J’ai reçu une énorme bouffée d’oxygène au plus chaud des événements que la Grèce a vécu il y a peu. Non seulement à la vue de quelques banques qui brûlent (faut pas déconner, j’ai un peu joui dans les pavés quand même) mais surtout à lire ce qui s’est écrit, à entendre ce qui s’est dit.
Des travailleurs ont écrit aux jeunes en révolte de ne tenir aucun compte des conseils des grands ou des anciens combattants. Des jeunes ont dit qu’ils n’avaient rien à perdre dans une société mortifère. Des observateurs, témoins de la rue ou des écoles, ont pu s’exprimer sur cette belle jeunesse grecque qui était en train d’inventer l’avenir sans rien prendre du passé.
Et c’est bien là que tout se passe.
Que nous ont montré ces « événements » dont on ne parle déjà plus ?
Que nous sommes aujourd’hui face et dans une société mondiale qui n’apporte rien de l’idée que l’on se fait du bonheur, bien au contraire. Elle produit plus rarement de choses nécessaires à l’humanité que faire l’amour génère des enfants.
Que les soi-disant opposants n’ont une existence que parce qu’ils y tiennent un rôle. Il ne s’agit pas ici de ne parler que du PS ou des syndicats. Mais, au même titre que le Hamas en Palestine, les dirigeants et autres leaders plus ou moins charismatiques, ne peuvent vivre dans cette société qu’en tant qu’acteurs actifs à sa maintenance avec le masque de la révolte.
Que trop de gens encore, de gauche par exemple, ont encore trop d’intérêts dans cette usine qui les a décervelés au point qu’ils ne souhaitent pas que leurs propres enfants la détruisent. On a vu, en 68 en France, et récemment en Grèce comment les dirigeants syndicaux ont appelé leurs adhérents à se tenir à l’écart de la fournaise. Qui, un rôle d’enseignant, de syndicaliste, de militant, qui l’envie d’un écran plat, d’une nouvelle caisse, d’un voyage à Bangkok, d’un repas dans cette petite auberge si chaleureuse, tous craignent la libération véritable qui pourrait mettre fin à leur séjour dans un monde aliéné à l’économie.
Il n’est qu’à voir, en feuilletant les blogs les plus « ultras », en écoutant les brèves de machine à café, en parcourant les hebdos de la pseudo colère, combien tous sont attachés à l’accouchement de R.Dati, la gratuité des hotlines, la libido de N.Sarkozy, les parachutes dorés, l’investiture d’un chef du monde, toutes ces infos qui n’apportent rien d’autre que renfort à la culture de l’attachement au vieux monde, il n’est qu’à voir, donc, jusqu’où l’on est prêts à ne pas aller.
Et c’est cette peur, que n’eurent pas les Sans culottes, qui voudrait imposer sa cuisine, ses vieilles recettes aux ingrédients périmés à ceux qui ne veulent plus des soupes rances.
Les recettes du passé, Communo-anarcho-syndicalo-socialistes s’accrochent aux révoltes de la jeunesse comme les moules à la coque des bateaux avec la prétention d’apporter toutes les instructions qui ne sont pourtant qu’un collier d’échecs retentissants.
Ne voyez-vous donc pas la différence entre un holdup et une banque qui brûle ?