Anne Sinclair, Femme de l’Année 2011, ou l’Actualité Manipulée
C’est par le réseau twitter que l’information nous est parvenue. Anne Sinclair Femme de l’Année 2011. Sic !
Oh évidemment beaucoup d’entre vous se demandent pourquoi le blog Cpolitic s’intéresse à un tel événement… qui pourrait très bien n’en être pas un, il y a tellement de choses plus importantes…
Et bien dites vous, que d’une part, à l’approche des fêtes, il y a besoin de varier les sujets et détendre un peu l’atmosphère politique pesante sinon nauséabonde, d’autre part, cette annonce s’avère révélatrice des manipulations médiatiques quotidiennes que nous subissons, bon gré, mal gré.
Etape 1
Ainsi donc Anne Sinclair Femme de l’Année. Et de nous demander le plus naturellement possible pourquoi, le prix de l’homme de l’année n’a pas été décerné à Kadhafi, Sarkozy, Berlusconi ou….. DSK ? Car on ne rêve pas en attendant pareille nouvelle : on cauchemarde !
Déjà qu’on nous prend pour des con(ne)s toute l’année si en plus à la fin de celle-ci, la junte médiatique se permet de telles sottises, ça ne va plus être possible.
Et de continuer… Valérie Pécresse (qui souhaite un « rebond de croissance » en 2012, mytho va !), Chantal Brunel (fille spirituelle de Jean Marie Le Pen), Roselyne Bachelot (envoyée spéciale des lobbies pharmaceutiques) ou Françoise Tenenbaum (élue socialiste trop méconnue proposant le remplacement des toubibs par des vétos dans les cas d’urgence) pourraient-elles aussi être cette Femme de l’Année ! Non ?
Etape 2
Plus sérieusement, nos petits cerveaux cogitent irrémédiablement pour trouver de vraies femmes de l’Année légitimes.
Sur Twitter, @PierredeRuelle proposait Irène Frachon, celle qui a fait éclater le scandale Mediator, aux mépris de toutes les pressions politiques et professionnelles. Pourquoi pas !
Dans la catégorie « connue », Cpolitic nous proposerons Irène Frachon ex-aequo avec Marie-Monique Robin qui de manière symétrique se bat notamment contre la Mafia Monsanto et plus généralement le lobby chimique, grandement coupable de nos flambées de cancers, de nos allergies à gogo depuis l’après-guerre.
Dans la catégorie « femme de l’ombre », Cpolitic propose Claire, membre active de l’association ATD Quart Monde qui s’efforce chaque jour de trouver des solutions humaines pour compenser les aberrations du système social français, en pleine déconfiture !
Voilà des femmes qui font preuve d’un courage hors du commun et qui vont jusqu’au bout de leurs vocations, médecine, journalisme, et oserait-on dire le vrai « social-isme » ! Avouez que nous sommes bien loin de cette fantasque Anne Sinclair, femme la plus cocue de France, coupable d’avoir fermer les yeux (à l’instar des éléphants du PS) sur la perversité de son ignoble mari.
Etape 3
Mais d’où vient cette annonce grotesque ? Ce ne peut être qu’un lobby à la noix, un copinage politico-économique-médiatique ?
Petite recherche googlesque : à partir de l’article 20minutes.fr, on apprend que le sondage à la con, d’institut à la con pour une analyse à la con – la preuve Anne Sinclair qualifiée de Femme Courage ! – vient du partenariat CSA-Terrafemina.
1er effet du bonbon fraicheur, notre merveilleux Wikipédia nous annonce que « Depuis juillet 2008, il est détenu par le groupe Bolloré. »
Logique puisque le réseau financier de DSK et de sa femme demeure le même, à quelques détails près de Nicolas Sarkozy, et on retrouve bien l’ami Bolloré !
2ème effet du bonbon fraicheur, Terrafemina demeure à la fois « magazine féminin, une plateforme de conseil aux entreprises sur les sujets de parité et un réseau et une association dont la mission est d’organiser et d’accompagner des manifestations consacrées aux femmes des pays de l’Union pour la Méditerranée, à leur situation et à leurs problématiques. » Ce « machin » a été créé par Véronique Morali, « présidente de Fimalac Développement (Fimalac) et de la Commission du dialogue économique du Medef, Membre du conseil de surveillance de la Compagnie Financière Edmond de Rothschild, Membre du Conseil de Surveillance de Publicis Groupe, Administrateur de Coca Cola Entreprise Inc (Atlanta), Co-fondatrice du Women Corporate Directors Paris (réseau unique de femmes membres de conseils d’administration), Présidente du Women’s Forum »…ouf ! C’est dire le pouvoir d’influence de cette femme !
Une femme bien à droite donc, au sens libéral économique, à l’instar des néoconservateurs de l’UMP ou des faux socialistes PS tendances strauss-kahniens.
Étrangement dès le 1er septembre 2011, le côté « femme courage » nous était déjà distillé dans les torchons de la presse style VSD, en association cette fois-ci avec Harris Interactive… et aussitôt démenti en grattant un peu.
Quant à Harris Interactive, il est aisé de retrouver de belles casseroles pour un institut au code de déontologie très flexible : les sondages rémunérés donnant gagnant Marine Le Pen au 1er tour. Dès le 31 août dernier, le directeur du département Opinion et Corporate de Harris Interactive, un certain Jean-Daniel Levy annonçait : « En fait, chacun s’est un peu mis à la place d’Anne Sinclair » ! Mais bien sûr…
Et de découvrir sur le site web de Harris Interactive qu’il était auparavant le Directeur du département Politique Opinion de… CSA ! La boucle est bouclée.
3ème effet surprise du bonbon fraicheur : Véronique Morali a co-fondé l’association Force Femmes avec une certaine…Anne Méaux, LA femme communicante (au passé sulfureux) par excellence, spécialiste des plans com’ et du coaching pour redresser l’image publique des gens de ce monde.
Cela va de Anne Lauvergeon, Gilles Pélisson, Louis Gallois, à Éric Woerth ou Rachida Dati, au patron de PPR et d’Arcelor-Mittal. Question experte en manipulation, on ne pouvait pas faire mieux !
4ème effet surprise du bonbon fraicheur : l’un des principaux actionnaires d’Harris Interactive n’est autre que Vincent Bolloré (20%). Et justement ce même Bolloré reste avant tout le patron d’Havas, maison-mère d’Euro RSCG. Et pour l’anecdote, Euro RSCG a pour patron Stéphane Fouks, LE soutien officiel de DSK.
Résultat des courses : Nous avons donc deux instituts de sondage qui transforment Anne Sinclair en « Femme Courage » allant même jusqu’à lui attribuer un prix de pacotille, et ces deux instituts arborent la bannière Bolloré ! Le monde est petit, non ?
On voit bien à travers cette (petite) recherche qu’Anne Sinclair bénéficie d’un joli réseau aux ramifications certainement plus étendues mais incompatibles avec la longueur de cet article. Sa nomination ne repose sur rien sinon sur l’amitié de ses amis communicants, hommes et femmes d’influence, cherchant à lui remonter le moral comme à préparer son avenir professionnel au Huttington Post version français.
Une mafia manipulant l’opinion public, ou en tout cas, l’actualité médiatique, une mafia qui ne pourra pas faire oublier le pire scandale sexuel que le monde politique moderne ait pu connaître. Une mafia qui prouve, malgré tout, une fois de plus, sa grande puissance d’influence.
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