Alice Russell, la soul woman qui monte
La soul à l’ancienne, celle qui fait bouger cul et tête en cadence, a été remise au goût du jour grâce au talent d’une sacrée pétroleuse, aussi farcie de talent que de névroses. Le genre était tombé en désuétude, sinon en disgrâce, et il n’y avait plus que quelques nostalgiques pour remettre le clou sur les vieux microsillons fatigués des 70’s, jusqu’à l’écoeurement.
Ce retour éclatant sous les projecteurs, que l’on doit à Amy Winehouse - une fille qui sait faire parler d’elle - aurait pu faire long feu par manque de vraies substances à même de rivaliser et de prendre le témoin sans le faire tomber.
L’exercice n’est pas évident, car, outre la parfaite connaissance des répertoires jazz, soul, R&B, blues, gospel, il faut être doté par la nature d’une voix puissante et d’un incroyable tempo et se dégoter sans attendre une brochette de musiciens ayant la beat bass/percussions/cuivres chevillée au corps, chose qui ne se trouve pas sous les pieds d’un mulet.
Cette perle existe, c’est Alice Russell.
Sa chance - il en faut énormément dans cet underground musical devenu - a été de trouver sur son chemin l’inspiré Quantic Soul Orchestra (de Brighton la rebelle) de Will Holland, qui lui met le bon pied à l’étrier, bien qu’elle disposa déjà de son band personnel.
Ce groupe brillantissime de funk soul période Wattstax, qui n’est qu’une des multiples déclinaisons de l’éclectique Quantic, n’a pas vocation à jouer les couveuses de luxe, d’autant que les frénétiques projets du patron conduisent à devoir brûler les planches aux quatre coins du globe.
C’est peut-être (qui sait) ce côté billard à trois bandes qui aura décidé Alice Russell à tenter sa chance en solo avec son band, misant sur sa superbe voix éraillée juste ce qu’il faut.
Son premier opus, Under the Munka Moon, sorti en 2004, laisse entrevoir de belles dispositions. Les deux suivants, My Favourite Letters, considéré par certains comme l’album soul de l’année 2005 et Under the Munka II, avec une reprise magistrale de Seven Nation Army contribuent à installer sa notoriété. Ce n’est qu’en 2008, avec l’album Pot of Gold, que le vocable "diva de la soul anglaise" est prononcé, terme réservé jusqu’alors à sa consoeur Amy.
Nourrie à l’adolescence aux influences des prêtres du funk à papa et aux mamelles des prêtresses de la soul - Aretha Franklin en tête, pour ne citer qu’elle - Alice Russell est à bonne école et ce n’est pas son père, choriste d’église, qui le démentira.
Quelques couche tard chanceux ont pu vibrer devant leur écran plasma lors de son passage en février chez Manu Katche.
Bref, pour ceux qui ne connaissent pas encore, à découvrir d’urgence, comme on dit...
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