'aéroport de Tours qui lui avait été concédée : : "Le 1er juillet, la firme canadienne SNC-Lavalin prendra les commandes de la plateforme pendant 12 ans. Objectif : 220.000 passagers. La délégation de service public de l’aéroport tourangeau a désormais un nom : la SNC-Lavalin. Cette firme canadienne, spécialisée dans l’ingénierie et la construction, a également en charge l’exploitation de plateformes aéroportuaires comme Montréal, Paris-Vatry pour le fret, Tarbes-Lourdes-Pyrénées ou Malte pour le trafic passagers, de Vannes, Cherbourg-Octeville et Chalon-sur-Saône pour l’aviation générale et d’affaires". Lavalin se charge de Vatry, à la vocation également militaire, car c'est de là que partent les énormes Antonov pour livrer en Afghanistan les véhicules blndés français ou les hélicoptères de combat est "exploité" par SNC-Lavalin ? "Le groupe SNC-Lavalin est le principal actionnaire de la SEVE (Société d'Exploitation de Vatry Europort). Le Conseil général de la Marne a confié à la SEVE en 1998, pour une durée de 20 ans, la Délégation de Service Public pour l'exploitation de l'aéroport International de Vatry... une concession pour 20 ans d'exploitation du 3e aéroport français de fret français ? Cela ne s'appelle-t-il pas brader le pays ? Ça, mais aussi d'autres contrats plus "folkloriques", tel le train à crémaillère du Puy de Dôme : dont le contrat avait été accordé le 28 janvier 2008 par le Conseil Général du Puy-de-Dôme qui lui accordait la réalisation et l’exploitation. Le train pour vous, les jeeps de Kadhafi pour nous ? Et les PVP dans les Antonov de Vatry ?
Et en Libye, le CNT est-il en train de faire avec le délicat héritage SNC—Lavalin ? Sans aucun doute, hélas, répond le 11 avril dernier Isabelle Hachey, Envoyée spéciale de LA PRESSE.ca, en donnant l'exemple de la route menant à l'aéroport de Benghazi. Sans l'avis de Saadi Kadhafi, rien ne se faisait. Résultat, les travaux n'étaient pas correctement réalisés, mais la famille Kadhafi payait : "le soutien dont a bénéficié SNC-Lavalin aux plus hauts échelons du régime lui a permis de s'imposer à Benghazi malgré la faiblesse de son projet et l'incompétence de son équipe, issue de la branche tunisienne de la firme. C'est le dur constat de Jamal Beitelmal, l'ingénieur qui a dirigé le projet de l'aéroport au ministère des Transports jusqu'à la révolution. « SNC-Lavalin Montréal est une grosse entreprise réputée à travers le monde. Malheureusement, ceux qui étaient chargés de construire l'aéroport de Benghazi provenaient de SNC-Lavalin Tunis, qui n'a pas la même réputation. » « Je ne sais pas comment le siège social au Canada a pu permettre que cela se produise, étant donné sa réputation dans le monde de la construction, mais ce qui se passait à Benghazi était une sous-estimation ridicule des compétences des Libyens et de leurs capacités à distinguer les bonnes performances des mauvaises », tranche M. Beitelmal.
Russell Brown, un consultant en génie mécanique qui a supervisé une partie des travaux avant d'être remercié par SNC-Lavalin, affirme que les « Tunisiens » confiaient des contrats de sous-traitance à leurs proches, alors que ces derniers n'avaient pas les qualifications requises. L'ingénieur britannique va plus loin. Il soutient que les gestionnaires du chantier facturaient des millions de dollars pour des travaux bâclés, produits avec des matériaux de mauvaise qualité. SNC-Lavalin aurait par exemple versé 2 millions d'euros à une entreprise tunisienne de sous-traitance pour la construction à la va-vite du campement destiné aux ouvriers thaïlandais et philippins. Les responsables du chantier utilisaient des tuyaux rapiécés et du béton dont la durée de vie était très courte, selon M. Brown. « Benghazi aurait eu un aéroport de troisième classe, qui n'aurait probablement pas répondu aux normes internationales. »
Lavalin, plongé dans la tourmente, verra son PDG Pierre Duhaime forcé à la démission fin mars 2012, et à révéler d'autres compromissions encore : "un ingénieur ayant travaillé dans différentes firmes de génie-conseil a aussi dévoilé aux enquêteurs un stratagème pour constituer des caisses occultes. « Mettons que l'ingénieur de la firme chargée de la surveillance doit autoriser un extra de 100 000$ pour des travaux supplémentaires. Il trouve le moyen d'aller chercher le double auprès du MTQ. Il y a donc un 100 000 dollars blanchi à se partager : la firme pourra l'utiliser pour contribuer à des caisses électorales et l'entrepreneur pour payer ses travailleurs au noir », a-t-il révélé aux enquêteurs". Le blanchissement d'argent pour alimenter les caisses des partis électoraux n'est donc pas l'apanage de la France, et de l'équipage Guéant-Sarkozy en Libye (****). Un Pierre Duhaime en dessous de tout, puisqu'il se fera octroyer le 2 avril dernier une scandaleuse « indemnité de départ » de 4,9 millions de dollars avant de quitter l'entreprise ! Comme le dit en conclusion un journaliste écœuré, cela ne représente rien au regard de ce qui a été détourné : "on a déjà perdu la trace de 56 millions US, on n’en est plus à 5 millions de dollars près !"
