Astuces pour détecter les arnaques sur les marchés d’été sans devenir paranoïaque
C’est l’été, chaussé de vos plus belles tongs, vous déambulez le long du marché.
Les odeurs de lavande, le fumet des saucissons, la saveur du nougat, la senteur des savons de Marseille, tout vous rappelle le bonheur d’être en vacances.
Vous succombez, vous achetez, mais il y a une chance sur deux pour que le produit ne corresponde pas exactement à vos attentes. Je suis vendeur sur les marchés et je connais bon nombre de petites astuces qui visent à vous tromper. Voici comment éviter ces grandes et petites arnaques et continuer à prendre du plaisir aux marchés estivaux.
Petits mensonges légaux
Parmi les petits mensonges figure l'utilisation de la désinformation du public. Le savon de Marseille, par exemple, n’est pas une marque déposée. Il peut très bien provenir de Chine et de Hongrie sans que la répression des fraudes le sanctionne. Il n’existe réellement que 4 fabricants à Marseille qui continuent à produire le savon de manière traditionnelle.
Les herbes de Provence arrivent des 4 coins du monde, car le nom est tombé dans le domaine public et ne représente donc pas un gage de son origine. Vous pouvez payer très cher un origan chinois ou d'origine inconnue, légalement.
Lorsque l’origine du nougat n’est pas de Montélimar, il est souvent composé de glucose et non de miel. Son prix peut alors atteindre des sommets jusqu’à 90 euros le kilo, voire plus. De plus, méfiez-vous d’un tarif annoncé pour 100 grammes, car ce nougat de mauvaise qualité pèse très lourd.
Le saucisson de pays, comme le saucisson corse par exemple, autorise l’utilisation de porc polonais ou roumain à condition que la transformation se fasse sur place. Ceci est légal et permet au revendeur de dégager une très belle marge. De plus, lorsque vous achetez un lot de saucissons à 10 euros les 3 il s'agit sans aucun doute d'une fabrication industrielle. Dans ce cas, le boucher ressemble plus à un conducteur de machines-outils.
Véritables « arnaques »
Les véritables escroqueries existent et malheureusement elles propagent une idée négative des marchés et des forains. Cependant, le travail de la répression des fraudes sur le terrain vise à éradiquer ce genre d’escroqueries.
On trouve parfois sur les étals des fruits et légumes étiquetés « bio et local" déchargés de camions espagnols le matin même. Les parades à cette escroquerie sont peu nombreuses et vous devez vous montrer vigilants. Parfois, il suffit de quelques questions précises, auxquelles un revendeur malhonnête ne saura pas répondre.
Méfiez-vous aussi de l’huile d’olive de Provence qui vient d’Espagne. Pour cela, vérifiez l’étiquette pour consulter l’AOC. Attention aussi à la bouteille qui sort du carton qui peut être différente de celle présentée sur l’étal.
Souvent, la tromperie se cache derrière le prix qui est habilement dissimulé ou indiqué pour 100 grammes. La parade dans ce cas est d’avoir une idée de prix pour un produit de très bonne qualité. Ainsi, les célèbres olives noires de Nyons (AOP) sont vendues autour de 15 euros le kilo sur leur lieu de production. On peut trouver des olives d’importation de piètre qualité à 6 euros les 100g sur certains étals.
Le nougat de Montélimar de bonne qualité coûte environ 20 euros le kilo, alors que le nougat chinois peut se vendre à 8 euros les 100 g. On retrouve ces petites arnaques pour d’autres produits proposés à la coupe comme le fromage ou la charcuterie. Pour rappel, l’affichage d’un prix au kilo ou au litre est obligatoire en France.
Vrais et bons produits locaux
Heureusement, il existe sur les marchés des vendeurs et des producteurs qui proposent des produits d’excellente qualité. Leur point commun est que cette qualité ne s’accompagne que très rarement d’un prix au rabais. Produire un excellent saucisson artisanal nécessite d’élever ses propres cochons, de leur garantir une alimentation saine et donc d’investir beaucoup de temps. Vous retrouvez alors dans votre assiette le goût du savoir-faire.
Un nougat traditionnel est fabriqué à base de miel (et non de sirop de glucose) et de fruits secs. Le prix d’un kilo de miel est d’environ 15 euros alors qu’un kilo de glucose revient à 3 ou 4 euros, ceci explique largement les différences de tarif, sans compter qu’en proposant des nougats « exotiques » certains revendeurs s’affranchissent des amandes, bien trop chères à leurs yeux.
Faites confiance à ceux qui produisent ou même à ceux qui annoncent clairement pratiquer la revente, c’est déjà un gage d’honnêteté. Le bon sens vous sauvera et vous orientera vers ce qui est produit localement. Optez pour le fromage de chèvre du village voisin plutôt qu'un comté du Jura quand vous achetez en Ardèche. Enfin à l’heure d’internet, vous pouvez facilement vérifier que vous ne payez pas un prix excessif pour l’objet de votre convoitise.
Vous voilà informés pour arpenter sereinement les marchés estivaux. Évitez d’alimenter cette course aux petites arnaques. Encouragez les petits producteurs et les artisans, ils représentent l’essence de ce que l’on apprécie le long des étals. Offrez-vous ce plaisir qui contribuera au leur.
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