AstraZeneca : Un mauvais vaccin ? (Pour tout le monde ?)
Les médias et le gouvernement s'obstinent à nous expliquer que le vaccin AstraZeneca est sûr, et que son rapport bénéfices/risques est très favorable. Chez les personnes de moins de 55 (60 ? 65 ?) ans, ce mantra a de quoi interroger. Pour l'anecdote, les Etats-Unis n'ont toujours pas donné leur feu vert à ce vaccin : ils ont fabriqué des millions de doses, mais ne les utilisent pas, et envisagent même de les envoyer à l'étranger pour s'en débarrasser...
MASCARADE MEDIATIQUE
Lundi dernier, la France a suspendu l'utilisation du vaccin AstraZeneca à cause d'un doute sur le lien possible entre son utilisation et des cas de thromboses, dont certaines ont été mortelles en Europe. Le gouvernement a décidé d'attendre la décision de l'Agence européenne des médicaments (EMA), avant de lever cette suspension. Le mardi, Emer Cooke, la directrice exécutive de l'EMA, se voulait rassurante et nous expliquait que les bénéfices l'emportaient sur les risques. Elle laissait entendre, en gros, que l'EMA allait donner un avis favorable à la poursuite de l'utilisation de ce vaccin. Le gouvernement n'avait pas trop de doute sur le sujet. Jeudi, l'EMA a donné son feu vert comme prévu. Jeudi 18 mars, France Info : « Le vaccin "n'est pas lié à une augmentation des cas de caillots sanguins", a indiqué Emer Cooke [...] mais un lien "ne peut être exclu définitivement". » Pour résumer, l'EMA n'en sait rien ! Mais les gros médias et le gouvernement ne se cassaient pas la tête, et reprenaient tous en cœur : « Le vaccin est sûr et efficace ».
Le vendredi, les vaccinations AstraZeneca reprenaient... Tout cela n'était évidemment qu'une grande mascarade médiatique destinée à démontrer aux citoyens que s'il y a danger, Emmanuel Macron est capable de taper du poing sur la table pour dire « On arrête tout ! ». Mais, dans cette jolie séquence, Emmanuel Macron savait très bien que tout reprendrait...
Emer Cooke a d'ailleurs donné son avis avant celui de son agence. A mon sens, une bonne instance scientifique a un devoir de neutralité, se doit d'étudier les données en profondeur, se doit de prendre le temps de la réflexion... Franchement, je doute que tout cela ait été possible en si peu de jours...
LIEN POSSIBLE ENTRE VACCIN ASTRAZENECA ET THROMBOSES
Le 19 mars, sur le site Univadis : sur « la base des chiffres pré-COVID, il a été calculé que moins d'un cas déclaré de DIC [coagulation intravasculaire disséminée] aurait pu être attendu le 16 mars parmi les personnes de moins de 50 ans dans les 14 jours suivant la réception du vaccin, alors que 5 cas avaient été signalés. De même, on aurait pu s'attendre à 1,35 cas de CVST [thrombose des sinus cérébraux] en moyenne dans ce groupe d'âge alors qu'à la même date limite il y en avait eu 12. »
Le 18 mars, quelques heures avant l'intervention d'Emer Cooke, sur le site de Le Monde, un article titrait : « AstraZeneca : des chercheurs norvégiens établissent un lien entre le vaccin et les thromboses ». « Nous avons obtenu des résultats susceptibles d’expliquer l’évolution clinique de nos patients hospitalisés, a déclaré jeudi le professeur Pal Andre Holme. Ces résultats soutiennent l’hypothèse, que nous avions avancée plus tôt, selon laquelle ces patients ont développé une forte réponse immunitaire, ce qui a conduit à la formation d’anticorps, qui peuvent affecter les plaquettes et ainsi provoquer un thrombus [caillot sanguin]. » Le journal précisait : « Lundi, les autorités sanitaires du royaume [de Norvège] avaient annoncé le décès d’une des trois personnes, hospitalisées quelques jours plus tôt, après avoir reçu le vaccin AstraZeneca. Il s’agit d’une soignante, de moins de 50 ans, en bonne santé jusque-là. Les médecins norvégiens enquêtent, par ailleurs, sur un second décès, chez un quatrième patient, un soignant d’une trentaine d’années, qui a succombé à une hémorragie cérébrale vendredi, quelques jours, lui aussi après avoir été vacciné. »
