America is back ! Magister moral ou tentation d’empire ?
« Qu’il soit dit au monde du futur, qu’au milieu de l’hiver, quand seul l’espoir et la vertu pouvaient survivre, que la ville et le pays, face à un danger commun, (y) ont répondu ».

"En ce jour nous proclamons la fin des doléances mesquines et des fausses promesses, des récriminations et des dogmes éculés qui ont pendant trop longtemps étouffé notre vie politique. C’est la voie que nous poursuivons aujourd’hui. Nous demeurons la nation la plus prospère, la plus puissante de la Terre. Nous redonnerons à la science la place qu’elle mérite et utiliserons les merveilles de la technologie pour accroître la qualité des soins de santé et diminuer leur coût. Nous dompterons le soleil, le vent et le sol pour faire avancer nos automobiles et tourner nos usines. Nous transformerons nos écoles et nos universités pour répondre aux exigences d’une ère nouvelle. Cette crise nous a rappelé que sans surveillance, le marché peut devenir incontrôlable".
"En ce qui concerne notre défense à tous, nous rejetons l’idée qu’il faille faire un choix entre notre sécurité et nos idéaux. Sachez que l’Amérique est l’amie de chaque pays et de chaque homme, femme et enfant qui recherche un avenir de paix et de dignité, et que nous sommes prêts à nouveau à jouer notre rôle dirigeant. Nous sommes un pays de chrétiens et de musulmans, de juifs et d’hindous, et d’athées. Nous avons été formés par chaque langue et civilisation, venues de tous les coins de la Terre. Au monde musulman : nous voulons trouver une nouvelle approche, fondée sur l’intérêt et le respect mutuels. A ceux qui s’accrochent au pouvoir par la corruption et la fraude, et en bâillonant les opinions dissidentes, sachez que vous êtes du mauvais côté de l’histoire.(1)
Voilà l’essentiel du discours du président Obama. On le voit le président Obama veut réhabiliter l’image des Etats Unis faire la paix avec le monde , mais ne veut en rien céder sur le mode de la vie « l’american way of life » des américains ; De ce côté il se rapproche de Bush pour qui « le niveau de vie des américains n’est pas négociable » . La "sincérité" du nouveau président américain Barack Obama ne fait pas de doute, mais beaucoup de questions restent sans réponse, a estimé mercredi l’ex-dirigeant cubain Fidel Castro.
Durant sa campagne électorale, le candidat Obama s’était attiré le soutien de la communauté scientifique en annonçant un programme ambitieux dans le domaine des sciences et techniques. Loin de la politique menée par l’administration Bush dans ce domaine, a promis de prendre les mesures nécessaires pour redonner à la science une place de choix. Dans le domaine de la recherche, les interdictions empêchant la réalisation d’études sur les cellules souches d’embryon ont êté levées. Des coopérations internationales devront renforcer la protection des mers et océans tandis que la protection du littoral et la lutte contre le réchauffement océanique seront renforcées. Enfin, un vaste plan de relance est également prévu dans le domaine spatial. Faisant écho à ses promesses de campagne , qui tablent sur la création de 5 millions de "green jobs" et 150 milliards de dollars d’investissements sur 10 ans dans les énergies propres, le nucléaire de nouvelle génération ou encore la capture de CO2. Il s’est également déclaré favorable aux agrocarburants et au développement de techniques permettant des économies d’énergie dans le secteur du bâtiment.
