Attentats du 13 novembre : à la fois prévisibles et inévitables
Les attentats du 13 novembre étaient à la fois prévisibles et inévitables. Par quelle magie ? C’est la conséquence d’une succession de petites et grandes lâchetés - et d’une erreur stratégique majeure.
Prévisibles, ces attentats l’étaient depuis le renoncement de la France à sa grande « politique arabe ». Cette politique étrangère plutôt pro-arabe, mise en place par le général de Gaulle dans la foulée de la décolonisation, fut poursuivie par ses successeurs jusqu’à Jacques Chirac inclus. Il est à noter que cette politique était loin d’être non-sens compte-tenu de la forte population d’origine arabo-musulmane accueillie par la France dès les années 60. Elle a contribué à la paix sociale du pays.
Tout change en 2007 avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy au Pouvoir. L’une de ses premières décisions est de réintégrer la France dans le commandement intégré de l’OTAN (annonce faite le 7 novembre 2007). Dès lors, la politique arabe de la France passe par la fenêtre et sa politique étrangère va s’aligner de plus en plus sur celle des Etats-Unis, dont le Président est un grand admirateur.
La passivité de la diplomatie française dans la résolution du conflit israëlo-palestinien et l’intervention en Libye de 2011 sont l’illustration de ce tournant.
François Hollande a poursuivi dans la voie tracée par son prédécesseur en bombardant avec beaucoup de désinvolture les positions de Daesh en Syrie, à partir de septembre 2015. Nul doute que les Américains, les Russes et les Iraniens, déjà à la manœuvre depuis longtemps dans la région, attendaient avec impatience l’intervention de la France et de sa douzaine d’avions…
L’abandon de la grande politique arabe de la France est intervenu au plus mauvais moment, alors que nous étions sans doute le pays occidental le mieux placé pour jouer un rôle positif dans un dialogue Islam – Occident de plus en plus tendu.
Inévitables, ces attentats le sont devenus en raison d’une incroyable série de lâchetés et de reculs de la République depuis 30 ans.
Le premier crime contre la République a été commis en plein jour par Jacques Chirac lorsqu’il a annoncé la fin de la conscription le 28 mai 1996. Si cette décision pouvait sembler justifiée dans le contexte de l’après guerre froide ; il était prévisible qu’elle aurait des répercussions sur l’assimilation de toute une génération.
Depuis, les banlieues n’ont cessé de se ghettoïser pour aboutir aux émeutes d’octobre 2005. Trois mois plus tôt, Nicolas Sarkozy en visite à La Courneuve aboyait encore et promettait de « nettoyer tout ça au Kärcher ». Il récidive en juillet 2010 lors du fameux discours de Grenoble à l’occasion duquel il déclare la « guerre » à la délinquance – rien de moins. Mais dans le même temps, il réduit massivement la capacité militaire et les forces de sécurité intérieures de la Nation. Près de 10 000 postes sont supprimés dans la Police (1) et la Gendarmerie et 30 000 dans les Armées entre 2007 et 2012.
En fait, derrière ces postures martiales, les politiques de droite et de gauche ont tenté de profiter de l’essor de l’Islam dans les quartiers pour acheter la paix sociale. « Surtout pas de vagues » devient le nouveau mot d’ordre et tant pis si cet essor de l’Islam s’accompagne d’une ressentiment croissant à l’égard de la République.
François Hollande ne fera à peu près rien pour corriger l’héritage calamiteux de son prédécesseur. Ses grandes annonces de recrutement dans les forces de l’ordre, consécutives aux attentats du 13 novembre, ne feront que ramener leur niveau à ce qu’il était au moment de l’arrivée de Nicolas Sarkozy au Pouvoir en 2007…
François Hollande et Laurent Fabius n’ont de cesse que de répéter que Bachar el Assad ne peut faire partie de la solution en Syrie car il est à l’origine du problème. Peut-être ferait-il bien de se demander si cette sage maxime ne s’applique pas également à eux-mêmes - et à leur prédécesseur…
Car en effet, on est en droit de se demander si la solution peut venir de ceux-là mêmes qui ont laissé le communautarisme se développer par lâcheté (la droite) ou par calcul politique (la gauche), et contribué à l’affaiblissement de la République avec des motivations souvent bassement budgétaires ou électoralistes.
Mais puisqu’on nous assure que le vote pour les représentants de ces partis serait le seul votre « républicain »…
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