Le 18 mars, Axel Kahn, généticien, sur le site de l'Usine Nouvelle : « Dès novembre, je vous avais signalé qu’il fallait faire très attention avec les vaccins vivants adénoviraux [tels que le vaccin AstraZeneca], je ne peux que le confirmer. Dans ce cas-là, l’analyse la plus probable – ce n’est pas une certitude – est que les difficultés sont liées au choix du vecteur : l’adénovirus de chimpanzé. […] D’emblée, lorsque j’ai vu les premières données de l’injection du vaccin d’AstraZeneca chez les jeunes soignants et soignantes, j’ai été très étonné car 30 à 40% d’entre eux étaient le lendemain dans leur lit avec 38-39° de fièvre et des douleurs. […] Des cas très rares, mais éventuellement mortels, de coagulation intra-vasculaire avec thrombopénie et thrombose de sinus veineux cérébraux ont été notés dans plusieurs pays après une vaccination par le produit d’Astra-Zeneca. Ils sont plus fréquents que dans la population générale. Une trentaine de cas ont été rapportés, dont sept en Allemagne (six femmes, deux décès). C’est peu sur des millions de personnes vaccinées, mais sans doute spécifique car cette affection thrombotique grave est très rare et la survenue de cas groupés chez des personnes vaccinées ne semble pas pouvoir relever du hasard. Mon hypothèse est qu’ils pourraient constituer une complication exceptionnelle du syndrome infectieux habituellement bénin déclenché par l’adénovirus. »
Le vaccin AstraZeneca semble avoir plus d'effets indésirables graves chez les jeunes que chez les personnes âgées, car leur système immunitaire (« en pleine forme ») réagirait trop fortement au vaccin. Ce qui pourrait expliquer pourquoi les thromboses et les décès observés après injection ont surtout été constatés chez des personnes de moins de 55 ans. D'ailleurs, dans son avis du 19 mars, la Haute Autorité de Santé se sent obligée de reconnaître : « L’EMA a [...] identifié un possible surrisque de TVC/CIVD chez les personnes de moins de 55 ans. »
RAPPORT BENEFICES/RISQUES DOUTEUX CHEZ LES JEUNES
Premier point : Attention à l'enfumage. Pour connaître l'efficacité d'un vaccin, il faut administrer ce vaccin à un groupe de milliers de personnes et administrer un placebo à un autre groupe de milliers de personnes. Puis, on compare, après administration, le nombre de malades du Covid dans le groupe vacciné et dans le groupe du placebo. Avec cette méthodologie, le vaccin AstraZeneca est efficace à 62,1 % (source : Vidal.fr ). Pour convaincre, certains s'amusent à chercher les chiffres les plus en faveur du vaccin AstraZeneca, et vont jusqu'à nous donner le taux d'efficacité du vaccin sur les hospitalisations entre le 28e jour et le 34e jour après injection... Franchement, difficile de comprendre l'intérêt d'un tel chiffre, sur une période de seulement 6 jours... Du bricolage ! Puis, par un tour de passe-passe médiatique, dans la tête des gens, l'efficacité du vaccin monte de 62 % à 94 % !
Second point : On ne connaît pas la durée de la protection offerte par les vaccins contre le Covid. Plusieurs scientifiques ont l'intuition que ces vaccins pourraient avoir une durée d'efficacité similaire au vaccin contre la grippe, c'est-à-dire environ 6 mois. En France, le Covid a tué environ 92000 personnes en un an (source : Santé Publique France, 22 mars 2021). Ce qui nous donne environ 46000 personnes sur 6 mois. 1% des décès sont constatés chez les moins de 45 ans. On peut donc estimer, à vue de nez, qu'en France, sur une période de 6 mois, le Covid a tué environ 460 personnes de moins de 45 ans...
