Après le Louvre et Chambord, la Bastille ?
On sait que Sa Majesté Narkissos 1er a choisi la modestie et la simplicité pour emblèmes de son règne et préfère le sobriquet de « Jupiter » qu’elle (Sa Majesté) a choisi à tout autre hétéronyme (il faut bien être hétéro quelque part). Ainsi donc, c’est sur la discrète gentilhommière de Chambord que Son Altesse Sérénisime a jeté son dévolu pour célébrer son quarantième anniversaire en toute intimité, sans fleurs ni couronnes, loin des pompes et des fastes dont raffolent les paparazzis par trop vulgaires.
Le grand argentier du royaume a insisté pour que le bon peuple sache que c’est avec « ses deniers personnels » (ceux qu’il avait accumulés au cours de juteuses transactions qu’il avait menées dans sa vie terrestre d’agent de change roturier), que Sa Grandeur a réglé la note au tavernier.
Le perfide félon Dupont-Aignan, un des ligueurs menant la fronde a une fois de plus jeté l’anathème sur notre bon Prince en proclamant des balivernes dont l’exagération éhontée ne trompera personne et fera bien rire les serfs réunis devant l’âtre de leur masure au cours d’une de ces veillées d’hiver qu’ils affectionnent : "Pendant que les Français subissent impôts, insécurité et immigration, M. Macron fête ses 40 ans à Chambord. Les époques passent, l'oligarchie coupée du peuple reste", a-t-il proféré par la voie de la gazette magique qui touitte les paroles à toutes les oreilles, et dans une espèce de charabie que lui seul semble entendre.
Un autre frondeur, le chevalier Collard, s’est rendu coupable de blasphème en faisant circuler des images offensantes montrant le couple royal en tenue de fêtes, laissant croire à une débauche ou un sabbat impie et mentionnant ce perfide commentaire : "Le roi s'amuse".
Le tiers-état n’est pas en reste dans cette vague de moqueries que la cour veut ignorer tant il est clait que c’est bien l’esprit du malin qui guide les brocardeurs. Une femme du peuple élue aux états généraux, la femme Benbassa (qui est une sorcière) a proféré des incantations magiques qui ont effayé les paroissiens en parlant des " malheureux 1,24% de revalorisation du SMIC au 1er janvier annoncés vendredi. On a connu communication mieux maîtrisée", a-t-elle marmonné sous sa cape, les yeux remplis des flammes de l’enfer.
L’insoumis Mélenchon s’est gaussé du décorum de la fête : "Chambord, c'est un peu traditionnel. Quelle drôle d'idée. Je trouve ça ridicule mais il en faut pour tous les goûts", a-t-il ironisé sans se rendre compte qu’il étalait ainsi sa jalousie et son amertume de gueux ignorant.
Le grand argentier a heureusement eu raison de tous ces persiflages en indiquant que Sa Splendeur avait élu domicile pour l’occasion en un pauvre logis proche de la gentilhommière qu’une famille de bûcherons avait mis à Sa disposition moyennant quelques ducats : la Maison des Réfractaires, ancienne maison forestière sise "au cœur du domaine royal", à quelques mètres de la salle des fêtes. Cette demeure abrite plusieurs chambres dans lesquelles couchaient les enfants du bûcheron avant qu’ils ne se perdent malencontreusement dans la forêt.
Il manque à ce merveilleux conte de fée un épilogue, mais il semble bien que la Bastille soit le dernier décor qui siée à la mise en scène d’une arlequinade dont la première scène se déroula dans la cour du Louvre.
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