Ce syndrome, à vrai dire, on le connait parfaitement : c'est celui de la gabegie de la reconstruction en Irak, où des sommes astronomiques ont disparu, ou celle des détournements flagrants en Afghanistan pour des travaux jamais faits ou jamais terminés. En Libye ; SNC-Lavalin faisait déjà de même, protégés par une famille qui lui octroyait des travaux dans le seul but de se voir reverser un bakchich. Les dictateurs, se sont bien des capitalistes avides qui les entretiennent.Au dernier Salon Milipol, la mecque des ventes d'armes, qui s'est tenu du 18 au 21 octobre 2011, qui verra-t-on venir prendre le micro pour l'ouverture ? Claude Guéant, venu selon les documents officiels inaugurer un salon "consacré à la sécurité des personnes et des biens". Une inauguration en compagnie du Cheikh Abdullah Bin Nasser Bin Khalifa Al-Thani, ministre de l'Intérieur du Qatar, le salon se tenant à la fois à Paris et à Doha. Après Kadhafi, d'autres mirages se profilaient au loin, visiblement. D'autres contrats en vue. Avec d'autres rétro-comnissions se profilant à l'horizon, cette fois pas sous forme de mirages libyens.
Comme vient juste de le dire Ziad Takkiedine, ex-grand ami du cercle rapproché de Nicolas Sarkozy : La question " Pensez-vous que cette "affaire de financement" puisse sortir avant le second tour de la présidentielle, le 6 mai ?", ce dernier vient de répondre en effet "oui, mais il y aura encore une autre affaire. Elle va s'appeler « l'affaire du Qatar ». A coté, l'affaire Bettencourt, vous verrez..." Après Kadhafi, le prince Tamim bin Hamad Al Thani (*****) ? On s'y achemine, il semble. Après Saadi le footballeur remplaçant de luxe, voilà que se profile à l'horizon le PSG !
FN Herstal

Des inscriptions en arabe
Il y a également plusieurs inscriptions en arabe sur l'arme en question : La clé pour la vie ou encore Cette arme permet que le soleil ne s'absente jamais. Il existe aussi une gravure en référence à la Jafl al-Khamis (32e Brigade "Khamis").

La Brigade Khamis, c'était l'unité d'élite de l'armée libyenne. En 2008 et 2009, la Belgique a vendu 367 fusils d'assaut F2000, 367 P90, 367 pistolet 5.7, 300 Minimi, 22.000 grenades pour fusils d'assaut, 1.134 million de munitions, 2000 FN 303 et 50 pistolets de luxe. Montant de la transaction : 11,5 millions d'euros. (chds).
(**) lire ici la très bonne enquête de Damien Spleeters sur l'usage du FN2000 chez la 32e Brigade des forces d’élite de l’armée libyenne Khamis.
(***) La très bonne vidéo de la visite de Saadi Kadhafi chez Panhard Defense et Thales :
format .mov source 1 ou source 2 compter 626 Mo
ou
format .mp4 (moins lourd) source 1 ou source 2 compter 366 Mo
(****) les deux personnage auxquels Ziad Takkiedine, très en verve de confidences en ce moment en rajoute quelques autres :
-Vous laissez entendre qu'il y avait donc un autre réseau franco-libyen ?
Oui. J'étais seulement l'affichage grâce à mes relations avec Mouammar Kaddafi et, à l'époque, avec Claude Guéant. Mais il y avait en effet un autre réseau composé vraisemblablement en Libye de Moussa Koussa et de Béchir Salah Béchir. J'ai découvert ensuite que leurs interlocuteurs en France étaient Bernard Squarcini, le patron de la DRCI, Alexandre Djouhri (homme de l'ombre présenté comme un proche de Villepin, Guéant et Proglio, NDLR, ) et Claude Guéant.
- Il n'empêche, Seif el Islam, que vous avez rencontré en mars 2011, soutient que la Libye a financé la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. En avez-vous parlé avec lui ?
Oui, nous avons passé deux heures ensemble à son domicile. Il m'a parlé de ce versement d'argent en m'affirmant que c'est lui même qui l'avait effectué. J'étais étonné de ne pas être au courant. Il m'a répondu que certaines affaires étaient réservées.
(*****) Selon Marianne, "En juillet 2007, le Qatar aurait payé la rançon nécessaire à la libération des infirmières bulgares retenues par les autorités libyennes (320 millions d'euros). A l'époque, le Monde notait : « il apparaît peu probable, aux yeux des connaisseurs de la région, que le Qatar ait pu consentir un tel geste - susceptible de résoudre le problème de l'argent - sans contrepartie ». Mardi, Libération rappelait que « La complexité du montage et les montants en jeu (320 millions d’euros) laissent penser que l’opération était dans les tuyaux avant l’élection présidentielle ».
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