Atatürk, de Gaulle même combat !

Le 10 novembre 1938 à 9 heures 5, Atatürk est décédé dans le palais de Dolmabahçe à Istanbul. Ce matin une cérémonie officielle a eu lieu à Ankara, dans l’ Anitkabir, le "Panthéon" construit en souvenir d’Atatürk : le président Gül, en présence notamment du Premier ministre, du président de l’Assemblée nationale, du commandant en chef de l’armée, du président du Conseil constitutionnel..., a déposé une gerbe. Cette cérémonie a été retransmise par la télévision publique TRT qui a ensuite présenté des émissions sur la vie du grand homme d’Etat.

Mustafa Kemal Atatürk est à la fois le général qui a commandé dans les Dardanelles, puis celui qui avec l’armée et le peuple turc a remporté la victoire sur les armées alliées, française, anglaise, grecque, italienne ; puis il a créé en 1923 la République laïque de Turquie, fait adopter l’alphabet latin, donné le droit de vote aux femmes, bien avant que de Gaulle fasse de même en France, et beaucoup d’autres choses encore... Voilà pourquoi la Turquie se souvient de lui.

Bien entendu ce sujet n’a pas été évoqué dans les médias français : pendant le week-end, c’est bien connu, on ne parle que de sport à la télévision ! Le problème c’est qu’ils n’ont pas beaucoup parlé de l’anniversaire du décès du général de Gaulle, le 9 novembre 1970. Le président Sarkozy est allé hier sur la tombe du général à Colombey-les-deux-Eglises. Mais ce matin les télés préféraient repasser en boucle les images du président s’engueulant avec un syndicaliste ou faisant un discours devant Eric Besson, les sarkozyens de gauche et les ministres du gouvernement. On n’a que les images qu’on mérite ?

De Gaulle et Atatürk, décédés à 1 jour d’intervalle, ont beaucoup de points communs : ils ont l’un et l’autre sauvé leur pays, ils ont l’un et l’autre été ensuite des hommes de paix : de Gaulle a été l’homme de la réconciliation franco-allemande avec le chancelier Adenauer, puis a réalisé la décolonisation au Mahgreb et en Afrique ; Atatürk a noué des relations d’amitié avec son ennemi d’hier, le Premier ministre grec Vénizélos, au point que Vénizélos a présenté la candidature d’Atatürk au Prix Nobel de la Paix ! Il a ensuite accueilli en Turquie beaucoup de juifs allemands qui fuyaient l’Allemagne nazie.

Regardant ce matin la retransmission des cérémonies en l’honneur d’Atatürk sur la chaîne turque TRT, je pensais que la République française ferait bien de suivre l’exemple de la Turquie ; le moins serait que les chaînes de télévision publique fassent un peu plus pour célébrer le souvenir du général de Gaulle le 9 novembre prochain ! Mais en nos temps modernes, la "Patrie reconnaissante" existe-t-elle encore en France, ailleurs qu’au faîte du Panthéon ?