Appel pour le Liban : consciences éprises d’humanisme, secourons ce pays martyr !
SECOURONS CE PAYS MARTYR !
4 août 2020 ; 18 heures : deux terribles explosions, quasi cataclysmiques, viennent de ravager, à l’avant-veille (coïncidence étrange !) de la commémoration du 75ème « anniversaire » de la bombe d’Hiroshima (6 août 1945), le port de Beyrouth, capitale historique, mais aussi centre névralgique, tant sur le plan économique que stratégique, du Liban.
UN PAYS COMPLEXE ET MEURTRI
Le Liban : pays déjà dévasté depuis plus de quatre décennies, suite l’effroyable guerre civile qui y fit rage entre 1975 et 1990, et Etat pratiquement déclaré en faillite depuis lors, avec plus de 92 milliard de dollars de dettes (soit environ 170% du PIB), à cause notamment (sans même parler de sa corruption endémique) des incessantes rivalités existant, sur le plan politico-idéologico-religieux, entre ses différentes « ethnies », composées, telle une disparate mosaïque sociologique, de chrétiens (à l’image de son Président), mais eux-mêmes fracturés entre maronites-catholiques et grecs-orthodoxes, de musulmans (à l’instar de son Premier-Ministre), mais eux aussi divisés entre Druzes (pratiquant un islam modéré, non soumis à la loi coranique de la charia) et Arabes Sunnites ou Chiites, parmi lesquels, en ce qui concerne ces derniers, sévit d’une impitoyable main de fer un parti aussi extrémiste, au sein même du Parlement, que le Hezbollah, proche, sur le plan religieux, des très fanatiques ayatollah de l’Iran, mais également, sur le plan militaire, des plus belliqueux des hauts responsables de Syrie.
LE TRAGIQUE BILAN HUMAIN
C’est dire si le Liban, pays particulièrement complexe et meurtri, déjà à genoux par les douloureuses vicissitudes de son histoire moderne et contemporaine, n’avait pas besoin, à tous points de vue, de cette énième tragédie, manifestement plus grave encore que les précédentes, de ce maudit 4 août 2020. Le bilan, sur le plan humain, s’avère catastrophique : à l’heure même où j’écris ces lignes, il s’élève déjà, moins de vingt-quatre heures seulement après cet épouvantable drame, à 100 morts, plus de 3000 blessés et 300.000 personnes désormais sans abri, tant l’énorme souffle provoqué par ces déflagrations successives (surtout, visiblement, la deuxième) a balayé tout, sur des dizaines de kilomètres aux alentours, sur son passage. De véritables scènes d’apocalypse, qui ne peuvent que nous émouvoir ou, pis, nous ébranler, sinon nous révolter, dans notre simple conscience d’êtres humains !
LES CAUSES DE PAREILLE CATASTROPHE ? PAS D’INDECENTES ET VAINES CONJECTURES POUR LE MOMENT !
Certes les causes de pareilles détonations, aussi gigantesques que meurtrières, ne sont-elles pas encore connues, avec exactitude, à ce jour. Les autorités libanaises officielles parlent, pour les expliquer un tant soit peu, de l’explosion inopinée de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium, produit chimique nécessaire à la construction de certaines armes, qui auraient été confisquées puis stockées depuis 6 ans, sans aucune mesures de sécurité ni même de précaution élémentaire, dans quelques entrepôts de ce port précisément, par ailleurs contrôlé par les terribles milices chiites du Hezbollah.
D’où cette conjecture émise, sans aucune preuve formelle ni matérielle toutefois, par certains spécialistes, en matière de géostratégie, du Proche et Moyen-Orient : ce seraient les services secrets d’un pays voisin et toujours en guerre avec le Liban – le Mossad d’Israël, en termes clairs – qui auraient en fait perpétré cet « attentat » afin de détruire l’arsenal militaire, et donc potentiellement dangereux en cas de conflit armé, de ce même Hezbollah !
Je ne m’aventurerai bien évidemment pas, pour ma modeste part, sur cette trop hasardeuse voie, même si elle paraît bien sûr plausible au vu des récentes tensions et derniers événements (dont certaines déclarations, très mal venues rétrospectivement, du Premier Ministre israélien lui-même, Benyamin Netanyahou) dans cette région particulièrement instable, véritable poudrière (c’est plus que jamais le cas, hélas, de le dire sans faire ici d’indécents ? vains et mauvais jeux de mots !), du globe. Les circonstances sont suffisamment sérieuses, mais encore floues à ce préliminaire stade de l’enquête, pour ne pas s’en remettre pour le moment, tant le contexte s’avère brûlant, à une extrême prudence sur ce point aussi délicat qu’épineux !
L’APPEL D’UN INTELLECTUEL JUIF ET PHILOSOPHE ENGAGÉ : AU SEUL NOM DE L’HUMANITE !
Mais, en revanche, qu’il me soit simplement permis de dire ici que l’humble philosophe et intellectuel engagé que je suis, outre être un enfant juif né sur les cendres de la Shoah, en appelle de toute urgence, en cette heure où le monde ploie à nouveau sous les mortifères assauts d’on ne sait quelle cruelle fatalité, à mes pairs afin de venir prestement en aide, avec toute la compassion dont une conscience d’hommes ou de femmes de bonne volonté peut être dotée, à ce noble et magnifique pays, théorique exemple de société multiculturelle et pluriconfessionnelle, à défaut aujourd’hui de réel esprit de tolérance malheureusement, qu’est, traditionnellement, le Liban : pays aujourd’hui totalement abandonné, injustement livré à lui-même, démuni et exsangue, où mêmes ses hôpitaux, avant l’invraisemblable chaos de ce 4 août 2020, croulaient déjà, avec l’énorme crise du coronavirus et par manque de moyens financiers, sous une infrastructure défaillante, à l’image même de la nation, malgré l’incontestable compétence de ses médecins et autres professionnels de la santé.
L’INDICIBLE MARTYRE DU LIBAN : ASSEZ !
L’indicible martyre du Liban a assez duré : consciences humaines du monde entier, civilisations prônant la paix et le progrès partout sur cette bonne vieille Terre qu’est encore la nôtre, réveillez-vous… un peuple, le courageux et merveilleux peuple libanais, est en train, sinon de mourir, du moins d’agoniser sous l’infâme poids, aussi, de notre indifférence, si ce n’est de notre égoïsme ! Sauvons de toute urgence, pour notre humble part comme pour nos modestes moyens, le Liban, au simple mais beau nom de l’humanisme, sinon, plus essentiellement encore, de l’humanité !
LES MOTS D’UN HUMANISTE NOMMÉ ALBERT CAMUS
Au grand et généreux Albert Camus, en ce sens, les derniers mots, prononcés, le 10 décembre 1957, à Stockholm, lors de sa remise du prix Nobel de littérature : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait, pourtant, qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. » A méditer en effet, plus que jamais en ces temps aussi troubles que troublés, ces insignes paroles d’un immense cœur d’homme : penseur épris de ses seules valeurs éthiques et principes d’humaniste, sans lesquels il n’est point de démocratie qui vaille !
DANIEL SALVATORE SCHIFFER*
*Philosophe, auteur, notamment, de « La Philosophie d’Emmanuel Levinas – Métaphysique, esthétique, éthique » (Presses Universitaires de France), « Oscar Wilde » et « Lord Byron » (Gallimard – Folio Biographies), « Traité de la mort sublime – L’art de mourir de Socrate à David Bowie (Alma Editeur), « Divin Vinci – Léonard de Vinci, l’Ange incarné » et « Gratia Mundi – Raphaël, la Grâce de l’Art (Erick Bonnier Editions).
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