Ankara « répliquera fermement » à la dissolution du groupe ultranationaliste turc des Loups gris en France
Le groupe les Loups gris a été dissous mercredi en France lors du conseil des ministres[1].
Turquie, pas contente ! Pas contente du tout !
Elle a prévenu mercredi 4 novembre 2020 qu'elle allait "répliquer fermement" à la dissolution par la France de l'organisation ultranationaliste turque des Loups gris, qualifiant cette décision de "provocation".
J’ai tendance à dire que la seule réponse possible turque à tout ce qui ne lui convient, c’est de montrer les muscles et de frapper : Méditerranée orientale, Grèce et Chypre, Libye, Syrie, Irak, Kurdes, Alévis, Chrétiens d’Orient, opposants au régime erdoganien, athées, Arméniens de l’Artsakh et d’Arménie, Arméniens de France, à qui le tour ?
Il est par ailleurs vrai que ce grand pays démocratique ( ?!?) est habilité à faire respecter la liberté d’expression pas seulement à l’intérieur de ses frontières mais également dans le monde ! Le ministère turc des Affaires étrangères a déclaré dans un communiqué : "Nous soulignons qu'il est nécessaire de protéger la liberté d'expression et de réunion des Turcs de France (...) et que nous répliquerons de la plus ferme des manières à cette décision". Si je comprends bien, la liberté d’expression des islamo-fascistes est précieuse, surtout s’ils sèment la peur et le trouble chez les « ennemis héréditaires », les Arméniens et leurs descendants. Si je comprends bien également, les prisons turques ne sont pas pleines de journalistes récalcitrants et d’intellectuels qui ne coopèrent pas avec Erdogan ? La Turquie erdoganienne, c’est bien connu, est le paradis de la liberté d’expression et de la libre pensée !
Le ministre français de l'Intérieur avait, en effet, annoncé plus tôt sur Twitter que le groupe ultranationaliste turc les Loups gris a été dissous mercredi en France lors du conseil des ministres : "Le mouvement des Loups gris a été dissous en conseil des ministres, conformément aux instructions du président de la République", avait tweeté le ministre Gérald Darmanin, estimant dans son décret que ce groupuscule "incite à la discrimination et à la haine et est impliqué dans des actions violentes".
Par ailleurs, la France va plaider en faveur de « sanctions » au niveau européen contre la Turquie à l'heure où les tensions entre l'UE et Ankara montent sur de nombreux points de contentieux, a déclaré mercredi le secrétaire d'État français aux Affaires européennes, Clément Beaune. "Nous pousserons en faveur de mesures européennes de réaction forte, dont l'outil possible des sanctions", a affirmé M. Beaune devant le Sénat[2].
Enfin, le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, M. Jean-Yves Le Drian, répondant à une question d’actualité au Sénat (Paris, 4 novembre 2020)[3] sur le comportement de la Turquie, a déclaré : « Vous posez des questions légitimes et totalement pertinentes. Nous avons avec Ankara une longue liste de désaccords très sérieux. Et nous attendons d'abord d'Ankara, vous l'avez dit, que la Turquie cesse son comportement belliqueux dans le voisinage européen. Les actions unilatérales de la Turquie en Méditerranée orientale, la politique agressive de la Turquie en Libye, la politique de la Turquie dans le Haut-Karabakh sont des ferments de déstabilisation majeure.
Mais, Monsieur le Sénateur, ces dernières semaines, nous avons franchi dans nos relations avec la Turquie un palier inadmissible entre pays alliés. Les insultes, les calomnies, la volonté d'instiller une campagne de haine à l'égard de la France et de l'Europe, sont de nature totalement différente ; ce sont des menaces ! Nous attendons donc que le président turc et son gouvernement mettent un terme immédiat à ces comportements. Et nous ne tolérerons pas, non plus, que cette haine et cette violence soient exportées sur le territoire français, en étant relayées par des groupuscules qui ne doivent pas avoir le droit de cité.
Et je voudrais vous dire aussi que les réactions unanimes de solidarité de toute l'Europe démontrent que ce n'est pas uniquement une question de contentieux franco-turc, mais d'attaques contre l'Europe, ses valeurs, son modèle de libertés fondamentales et d'État de droit. Et je voudrais rappeler qu'il y a un rendez-vous, Monsieur le Sénateur, posé par le Conseil européen, au mois d'octobre, avant même l'escalade que j'ai constatée et que vous avez constatée ; le rendez-vous, c'est si la Turquie ne modifie pas fondamentalement et concrètement sa posture, avant le Conseil européen de décembre, alors nous prendrons les mesures nécessaires, au niveau européen, à l'encontre des autorités turques. Vous avez proposé une liste et dans cette position du rendez-vous de décembre, je dois vous dire, ici, que toutes les options sont sur la table. »
Tout ça est bien, mais encore faut-il attendre la position de l’Allemagne sur d’éventuelles sanctions européennes, dans la mesure où cette dernière les bloque depuis des mois et qu’elle ne souhaite en aucun cas se brouiller avec la Turquie avec qui elle a toujours entretenu des relations d’intérêt uniquement, piétinant tous les principes sur lesquels l’Union est basée.
L’Allemagne ne veut pas de politique étrangère commune et à fortiori pas de politique de défense commune. Bref, elle ne veut pas d’Europe politique, d’Europe puissance capable de répondre aux superpuissances mondiales. Elle ne veut pas non plus fâcher son allié turc et les 3 à 4 millions de turcs et germano-turcs qui vivent outre-rhin. Tout ce qu’elle souhaite c’est de conserver l’Europe-marché, uniquement tournée vers le libre-échangisme qu’elle domine. Le reste ne l’intéresse pas, encore moins les préoccupations humanistes ou égalitaristes qui peuvent surgir, par moments, dans la mémoire de certains…
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