Archéologues du mont Beuvray : aveuglement ou dérive sectaire ?
Le système nous écrase. Nos dirigeants politiques ne dirigent plus rien. Les oligarchies ont pris le pouvoir et manipulent nos esprits par l'intermédiaire des médias. On en a eu récemment la preuve dans le domaine de l'industrie du médicament. Et il y a pire. Des domaines qu'on croyait préservés sont aujourd'hui touchés. C'est le cas de la nouvelle archéologie française, dite scientifique, que l'ancien ministre Jack Lang a fait naître sur la hauteur du mont Beuvray à la demande du président Mitterrand. Bibracte ? c'est le célèbre oppidum éduen cité par César, la capitale des Gaules que les médias situent sur ce mont Beuvray, ce que je conteste depuis plus de 30 ans. Une brève opération de fouilles devait nous y révéler les secrets de la civilisation des Celtes.
L'affaire a échappé au contrôle du ministre. Elle est devenue une véritable entreprise de marketing à rayonnement international avec en vitrine, un immense terrain de fouilles archéologiques, avec des trous qu'on creuse et qu'on rebouche, véritable tonneau des Danaïdes. La technostructure impose désormais sa loi sans qu'aucune preuve vienne conforter l'hypothèse d'origine, sans que les ministres successifs de la Culture, incultes, s'en soucient. Bien implantée au ministère et dans les Drac, cette technostructure règne sans partage. En dehors de sa doxa, un archéologue aura beaucoup de mal à se faire publier dans une revue scientifique. Pour l'indépendant que je suis, c'est chose impossible. Il y a quelques années, des archéologues ont mis au jour une ville fortifiée du Hallstatt sur le mont Lassois. La presse en a minimisé l'importance pour ne pas porter tort à la thèse officielle. Cette thèse officielle, c'est une Gaule en bois qui n'aurait découvert l'usage de la construction en pierre qu'avec l'arrivée des Romains au mont Beuvray, au Ier siècle avant J.C., une thèse tellement infantile que c'en est à pleurer.
J'ai fait le maximum pour alerter, pour arrêter le cheval gaulois qui courait et qui court toujours au précipice. Cela fait plus de 30 ans. Situation absolument incroyable : plus j'alerte, plus je me fais insulter, et cela, jusqu'au secrétaire d'état à la Culture, ministre en titre, qui m'a sèchement fait comprendre que j'étais un illuminé.... bref un cinglé.
Le 14.4.1999, FR3 Bourgogne m'a sollicité pour un interview avec Vincent Guichard, l'actuel directeur du Centre archéologique européen. Un piège dont j'aurais dû me méfier ! Il n'y a pas eu de débat face à face. On m'a coupé mes principaux arguments. Le journaliste m'a démenti et le faux entretien s'est terminé sur cette conclusion stupide : Dans la communauté scientifique, ça fait belle-lurette que plus personne ne doute. Ça fait au moins 130 ans que plus personne ne doute de la localisation de Bibracte, capitale des Eduens, mentionnée par César à multiples reprises, sur le Mont-Beuvray. C'est absolument clair. Quant à Matthieu Poux, autre personnalité de l'Archéologie, il a préféré abandonner après quelques échanges sur Agoravox.
J'aimerais débattre avec un archéologue qui connaisse vraiment le latin et le grec, mais je n'en trouve pas. Dans ces conditions, comment expliquer à un contradicteur que la première chose à faire est de revoir les traductions du siècle dernier. En 1926, le professeur Constans a, de toute évidence, falsifié sa traduction des Commentaires de César sous l'influence des archéologues, lesquels, aujourd'hui, s'appuient sur ses erreurs de traduction. Le diable se mord la queue.
Quant à la Géographie du grec Strabon, l'auteur le plus intéressant pour la connaissance de la Gaule antique, on se contente de la traduction litigieuse du siècle dernier. En voici un extrait parmi le plus important et le plus mal compris (expliqué et corrigé par mes soins, en caractères gras. L'expression "chef-lieu"n'est pas de moi).
Les marchandises passent d'abord par l'Arar, la Saône, ensuite dans le Dubis, la Dheune, affluent de l'Arar ; puis on les transporte par terre jusqu'à la Sequanas, Brenne, Armançon, Yonne, Seine, dont elles descendent le cours, et ce fleuve les amène au pays des Lexoviens et des Calètes, sur les côtes mêmes de l'Océan (IV, I, 14).
Lugdunum est en même temps le chef-lieu du territoire des Ségusiaves, lequel se trouve compris entre le Rhône et le Dubis, la Dheune. Quant aux peuples qui succèdent aux Ségusiaves dans la direction du Rhin, ils ont pour limite, les uns, le Dubis, la Dheune, les autres l'Arar, la Saône et la Thalie…Mais il y a encore une autre rivière, la Sequanas, la Brenne, l'Armançon, l'Yonne, la Seine, qui prend sa source dans les Alpes, Alpes + Jura, et qui va se jeter dans l'Océan, …Entre le Dubis, la Dheune, et l'Arar, la Saône + la Thalie, ce sont les Éduens qui habitent : la ville de Cabyllinum, sur l'Arar, et la place forte de Bibracte leur appartiennent.(IV, 3, 2).
