Au-delà du silence : défendre les survivantes
Dans le combat contre les violences sexuelles, un aspect souvent méconnu mais crucial mérite notre attention : la majorité des victimes sont contraintes de se soumettre à une évaluation de leur crédibilité par un collège d'experts en psychologie et psychiatrie. Cette étape, loin d'être une simple formalité, devient un défi supplémentaire dans leur quête de justice. Il est temps de remettre en question ce processus et d'aborder ouvertement les préjugés et les incompréhensions qui entravent la reconnaissance et la justice pour les survivantes d'abus sexuels
Par Aurore Van Opstal, autrice et militante féministe
Briser le silence et les stéréotypes
Notre voyage pour comprendre la stigmatisation des survivantes d'abus sexuels nous ramène à l'utilisation historique et méprisante de termes comme 'hystérie' pour discréditer les voix des femmes. Aujourd'hui, ce terme a été remplacé par 'histrionisme', un terme moderne en psychologie, mais l'effet reste le même : il sert à délégitimer et à stigmatiser les témoignages des victimes. Cette évolution sémantique masque un héritage persistant de stigmatisation, jetant un voile d'incrédulité sur les récits des survivantes et perpétuant les préjugés qui entourent les violences sexuelles.
La dure réalité des procédures juridiques
Imaginons Aurélie, une survivante courageuse, qui se présente devant la justice dans l'espoir de trouver réparation. Ce qu'elle découvre, cependant, c'est un rapport d'expertise psychiatrique dans son dossier judiciaire qui dépeint son comportement comme « hystérique ». Loin d'être une simple observation clinique, cette étiquette se transforme en un véritable affront à sa dignité et à sa crédibilité, plongeant Aurélie dans un désespoir psychologique profond. Cet exemple illustre la difficulté supplémentaire que les survivantes doivent affronter, où leur propre traumatisme est remis en question de façon insensible et potentiellement préjudiciable.
La mémoire traumatique et les "faux souvenirs"
Les études sur la mémoire, notamment celles d'Elizabeth Loftus, ont été mal interprétées, créant une confusion autour du concept de "faux souvenirs". Porter et Peace ont souligné la nécessité d'une approche nuancée dans l'évaluation des souvenirs traumatiques. La distinction cruciale entre les situations où des informations trompeuses sont intentionnellement fournies et les souvenirs traumatiques, souvent perdue, génère une utilisation indiscernée du terme "faux souvenirs".
L'histrionisme et les stéréotypes de genre
L'étiquette d'histrionisme, souvent utilisée dans les évaluations judiciaires, contribue à la perpétuation de stéréotypes nuisibles. Les écrits de Judith Herman sur la complexité du traumatisme montrent que les réactions émotionnelles intenses sont des manifestations courantes de la détresse post-traumatique.
Le piège de l'aliénation parentale
Considérons le cas de Julie, une mère protectrice qui, dans une tentative de protéger son enfant, se retrouve faussement accusée d'aliénation parentale. L'utilisation irresponsable de ce concept, qui ne fait pas l’unanimité dans la communauté scientifique, peut avoir des conséquences dévastatrices. Cette situation met en évidence le risque de détourner des termes cliniques pour servir des intérêts personnels dans des conflits familiaux, potentiellement au détriment du bien-être de l'enfant et de la justice pour la mère.
Intersectionnalité : un prisme essentiel
L'impact de ces stigmatisations n'est pas uniforme. Adopter une approche intersectionnelle est crucial pour comprendre et rectifier ces injustices.
Un appel à l'empathie et à l'action
En tant que citoyen(ne)s, nous avons le pouvoir de changer les choses. Soutenons les initiatives de formation pour les professionnels de la justice et exigeons des réformes pour une justice équitable.
Vers une société juste et bienveillante
Unissons nos voix pour créer une société plus juste et bienveillante. La justice pour les survivantes d'abus sexuels ne devrait pas être une option, mais un droit incontestable.
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