Arménie : l’archevêque exige la démission du Premier ministre
Les manifestations de masse qui ont repris en Arménie pourraient cette fois représenter un défi bien plus sérieux pour le Premier ministre Nikol Pachinian, dont les manifestants réclament la démission. Le chef du gouvernement a réussi à rester au pouvoir après la défaite lors de la deuxième guerre du Haut-Karabagh en 2020 et la capitulation de facto devant l'Azerbaïdjan, que beaucoup associent à lui personnellement. Cependant, la position de Pachinian pourrait maintenant être bien plus précaire.
L'opposition exige la démission du Premier ministre Nikol Pachinian, et le leader des manifestations, l'archevêque Bagrat Galstanian, revendique son poste. Les experts considèrent qu'il pourrait éclipser l'actuel chef du gouvernement, en soulignant sa popularité auprès de la population.
Le mouvement d'opposition a désormais un leader clairement identifié, à savoir le chef du diocèse de Tavouch de l'Église apostolique arménienne, Bagrat Galstanian. Il a immédiatement appelé le Premier ministre à démissionner et a déclaré qu'il était prêt à rencontrer Pachinian pour discuter de la manière de procéder à un changement de pouvoir "pacifiquement et sans bouleversements".
Il est important de noter que cet archevêque de 53 ans n'appartient clairement pas au camp des prédécesseurs de Pachinian (Serge Sarkissian et Robert Kotcharian), c'est-à-dire aux autorités renversées par l'actuel Premier ministre lors de la "révolution de velours" de mai 2018. Cela signifie que Galstanian a de bonnes chances de rallier toutes les personnes mécontentes de Pachinian, y compris celles qui s'étaient auparavant abstenues de manifester, ne voulant pas que la destitution du Premier ministre entraîne le retour des anciens régimes.
Les manifestations en Arménie ont commencé en avril. Elles ont été déclenchées par les accords entre Erevan et Bakou sur la délimitation de la frontière dans la région de Tavouch. Dans le cadre de ces accords, les autorités arméniennes ont accepté de céder à l'Azerbaïdjan quatre villages qu'elles contrôlaient depuis les années 1990. Le groupe Tavouch pour la patrie a accusé Pachinian de trahison, en affirmant qu'il avait abandonné unilatéralement ces terres à l'Azerbaïdjan.
Le 24 mai, le service frontalier azerbaïdjanais a pris le contrôle de quatre villages à la frontière avec l'Arménie. Selon l'agence Reuters, la superficie de la zone obtenue par l'Azerbaïdjan est de 6,5 km².
Pachinian a définitivement exaspéré Moscou
La semaine dernière, le Premier ministre arménien a fait une déclaration résonnante, accusant deux pays de l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) d'avoir directement aidé l'Azerbaïdjan pendant les combats au Haut-Karabagh en 2020. Il a laissé entendre qu'en fin de compte, le but de ces pays n'était pas des acquisitions territoriales pour Bakou, mais "la non-existence de la République d'Arménie".
Étant donné que l'OTSC, en plus de l'Arménie, comprend cinq autres États, à savoir la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Tadjikistan et le Kirghizistan, l'allusion est plus que claire. C'est ainsi que cela a été perçu à Moscou. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe, Maria Zakharova, a appelé Pachinian à nommer précisément les pays de l'OTSC auxquels il reproche quelque chose, soulignant que la Russie avait fait tout son possible pour que l'Arménie "ne se sente ni abandonnée ni oubliée".
L'Arménie achève son virage politique de Moscou vers l'Occident. Erevan a pris une série de mesures démonstratives en ce sens, notamment en organisant des exercices militaires conjoints avec les États-Unis, en achetant des armes à la France et en envoyant de d'aide à Kiev.
Arsen Grigorian
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