Après Fidel Castro. Pour le meilleur ... ou pour le pire
C'est maintenant qu'il nous dit "Hasta Siempre "... Voici verbatim ce que j'ecrivais il y a près de 7 ans .....
Le glas s’est tu, 4 000 000 de Cubains ont défilé devant sa dépouille et l’élite politique du monde, droite mi-repentante et gauche mi-soulagée, s’est jointe aux philosophes et aux artistes pour assister aux obsèques du Lider Maximo. Comme Guise, mort, il a l’air plus grand. Puis, le monde a recommencé à tourner. Qu’est-ce qu’on fait de Cuba ?
Comment intégrer Cuba à l’économie et à la politique de l’Amérique ? Cuba, qui a l’air d’une zone sinistrée avec ses maisons Art Déco en ruine et ses oasis de luxe aseptique pour touristes, mais qui regorge de ressources humaines compétentes – dont des médecins dont on a bien besoin. Cuba, dont la population, même contestataire et bien lasse du socialisme, n’en est pas moins imbibée jusqu’à la moelle des principes de solidarité et de justice sociale dont on a soigneusement protégé les habitants des USA. Cuba, à qui sa diaspora en Floride confère une importance capitale dans la politique interne des USA.
Qu’est-ce qu’on fait avec Cuba ? On peut simplement faire tomber toutes les entraves au commerce et aux échanges économiques et culturels entre les USA et Cuba. Des centaines de milliards de dollars seront rapidement investis à Cuba pour en faire le paradis touristique exotique dont les Américains ont besoin, maintenant que le terrorisme leur a rendu l’étranger bien inhospitalier. Cuba, un paradis : l’ordre règne…
L’ordre règne…, mais règnera-t-il longtemps si on y déverse ces milliards ? Cuba, avant Castro, était le domaine de la pègre. Comme le sont aujourd’hui quelques îles environnantes qui font aussi souvent office de paradis fiscaux. Les autorités cubaines, privées du grand rêve de Fidel, pourraient être bien vulnérables à la corruption… Après le communisme, veut-on le banditisme, comme voisin gênant à 90 kilomètres de Key West ?
Certes pas, mais comment l’éviter ? En allant surveiller tout ça de très près… Quelle serait la meilleure façon de gérer ce spectaculaire Klondyke qui va se développer à Cuba ?
ACCUEILLIR CUBA AU SEIN DES USA !
On évite ainsi qu’un pouvoir mafieux ne s’y installe et on s’assure du même coup qu’il n’y aura pas résurgence à Cuba d’une pensée socialiste, car les pouvoirs d’un État dans l’Union américaine sont limités et, de toute façon, toute velléité marxiste y serait neutralisée par les médias qui seraient alors sous contrôle des grands groupes de presse américains.
En admettant Cuba dans les USA – et sans doute Puerto-Rico par la même occasion – on aurait aussi une expérience pilote, dans les conditions les plus favorables, des effets et des conséquences de l’entrée d’États latinos bilingues dans l’Union.… Le prélude au destin « manifeste » et incontournable des USA.
Bon pour l’image des USA, aussi, car le choix référendaire du rattachement aux USA sera présenté au monde comme le rejet du socialisme, la preuve définitive que si une démocratie eut existé à Cuba, l’hérésie castriste y aurait été dénoncée depuis longtemps… On justifiera ainsi a posteriori l’injustifiable embargo. Oncle Sam aura eu raison…
Qu’en diraient les Cubains ? Je crois qu’ils accepteraient avec enthousiasme. D’abord, parce que l’image de l’Amérique au quotidien, relayée aux Cubains par les cousins de Miami, est celle d’un monde plus beau que nature, pas si différent de celui que Voice of America faisait miroiter aux pays de l’Est durant la guerre froide. Voulez-vous être Américains, s’entend : « Voulez-vous être riches ». Une question à laquelle généralement on dit Oui…
Ensuite, parce qu’à Cuba on aime bien les Américains. La propagande antiaméricaine castriste n’a jamais ciblé le citoyen américain, mais a présenté celui-ci comme une victime de son gouvernement odieux. Ce sont des frères à retrouver… Depuis des décennies, d’ailleurs, les Américains qu’on a vus a Cuba ont été ceux-la seulement qui étaient bien sympathiques… Il n’y a sans doute pas un pays où l’image de l’Américain moyen ait été aussi bien protégée d’une hostilité larvée qu’à Cuba !
On présentera ce choix comme un rejet du castrisme, mais il est probable que les Cubains resteront fermement attachés à l’idée d’eux-mêmes qu’on leur a inculquée et ne perdront pas de sitôt le sentiment de supériorité morale qu’ils retirent de leurs systèmes d’éducation et de santé. Dans Cuba devenu un état américain, ils préserveraient sans doute jalousement les avantage sociaux qu’ils ont acquis et se verraient comme les pionniers d’une conscience sociale au sein des USA.
Ils y seraient alors bien utiles, car, « une plus grande conscience sociale », n’est-ce pas justement la direction que le nouvel Establishment des USA veut prendre ? Obama serait-il là, si la décision n’avait pas été prise de déplacer les USA vers la gauche ?
Cuba peut être, au sein des USA, l’état pauvre sauvé du communisme que le « bon capitalisme » enrichit. Les mécanismes sociaux cubains pourront être tolérés et même copiés sans vergogne, dès qu’on aura convaincu le bon peuple qu’en les rendant « libres » on en a exorcisé la malfaisance qui appauvrissait les Cubain sous Castro et que, capitalistes par adoption, ils sont désormais tout à fait acceptables.
Cuba au sein des USA ? Une fiction, bien sûr, mais ne la donnez pas trop vite pour invraisemblable….
Pierre JC Allard
( P.S Si vous aimez la politique fiction, télédéchargez « Le Printemps de Libertad » un petit divertissement que j’ai publié au moment du Deuxieme Référendum au Québec).
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