Barack Obama n’a pas eu peur d’avancer, Prométhée moderne : "Nous maîtriserons le soleil et les vents pour alimenter nos voitures et faire tourner nos usines". Rappelons qu’à l’horizon 2015 l’homme vise 1 million de véhicules hybrides sur les routes, et 10% de la production d’électricité issue des énergies renouvelables pour 2012, 25% pour 2015. Voilà dons une stratégie énergétique claire que nos politiques se devraient d’imiter. Barack Obama a d’ailleurs nommé Steven Chu au poste de secrétaire à l’Energie. Avec cet ardent défenseur des énergies renouvelables, l’Amérique fait-elle un pas de plus vers le vert le prix Nobel de physique 1997 : Steven Chu tonique sexagénaire est un défenseur convaincu des énergies renouvelables. Il a par ailleurs travaillé sur l’élaboration d’agrocarburants.(3)
D’un coup de stylo, M. Obama a mis fin à « la guerre contre le terrorisme », signalant que le gouvernement américain n’enfreindra plus les lois internationales ou américaines dans sa lutte contre ses ennemis. M. Obama a nommé deux « poids lourds » au Département d’Etat pour la gestion de la crise du Moyen-Orient et les situations en Afghanistan et au Pakistan. M. Obama et Mme Clinton ont conjointement présenté George J. Mitchell, envoyé spécial pour le Moyen-Orient et Richard Holbrooke, qui remplira ce rôle pour l’Afghanistan et le Pakistan. « Les conflits insolubles n’existent pas », a affirmé Mitchell suite à sa nomination. Pour G. Mitchell « Les conflits sont créés, menés et continués par des êtres humains. Ils peuvent être achevés par des êtres humains ». Son approche du dossier israélo-palestinien serait « trop équilibrée » pour le lobby juif . Les efforts d’Obama pour clore le chapitre de l’ère Bush et de son mépris du droit ont pour pièce maîtresse un décret ordonnant la fermeture, dans un délai d’un an, du centre de détention tristement célèbre de Guantanamo. Le deuxième décret pris par Obama impose à la CIA de respecter les mêmes règles d’interrogatoire que l’armée américaine. Il rend par ailleurs illégaux les centres de détention à l’étranger
Obama se présente comme le patron de l’Occident qui veut reprendre le leadership du monde grâce à la diplomatie et une exemplarité retrouvée - non plus par la force. "Nous sommes prêts à nouveau à jouer notre rôle dirigeant." "Les Etats-Unis doivent jouer leur rôle en donnant l’élan d’une nouvelle ère de paix." Peut-on parler d’un empire américain ? L’anti-impérialisme est-il toujours d’actualité ? Henry Laurens l’historien du monde arabe explore la question impériale de Rome à Bagdad : il écrit : « La comparaison a été souvent faite. Les références romaines sont très présentes aux Etats-Unis (Capitole, Sénat), L’American way of life a la même attractivité que le mode de vie des élites gréco-romaines. Les Etats-Unis jouent un rôle essentiel dans un système mondialisé des échanges. Néanmoins, en 1945, ils étaient de très loin la première puissance industrielle (40% de la production mondiale), d’où la notion d’« empire de la production ». Aujourd’hui, ils sont le premier pays consommateur vivant à crédit, d’où la notion d’« empire de la consommation ». En un sens, mais selon d’autres mécanismes, Rome était un « empire de la consommation. (…) L’hégémonie américaine repose sur un appareil militaire destiné à faire la « police » pour l’ensemble du monde industrialisé, voire des pays consommateurs. En temps de paix, la politique impériale américaine permet de faire fonctionner le marché mondial. Selon les régions du monde, les Etats-Unis jouent le rôle de régulateur des tensions internationales (…) Il y a bien eu un impérialisme collectif des pays industrialisés dans le monde dominé (monde musulman , Amérique latine, Chine de la première moitié du XXe siècle). (…) La question de Palestine peut aussi s’analyser comme une colonisation de peuplement et Israël se pose en fragment du monde occidental en terre d’Islam et du tiers-monde. Pour tous ceux qui ont connu la domination occidentale, directe ou indirecte, Israël rappelle les éléments douloureux de leur propre histoire et maintient l’impérialisme au présent. Bien sûr, l’Iran est un grand pays doté de millénaires d’histoire. Au XXe siècle, son territoire a été envahi par trois fois. Il est presque encerclé par des bases militaires américaines. L’Iran a bien entendu une politique extérieure agressive, mais il s’en sert comme instrument de dissuasion pour protéger son propre territoire.(5)
Sur les deux dossiers épineux du Moyen Orient, le président Obama s’est aligné sur Bush, pour lui le Hamas est une organisation terroriste qu’il faut asphyxier en terme d’armements. De ce côté Israël est le grand vainqueur parce qu’avec l’aide de l’Egypte et de la France qui commence déjà à patrouiller pour le compte d’Israël il sera difficile au Hamas de se ravitailler en armes. S’agissant de l’Iran si c’est un dialogue d’injonction, il est à craindre que ce que n’a pas fait Bush faute de temps, Obama le fera sous la pression d’Israël dont l’arsenal nucléaire est tabou.
On le voit, la tentation d’Empire est plus que jamais d’actualité. Au magister moral tant espéré par le monde entier et par les Arabes dans leur quête de reconnaissance, il est fort à craindre que cette utopie d’une Amérique généreuse a fait long feu. Ignacio Ramonet directeur du Monde diplomatique a raison d’écrire : « l’Empire n’a pas d’alliés , il n’a que des vassaux ».
1. Discours de Barack Obama AFP 20/01/2009
3. Etienne Burkel Un renouvelable à la Maison Blanche Terra Economic 22 janvier 2009
5.Henry Laurens :Interview de Gilles Anquetil, François Armanet L’empire contre-attaque Le Nouvel Observateur :N° 2307 semaine du 22 01 2009
6.Marie-Claude Decamps : Ambiguïtés iraniennes Le Monde 23.01.09
Ecole Polytechnique Alger
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