Amertume dominicale
Dimanche matin je suis allé voter.
C'étais la première fois.
Ca c'est bien passé : un dimanche matin, un petit vent frais, j'étais prêt à parcourir les 50 mètres jusqu'à cette école maternelle dont j'ignorais l'existence la veille. Bureau bien tenu, aucun file d'attente, accueil souriant, rien à redire sur l'organisation même du scrutin.
Une liste de nom présentés également sur la table, un isoloir, la liste des inscrits, l'urne transparente, le solennel "A voté !" et la signature dans le registre.
C'est beau, c'est très formel, et ça prouve que quand on veut, on est bien capable, collectivement, d'organiser la transparence et l'égalité.
Je ne suis pas resté pour le dépouillement. Je n'ai aucun doute sur le fait qu'il n'y a eu aucune malhonnêté dans le processus.
Avez-vous déjà discuté sur le thème des machines à voter ? On se heurte toujours au même argument : la confiance. Comment s'assurer que le vote est bien pris en compte ? Comment s'assurer que les résultats sont les bons ? Que la machine n'est pas défaillante ?
Les doutes sont légitimes, mais mal placés, parce que le problème n'est pas là.
Au moment de voter, j'ai vu à quoi peut ressembler une procédure rigoureuse.
Et par contraste, j'ai pensé au chaos qui précède :
- qui sont les candidats ?
- vers quel monde veulent-ils nous diriger ?
- comment sont-ils sélectionnés ?
- qui sont leurs soutiens ?
- pourquoi faut-il l'aval de 500 oligarches pour avoir le droit de se présenter ?
- pourquoi seulement 1 semaine d'égalité de temps de parole ?
- pourquoi les sondages ?
- quelle transparence pour le découpage électoral ? (là je parle des législatives)
Et au chaos qui suit :
- que faire si une fois élu, un candidat ne suit pas son programme ?
- quelle légitimité a-t-il pour gérer les situations imprévues et donc non abordées dans la campagne ?
Et ça m'a frappé. Tout ce ramdam pour s'assurer que la voix que j'exprime soit bien prise en compte, alors qu'en réalité je ne sais rien des candidats que ce qu'ils ont bien voulu, n'étant que la cible d'une tentative de séduction. Séduction d'un candidat qui, une fois élu, aura toute liberté pour se renier.
Il parait que s'abstenir, c'est voter pour celui qui gagnera ? Voter aussi alors...
J'ai toujours eu l'impression que la dite "démocratie représentative" n'était qu'un pervers moyen de contrôle social. C'est pourquoi j'ai voté pour la première fois de ma vie, a 33 ans. Probablement pour la dernière fois.
et pendant ce temps, dans un univers parallèle, les députés rédigent des lois, et les 50 millions de citoyens les valident (ou non) toutes les semaines, de chez eux, grâce à des machines à voter aussi communes et fiables que les terminaux de carte bancaires présents dans les magasins. Dans cet univers parallèle, je me sens citoyen.
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