Anne Lauvergeon : les vraies raisons de son éviction d’Areva
L'éviction d'Anne Lauvergeon fait couler beaucoup d'encre et le parti socialiste aimerait bien politiser la situation. Si incontestablement Nicolas Sarkozy s'est payé le scalp d'Atomic Anne, la présidente d'Areva a surtout fait les frais de ses propres échecs.
A en croire une bonne partie des médias, la France se tire une balle dans le pied en se privant d'Anne Lauvergeon à la tête d'Areva. Si Atomic Anne est un génie de la communication (au point d'avoir rendu le nucléaire sexy), son bilan à la tête d'Areva est catastrophique.
Les enlèvements au Niger
L'une des principales fractures entre Nicolas Sarkozy et Anne Lauvergeon s'est opérée en septembre 2010, lorsque cinq sous-traitants d'Areva ont été enlevés par Al-Qaida pour le Maghreb Islamique (Aqmi) dans le nord du Niger.
Les raisons de la colère sarkozyenne ? Le gouvernement avait alerté Areva plusieurs semaines auparavant pour les prévenir de risques d'opérations de l'Aqmi et demander une protection renforcée autour des mines d'uranium.
Anne Lauvergeon, pour qui le Niger était un simple jardin d'Areva, n'avait jamais cru bon de prendre les mesures appropriées pour éviter un enlèvement qui a pourtant représenté une humliation sans précédent dans la région pour la diplomatie française.
Le déficit d'Areva
Mais Nicolas Sarkozy avait d'autres bonnes raisons de se défaire d'Anne Lauvergeon. En tant qu'actionnaire majoritaire d'Areva, l'Etat n'avait pas du tout apprécié les déficits abyssaux du groupe (plus d'un milliard d'euros en 2010) et les dossiers industriels hasardeux.
En Finlande, Areva est enlisé jusqu'au cou dans le dossier de l'EPR, qui aurait du être livré il y a plus de deux ans, et qui n'avance pas ! Les surcoûts pour Areva de l'aventure finlandaise se chiffrent au moins à 700 millions d'euros. Mais au-delà, du prix de ces retards, c'est tout le secteur nucléaire français qui est affecté par ce raté.
Anne Lauvergeon est aussi responsable d'un investissement très contesté en Afrique. En rachetant pour 1,8 milliard d'euros (le plus gros investissement de l'histoire d'Areva) la société Uramin (spécialisée dans l'exploration d'uranium) en 2007, Atomic Anne a pris des risques... et perdu gros.
L'acquisition est intervenue au sommet de la bulle de l'uranium (qui a depuis explosé)... et n'a toujours pas permis d'exploiter le moindre gramme d'uranium !
Compte tenu de ces ratés, le départ d'Anne Lauvergeon était inéluctable. Si ses réseaux politico-médiatiques lui assurent encore un soutien a minima, son bilan reste négatif... et son remplaçant aura du pain sur la planche pour redresser un groupe qui va en plus prendre de plein fouet la vague anti-nucléaire post-fukushima.
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