Au-delà du délire
Parfois, on tombe sur des trucs si drôles qu'ils vous illuminent la journée comme un soleil d'automne dans les bois parfumés.
Après ces mois torrides dans notre pauvre France, dévastée esthétiquement par les incendies de cathédrales et maintenant d'usines, polluée par les figures blêmes de nos politocards nocifs ; un genre de flux ultra-tempéré propice aux rêveries, à peu près comme l'été indien canadien - sans Greta Thunberg et ses zombies - prélude souvent d'une bonne nuit réparatrice, avec température idéale & poings fermés.
Ah, c'est si bon de dormir…
Car je dois absolument vous faire part d'une expérience rare qui j'espère vous ravira tout autant que moi.
Comme un commentaire en modération m'a conseillé de réserver mon avis sur un chanteur dont vous connaîtrez le nom plus bas au réseau YouTube, je tiens à préciser qu'il ne s'agit pas ici de déclamer mon avis personnel, certes subjectif...
Mais du partage d'une découverte in-ouïe : de in, privatif latin et de ouïe, pas celle du poisson ; celle des oreilles.
En gros, ce que vous allez entendre si vous lisez jusqu'au bout dépasse les critères courants de ce qu'il est convenu d'appeler la variété française, enfin presque, puisqu'il s'agit de la reprise, si on peut dire, d'une chanson anglaise par un chanteur français...
Voilà.
Il y a quelque temps, Patriiq traversa la Manche, s'introduit au Royal Albert Hall et là, emporté par l'inspiration, accomplit l'inimaginable. De fait, c'est un peu à cause des soubresauts webiques engendrés par l'affaire du massage Corse de Patriq, qui se serait laissé aller à des suppliques salaces envers l'employée palpeuse d'épiderme de vip, que je suis tombé sur ce youtubage extravagant de 2mn35 de bonheur.
Royal Albert Hall, vue centrale
Le titre du clip piraté aurait dû me mettre la puce à l'oreille pourtant ; ''Patrick Bruel - Life on Mars (David Bowie Cover) - Royal Albert Hall 2014 - Worst* cover ever ?
*la Pire des reprises jamais produite ???
C'est que, lors que ma voisine acheta l'album de reprises des chansons d'entre deux guerres de Patriiq, j'ai beaucoup souffert. Peut être la réminiscence de ces heures sombres où, tandis que l'occupant cruel martyrisait le Peuple de France, des chanteurs intrépides scandaient vaillamment leurs refrains impertinents aux svastikas des drapeaux nouveaux.
Après la crise de rire déclenchée par ce clip baroque et ses commentaires spirituels, -même si depuis quelques jours des commentaires limites, voire haineux sont apparus sur le fil- je pris ma voiture pour aller faire des courses, tout en revisualisant allègrement le délit scénique digne du Schpountz Fernandel qui voulant émotionner les spectateurs, les fait rire involontairement.
Recherchant le plaisir facile du rire en Suisse, en soli-terre, j'essayai de prolonger ce moment magique. De me rappeler dans la grande surface, tout en choisissant mes courses nutritives aux rayons illuminés de watts blanchâtres, la performance scénique hallucinée du brouet bruelien, impossible…
C'est tellement hors norme, hors-sol et anti musical qu'il fallut que je pioche dans ma discothèque mentale l'original de Bowie : 1971, Life on Mars ; bien rangé entre Musical box de Peter Gabriel et Little Billy de The Who, l'un et l'autre bien que très éloignés s'assemblent étrangement dans ma mémoire...
Et là, par dessus la mélodie géniale de Bowie ; se décalqua comme un chant monstrueux, un bruit, un râle inédit dont le grotesque sur-humain & l'horreur décibélique mâtinée du plus vulgaire étirement de la tessiture jamais ouï ; couinement faux oscillant entre le grincement de cordes vocales asthmatiques, le yaourt franglais et les hurlements du goret sacrifié ; envoya l'hilarité dans ma tête.
Le rire s'empara de moi incassable, c'était trop.
De sourire mental discret, de petit hoquet joyeux, nerveux et convulsif au fur et à mesure des commentaires chédoeuvriques pour certains du fil youtube, il se mua en un délire irrécupérable.
''Wow ! super Patrick, justement je cherchais un bruit pour faire partir les chats qui miaulent devant les poubelles de mon immeuble et qui pourrait aussi emmerder mes voisins, je suis ravi !''
Le moment où le fou rire t'encercle et où surtout, grisé par ces rares moments de bonheur gratuit tu t'abandonnes enfin aux larmes au Lidl.
Pourquoi au Lidl ?
Parce qu'un des commentaires sous la vidéo dit :
''Sans son réseau, ce type serait manutentionnaire au Lidl.''
Ce à quoi un autre intervenant répond :
''qu'avez vous donc contre les manutentionnaires de Lidl ?''
Mais la palme du commentaire est selon moi celui-ci ;
'' And people spend time and money for him ? He définitely has good Karma !'' *
* ''et des gens ont dépensé du temps et de l'argent pour voir ça ? Il a définitivement un bon Karma''
Je fais souvent mes courses dans ce genre de magasin hard-discount, on y trouve de tout et si évidemment les produits ne sont pas forcément hi tech ni hi-goût, dans l'ensemble on s'y retrouve.
Saisi d'une quinte de rire irrépressible, je m'esclaffai plusieurs fois au nez et à la barbe des clients étonnés, certains me regardaient comme un fou, un malade mais kimporte...
Le film du mélange détonnant entre le chef d'oeuvre absolu de Bowie et la voix de garage de Patriiq continuait à se dérouler dans ma tête.
''Les malheureux, dire qu'ils ne connaissent pas ÇA !''
Pensais-je
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