Arrêtez les manifs !
Lundi matin, pour une fois, je me lève un peu tard. Je mets ma radio préférée (enfin par défaut), Inter à 9h pour les infos.
On parle des routiers, des équidés, de l’Ukraine etc… des manifs du jour quoi.
Pardon ?
La manif d’hier ? Laquelle, celle qui a fait 7 ou celle qui a fait 100 000 ? Ah, la manif pour la révolution fiscale ? Ben non, rien, on s’en fout à part pour parler d'une polémique sur la façon qu'a TF1 de traiter l'info une demi-heure avant la manif.
Bon, passons à la visite des premières pages de sites d’infos : ben rien, ou alors, un reste de la veille. On s’en cogne, on s’en tape, on s’en balance. Sauf sur le site de l’Huma, évidemment qui fustige d’ailleurs les derniers moments où on a parlé de la manif : les invitations des socialistes pour la dénigrer.
Allez, j’arrive au boulot et j’essaie d’en parler… Pour info, mes collaborateurs/trices, chefs et collègues sont des gens comme tout le monde, non syndiqués et qui s’informent moyennement. Résultat : rien ! Ils sont plus au courant de la manif des centres équestres et des bonnets rouges que des 100 000.
Bref, ou veux-je en venir, au risque de me faire taillader un costard par les copains ?
Ici : Il faut arrêter de croire qu’on va changer quelque chose avec ces actions d’un autre âge. A moins d’une révolution armée, qui n’est pas encore d’actualité, ces révolutions, grèves et autres protestations sont inaudibles. Cette manif d’hier a convaincu qui de plus que ceux qui étaient déjà convaincus ? Elle a donné quel message au pouvoir ? Rien !
Au mieux, ces actions rapportent quelques dizaines de voix, au pire elles coûtent extrêmement cher aux partis ET aux militants qui y sont souvent de leur poche.
Et qu’on ne me dise pas qu’on grignote des voix, c’est faux, on en perd. Ce qui marche aujourd’hui c’est ce qui fait marcher les médias et les réseaux sociaux. Il leur faut du qui tâche, du sensationnel, du gras, du qui énerve.
Pourquoi un roumain qui touche 200 € quand il se fait expulser fait hurler les vrais populistes alors que de savoir qu’Amazon paie 7% d’impôts ne fait réagir personne ?
Analysons encore une info récente :
Nouvelle Donne vient de créer son parti, bon c’est du Parti de Gauche light, mais ça existe et ça va attirer quelques socialistes de gauche. Bref, ces gens-là ont de bonnes entrées dans les médias ce qui fait qu’en quelques heures vendredi dernier, ils engrangent quelques milliers de sympathisants. Et puis…. Pschiiiitttt… Pourquoi ? Parce que ce sont peut-être d’excellents communicants à la télé mais des gros nuls sur le net, sur Facebook ou sur Twitter, et je l’ai écrit partout pour les faire réagir mais rien à part 2h de discussion sur Facebook prévues vendredi prochain.
C’est peut-être là qu’il faudrait chercher à agir. Comment a fait l’extrême droite depuis quelques années pour devenir « populaire » au point que les médias la traite comme des citoyens « normaux » ? Elle a créé des organes de communication sur le net. Novopress en est un exemple flagrant. Pseudo agence de presse qui abreuve les réseaux sociaux d’articles de presse orientés, elle est citée partout. Allez discuter sur des forums sans aucun intérêt politique comme le journal du net. Dès qu’il y a un sujet de société, des trolls d’extrême droite viennent abreuver la discussion avec des rengaines basées sur des mensonges mais qui paraissent tellement vrais au clampin qui est en train de chercher comment sauvegarder sa dernière lettre aux impôts.
D’un autre côté, regardez les sites institutionnels des partis de Gauche : on étale son programme et ses idées mais ça n’attire personne de l’extérieur sauf s’il est très motivé. Regardez le site du Front National (mais n’y restez pas !) : ça pète à la gueule, ça donne envie de se battre. Regardez le site du NPA ou du PG, on a l’impression de lire l’huma mais certainement pas de se battre !
Si c’est la solution ou une partie de la solution, alors il faut créer une force « militarisée » dans le sens outillée et bardée de méthodes stratégiques pour agir et contrer, autant dans le sens de la diffusion d’idées que dans le sens de la défense contre les idées nauséabondes. Dès qu’un commentaire avance sur le net, le contrer avec une vérité ou un fait. La vraie gauche a déjà les outils mais tout le monde a les mêmes, il faut les optimiser, harmoniser les techniques, mettre en place une stratégie d’action/réaction et pour cela créer une « équipe de choc ».
Mais cette équipe doit être unitaire, ça ne peut être des actions isolées. Une sorte de Front de Gauche Numérique avec le Parti de Gauche, Nouvelle Donne, avec les socialistes de Gauche, avec la FASE, le NPA, même avec l’UPR ou le PT …
Et quand la gauche saura maitriser l’Internet, on pourra refaire des manifs monstres en complément !
Voilà donc ma proposition : un Groupe d’Action Numérique de Gauche (bon là, GANG, ça pète un peu, faudra trouver autre chose) réunissant des experts du net (comme ceux des Anonymous qui viennent de détruire un groupe de sites pédophiles) autant des programmeurs que des spécialistes des réseaux sociaux, que des communicants … réunis sous une forme associative quelconque et provenant des divers groupes politiques ou associatifs de gauche. Ce groupe aura deux missions :
- informer de ce qui nous révulse grâce à un organe de presse : dérives du libéralisme, des banquiers, des grands patrons, mensonges de l’extrême droite etc.
- répondre avec arguments et vérités dès qu’un mot clé apparaît sur les forums ou les réseaux sociaux.
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