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Arnaud Lagardère : l’inéluctable déclin d’un empire français

Comme les civilisations, les grands empires industriels sont-ils mortels ? Encore au sommet de la vague il y a une dizaine d'années, le groupe Lagardère se lézarde et menace de s'effondrer. Retour sur l'un des fleurons de l'industrie française et sur un héritage dilapidé à coups de choix stratégiques hasardeux.

Que penserait Jean-Luc Lagardère du destin de son fils ? Lui le redoutable capitaine d'industrie qui avait bâti en un demi-siècle un empire dans les secteurs ô combien stratégiques de la défense et des médias. Du requin des affaires, redouté des salles de rédaction à l'Elysée, le fils Arnaud n'a semble-t-il conservé que le côté flambeur.

Car il est peu de dire que l'empire de "Nono", le très people mari de Jade, est en mauvaise posture, acculé par un niveau d'endettement qui n'a d'égal que les mauvais choix stratégiques opérés depuis qu'il a pris les rênes du groupe. Les différentes aventures télévisuelles (Gourmet TV, La Chaîne Météo, Ma Planète, Filles TV), c'était lui. Le recentrage des activités du groupe sur le business du sport, toujours lui.

Et si ces accidents industriels ont grévé et continuent d'affecter les résultats du groupe (Lagardère Unlimited, la filiale sport du groupe affichait une dépréciation de 900 millions d'euros en 2011), que penser de la décision d'Arnaud Lagardère de monter de 5,5% à 10,3% du capital du groupe entre 2005 et 2007 alors que les cours étaient au plus haut et qu'ils n'ont cessé depuis de se déprécier.

L'héritier Lagardère serait en effet pas loin de la banqueroute... ou en tout cas aurait un besoin très présent de liquidités... D'où sa volonté affichée depuis plusieurs mois de se délester de certaines de ses participations (y compris stratégiques comme EADS), et plus récemment de sa lancer dans un marathon judiciaire face à Canal+.

Une affaire pas banale puisque c'est en sa qualité d'actionnaire de Canal+ France (il possède une participation de 20%), qu'Arnaud Lagardère a déposé plainte la semaine dernière pour exiger que la maison mère de Canal+ France, Canal+ Groupe (qui possède les 80% restant de Canal+ France) restitue 1,6 milliard d'euros de trésorerie.

Une somme rondelette pour le commun des mortels, mais qui ne doit pas faire oublier la portée réelle de la manoeuvre : Arnaud Lagardère souhaite vendre sa participation dans Canal+ la procédure en cours est surtout destinée à être un levier de négociation avec Vivendi, le propriétaire ultime de Canal+.

Comme pour EADS en fin d'année dernière, la stratégie Lagardère ressemble de plus en plus à un sauve-qui-peut avec comme objectif le démantèlement du groupe et on l'imagine une retraite dorée avec Jade sous le soleil bruxellois.


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7 réactions à cet article    


  • fred 15 février 2013 19:03

    J’avoue...


    • paul 15 février 2013 20:17

      « Nono », la catastrophe industrielle d’ EADS . Que dire de plus .
      Ah si : Nono revend 3/4 des actions qui lui restaient ( 7,5 % ), ce qui lui laisse 1,2 Md pour voir l’avenir avec Jade .
       Accessoirement, l’Etat se désengage un peu plus du groupe ( 12 % ) au profit des actionnaires privés comme le Qatar, toujours dans les bons coups ....
      BAE et Boeing n’ont rien à craindre d’un groupe aéronautique européen « d’intérêt stratégique » .



      • Scual 15 février 2013 21:24

        Voila une preuve que les régimes monarchiques sont inefficaces.

        Il va un jour falloir repenser cette question des héritages. De l’immobilier et du pognon pourquoi pas, et encore qu’il doit il y avoir une limite, mais un empire industriel faut pas déconner. La compétence et le mérite ne se transmettent pas par les gènes.

        D’ailleurs quand on voit le nombre d’héritiers de toutes sortes et dans tout les domaines qu’on est obligé de subir malgré une incompétence criante, faut pas s’étonner du degré de décrépitude de notre pays, là aussi dans tout les domaines.

        Y a comme une odeur d’ancien régime... et comme une envie de révolution.


        • Denzo75018 16 février 2013 09:42

          Comme l’a si bien dit Johny, Arnaud n’est que « le fils de » et ne sera toujours que le fils de.....

          A que Coucou !
          (Pas si bête notre Johnny !)


          • HELIOS HELIOS 16 février 2013 15:56

            .. il faut bien que les uns meurent pour que les autres naissent, non ?

            maintenant, si on considere qu’il y a des activités strategiques, ces activités NE DOIVENT PAS ETRE PRIVEES !!! point barre.


            • wesson wesson 16 février 2013 15:59

              Bonjour l’auteur, 


              il faut peut-être replacer votre article dans le contexte du capitalisme à la Française. 

              En définitive, la France a toujours fait un capitalisme très familial, ou les grands groupes sont dirigés par de grandes familles qui se perpétuent de génération en génération. 

              D’ailleurs, si on y regarde bien, il n’y a guère que Xavier Niel (PDG de Free) qui est objectivement parti de pas grand chose pour au final monter le groupe Free (au passage, en disant merci au minitel rose). 

              Pour les autres grands groupes Français, les familles françaises se les transfèrent de père en fils. Derrière chaque grand dirigeant, grand propriétaire, vous avez à la base une famille qui était déjà très riche.

               Toutefois, de temps en temps (en fait assez souvent), on tombe sur « un fin de race ». 

              Jean-Luc Lagardère est mort de manière prématurée et totalement imprévue. Peut-être avait-il vu que son fils ne faisait pas le poids, mais il n’a pas eu le temps de mettre son groupe à l’abris par l’intermédiaire d’une fondation - comme est en train de le faire Bernard Arnaud pour le groupe LVMH.

              Donc, effectivement, Arnaud Lagardère devra probablement bazarder le groupe que son père a créé, mais d’un autre coté il en tirera quelques centaines de millions d’euros, ce qui devrait lui laisser de quoi pour ses fredaines personnelles. 

              Par contre, le vrai changement dans cette histoire, c’est que l’état Français qui d’ordinaire se portait acquéreur laisse rentrer dans le capital de ces sociétés critiques des gens qui n’ont rien à y faire. C’est objectivement nouveau, et c’est un réel danger pour la France.


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