ET MAINTENANT, UN PEU DE MATHS :
Prenons un groupe A de 300 000 personnes âgées de moins de 45 ans, et ne vaccinons personne. Imaginons une maladie Z qui tuerait environ 460 personnes en France de - de 45 ans, en 6 mois (comme le Covid). 460 personnes sur 36 millions de Français âgés de moins de 45 ans (source : INSEE), soit, dans cette tranche d'âge, 1 Français sur 78 260. Dans notre groupe de 300 000 personnes non vaccinées, la maladie Z ferait donc environ 4 morts.
Maintenant, prenons un groupe B de 300 000 personnes âgées de moins de 45 ans, et administrons à tous les membres de ce groupe un vaccin X. Vaccin X qui aurait une efficacité de 62 % contre la maladie Z, et ce pendant une période de 6 mois. Imaginons que sur ces 300 000 personnes, le vaccin provoque un décès à cause d'un effet indésirable Y. Mais n'oublions pas que le vaccin X n'est efficace qu'à 62 %, c'est-à-dire grossièrement que l'on peut s'attendre à « retrouver » 38 % des 4 morts du groupe A, soit environ 1,5 mort à ajouter.
En résumé, dans ce modèle théorique, composé de deux groupes de 300 000 personnes âgées de moins de 45 ans, le vaccin X permet de réduire le nombre de morts de 4 à 2,5. Le rapport bénéfices/risques reste favorable, mais de là à parler d'un très bon vaccin, il y a de la marge ! Si le vaccin tue 1 personne sur 150 000 au lieu de une sur 300 000, on sent bien que le rapport peut basculer... Tout comme si l'épidémie Z ralentit (en particulier, l'été) et fait, sur la période, 200 morts au lieu de 460 chez les – de 45 ans... Sans oublier que le vaccin X aurait été mal étudié, et que beaucoup d'inconnues demeurent quant à ses effets indésirables à moyen et long terme... Ainsi, il faut parfois plusieurs années pour établir un lien entre une pathologie auto-immune complexe à diagnostiquer (type myélite transverse) et un médicament ; et d'autres effets indésirables pourraient s'ajouter à ceux qui sont actuellement déclarés. Au final, pour les - de 45 ans, ne serions-nous pas dans une fourchette où la balance bénéfices/risques peut basculer d'un côté comme de l'autre ? Pour cette tranche d'âge, ne serait-il donc pas préférable, plutôt que d'utiliser le vaccin X, d'attendre un vaccin W, plus sûr ?
Derrière tous ces calculs, il est quand même assez gênant qu'une jeune maman en bonne santé puisse mourir quelques jours après avoir reçu un vaccin. Derrière le drame d'une jeune femme, il peut aussi y avoir celui d'une famille : d'un mari, d'enfants, de parents... Transformez ce décès statistique en roman, et vous retournerez l'opinion ! On peut relativiser les chiffres, affirmer qu'à l'échelle d'une population, il y a plus de bénéfices que de risques. Pour ma part, je pense qu'il aurait été préférable d'administrer un vaccin plus sûr à cette jeune maman, quitte à attendre quelques semaines de plus...
Pour le moment, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande (discrètement) de ne pas utiliser le vaccin AstraZeneca chez les moins de 55 ans (preuve que le doute sur les thromboses est fondé...), mais son avis « sera revu prochainement », et il est possible qu'au nom de la balance bénéfices/risques, le vaccin AstraZeneca soit de nouveau recommandé chez les moins de 55 ans, voire rendu obligatoire, notamment chez les soignants (Le Monde, 4 mars). La coccasserie est que les essais cliniques les plus solides du vaccin AstraZeneca se basent sur des études réalisées presque exclusivement chez des personnes de moins de 55 ans... et qu'ajourd'hui, la HAS ne le recommande qu'aux plus de 55 ans ! Faisons confiance aux apprentis-sorciers, et soyons de gentils cobayes...
Mat l'Electron (qui a fait quelques années d'études médicales...), 22/03/2021.
Cet article est la suite de : Vaccin AstraZeneca : est-il permis de douter ? Myélites transverses, études bâclées, caillots sanguins...
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