Dans mon précédent article, j'ai expliqué en détails l'incroyable malentendu concernant le mot Dubis qu'il faut évidemment traduire par Dheune, suivant le contexte, et par Doubs dans un autre contexte : "entre la Saône et la Dheune habite le peuple des Éduens", ce qui prouve irréfutablement que Bibracte, la capitale éduenne, ne peut être que le Mont-Saint-Vincent, ancienne place forte des comtes de Chalon, des seigneurs burgondes, francs, puis du duc de Bourgogne, ancienne ville murée, et non le mont Beuvray qui se trouve au-delà. On aurait pu s'en douter quand, après la défaite des Helvètes, César écrit que les fugitifs rejoignirent les Lingons, ce qui leur faisait traverser cet au-delà... qui n'était pas en territoire éduen (DBG 1, 26, 5). On aurait pu s'en douter quand, après mes premières publications, j'ai expliqué, en traduisant correctement le texte de César, qu'il s'y trouvait une logique militaire absolument irréfutable qui nous obligeait à mettre Bibracte à Mont-Saint-Vincent et Gorgobina au mont Beuvray.
Dans ces conditions, comment faire avancer le débat face à une presse servile et face à des archéologues qui, non seulement ont oublié leurs humanités, mais qui, en outre, ont la prétention de réécrire l'histoire antique sans passer par les textes, uniquement suivant l'interprétation qu'ils font de leurs fouilles. Le mont Beuvray en est un dramatique exemple. Première phase, on trouve un vestige un peu par hasard. Deuxième phase, on fait une première fouille pour savoir si l'endroit justifie qu'on s'y intéresse. Troisième phase, on fait une fouille approfondie et on en déduit l'histoire du monument ou du lieu.
Le problème est dans l'interprétation.
1. C'est sous Napoléon III que des membres de la Société éduenne d'Autun se sont persuadés que le mont Beuvray était le site de Bibracte, et cela en dépit de la mise en garde d'un certains nombre d'érudits qui ont tenté de leur expliquer que les textes ne le permettaient pas.
2. C'est ainsi qu'au vu des énormes débris d'amphores trouvés au mont Beuvray, les archéologues ont imaginé une importante population qui ne pouvait être, selon eux, que celle d'une grande capitale, Bibracte. Grave erreur, car sur ce lieu de toute évidence stratégique, il aurait fallu penser à une troupe militaire qu'il fallait ravitailler, ce qui explique les amphores pour transporter notamment le grain et l'huile. Idem pour expliquer les deux lignes de retranchement. En lisant les Commentaires de César, il n'était pourtant pas bien difficile de comprendre qu'il s'agissait du site de Gorgobina où César installa les Boïens après sa victoire sur les Helvètes (DBG VII, 9, 6). Pas bien difficile de comprendre que c'était ces mêmes Boïens que Vercingétorix assiégea par la suite. Ceux-ci s'étant probablement ralliés, Vercingétorix redescend pour soutenir les Bituriges mais César le devance et va assiéger Avaricum (DBG VII, 12 - 13).
Il fallait aussi comprendre qu'avant les Boïens, les Arvernes occupaient la position et qu'ils y avaient appelés des mercenaires germains en renfort (DBG I, 31, 3-5), d'où la fameuse bataille perdue par les Éduens à Mesvres, la Magetobriga de Cicéron. Tout cela, César l'a très bien expliqué. Son récit est un rapport d'opérations militaires tout ce qu'il y a de plus normal, parfaitement clair... à condition que le lecteur mette les localités aux bons endroits.
3. Au vu des nombreuses monnaies découvertes, confortés par ailleurs par la présence d'amphores de provenance italienne, nos archéologues ont imaginé une importante relation commerciale entre le mont Beuvray et les Romains. Il s'agit, là encore, d'une hypothèse gratuite, contredite par le fait qu'aucune médaille de la République romaine n'a été trouvée.
4. De même, l'idée d'une place commerciale ouverte vers l'extérieur est démentie par la rareté des monnaies étrangères par rapport aux monnaies locales. La bonne explication serait d'y voir des offrandes aux divinités éduennes. La désignation du massif par le toponyme "Montjeu" - mont Jovis - au-dessus d'Autun, prouve, en effet, que le mont Beuvray était une autre "olympe" dédiée à Jupiter. Les Éduens venaient y brûler leurs morts en jetant des pièces de monnaie dans le bûcher.
5. Au vu des nombreuses traces d'occupation, les archéologues du mont Beuvray ont estimé que la population de la capitale qu'ils imaginent a pu s'élever entre 5 000 et 10 000 habitants. C'est absurde ! Il s'agit du passage très bref de la population boïenne qui y a été regroupée dans l'urgence.
6. C'est ce que confirment les nombreux trous de pieux dont on a retrouvé la trace. Vaincus, installés sans préavis sur le site par César, les Boïens se sont trouvés dans une situation d'urgence : l'urgence de se construire des abris de fortune. L'utilisation du bois à partir de l'exploitation de la forêt voisine était le procédé le plus simple et le plus rapide. Quant aux maisons en pierre du site, elles n'indiquent qu'un urbanisme normal pour le lieu, mais en aucun cas, un début de colonisation romaine. Au vu d'un tel fantasme né dans la nouvelle archéologie dite scientifique du mont Beuvray, je répéte que c'en est à pleurer.
7. Et ce n'est pas fini. Comment peut-on penser que César ait choisi ce lieu "hivernal" pour passer l'hiver. En revanche, son installation à Mont-Saint-Vincent lui a offert un climat bien plus doux en même temps qu'elle lui permettait d'intervenir rapidement avec sa cavalerie au profit de ses légions, lesquelles se trouvaient, l'une à Mâcon, l'autre à Chalon.
8. Vercingétorix lançant son appel au soulèvement général depuis le mont Beuvray, loin de la région populeuse des bords de Saône et alors que c'est de Chalon que viendra son principal secours lors de la bataille de Gergovie, bizarre !
9. Des remparts de jeu de construction, comparés aux solides murailles de Bourges et à ses trois hautes tours, bizarre !
10. Enfin, étonnante contradiction, le musée met en exergue des représetations de têtes dont une sculptée en les comparant à la tête boïenne de Mšecké Žehrovice trouvée sur l'oppidum de Manching, en Bohème. De même un anneau en sapropélite, matériau dont il est prouvé qu’il a été exploité en Bohème pour en faire des objets de parure. De même, Deschelette n'a-t-il mis au jour sur le site des poteries semblables à celles de l’oppidum boïen de Stradonice ?... trois indices archéologiques en faveur d'une présence boïenne dont on ne veut pas tenir compte. Bizarre !
Face à autant d'indices et de preuves qui s'ajoutent à ma traduction du texte de César, on est en droit de se poser des questions ?
Faut-il que je poursuive en dénonçant l'autre incroyable malentendu concernant la ville d'Autun ?
Le malentendu d'Autun. Il suffit de lire les textes.
Je cite :« Puisque les empereurs ont voulu relever cette colonie - il s'agit d'Autun, colonie de Mont-Saint-Vincent - et la vivifier avec les plus grandes et les plus nombreuses ressources de l'empire, il est évident que leur intention est surtout de voir réparer ce sanctuaire de belles-lettres - il s'agit des écoles de Mont-Saint-Vincent -.
Je cite : Très illustre gouverneur, il est encore une circonstance qui rend cette construction plus célèbre et attire davantage sur elle les yeux des Césars et de tous les citoyens : c'est qu'elle est placée dans un lieu particulièrement bien choisi, pour ainsi dire entre les deux yeux de la cité, entre le temple d'Apollon - l'église actuelle toujours debout - et le Capitole - l'oppidum - Le voisinage de ces deux divinités, en rendant ce sanctuaire - Mt-St-Vincent) - plus vénérable, est un nouveau motif pour le réparer dans toute son étendue ; et il ne conviendrait pas que les deux très beaux temples de cette ville - le temple de Minerve et celui d'Apollon - soient défigurés par les constructions en ruines qui se trouvent au milieu. J'insiste sur cette pensée ; car il me semble que le premier constructeur des écoles moeniennes leur a réservé cet emplacement afin qu'elles fussent soutenues par les étreintes bienveillantes des deux divinités voisines ; et telle est en effet la position de cet auguste sanctuaire des lettres - le quartier des écoles - que d'un côté Minerve - le temple de Minerve - fondatrice d'Athènes, le protège de son regard, et de l'autre Apollon - l'église - entouré des Muses. Cet édifice, placé au front même de la cité, touchera de chaque côté à ces deux temples ô combien remarquables. » (Discours d'Eumène, pour la réparation des écoles moeniennes, vers 297 après J.C.)
je cite : Julien se trouvait à l’oppidum de Vienne, s’occupant avant l’hiver du ravitaillement, quand on l’informa que des rumeurs circulaient disant que la garnison de l’antique cité d’Augustodunum avait été attaquée par surprise par les barbares ; les murailles, très étendues, entouraient certes la cité, mais elles ne remplissaient plus leur rôle à cause de la vétusté qui les ruinait. Les soldats de la garnison étaient endormis ; ce furent les vétérans qui veillaient qui, en accourant, assurèrent la défense. Il en est souvent ainsi qu’une situation critique est sauvée par une réaction brutale et immédiate. (Ammien Marcellin, XVI, 2, 1-2, an 356. Traduction E. Mourey).
Conclusion : Mont-Saint-Vincent et Autun étaient une seule et même cité. À Mont-Saint-Vincent, l'antique forteresse de Bibracte, à Autun, la nouvelle ville consacrée au Dieu auguste. Une seule cité, un seul et même nom : Augustodunum !
Emile Mourey, 22.11.2016. Les croquis sont tirés de mes ouvrages. La photo représentant un chantier de fouilles est du Centre archéologique européen.
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