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Au pays des trolls

   Des flancs des fjords s’écoule le chagrin des dernières neiges. Ils viennent alimenter en tonnes d’eau les crevasses sombres, entailles béantes entre les montagnes faites, selon la légende par la hache furieuse d’un Viking monstrueux. Dans ces eaux profondes et noires, la voute céleste retenue par des frontières rocheuses est interdite de baignade. Plus en amont, une route démente, en équilibre au versant de la falaise d’où jaillissent de fougueuses cascades, repaire de mauvais trolls, défie le vide et invite les plus téméraires au vertige. Un ciel menaçant et changeant, passe du pastel cotonneux aux couleurs profondes et hypnotiques. Entre le crachin et les ondées, le soleil joue à lancer ses rais de lumière qui viennent frapper la roche de reflets argentés.

 Le pays d’Odin se parcourt de tunnels en ponts, de traversiers en lacets de route. L’eau, l’élément vital, est omniprésente. Entourant les terres, enlaçant des chapelets d’iles. Des troupeaux d’ovidés débonnaires croisent les touristes à moins que ce ne soit le contraire. Quoi qu’il en soit, les seconds sont plus étonnés que les premiers qui paissent dans l’indifférence quasi générale. Mais, qui est vraiment le mouton ? Les deux semblent très proches de par un comportement facilement malléable si ce n’est, au final, le type d’abattoir qui diffère. Les uns comme les autres font où ont leur dit de faire, les quadrupèdes iront du berger au boucher, les bipèdes de l’illusion de l’avoir à la chute de l’être qu’ils n’auront jamais trouvé, car jamais cherché.

 La forêt est partout, à croire qu’un acupuncteur fou a déliré sur cette contrée avec ses aiguilles de conifère. La Norvège vue du ciel est un hérisson géant vert sombre ou émeraude selon les caprices du soleil. Une canopée opale et feutrée recouvre les trois quarts du territoire et alimente en sédiment une terre lourde et grasse, humidifiée en permanence par un réseau de torrents hurleurs, veines et artères du corps nordique.

 Des villes aux maisons blanches et aux ports colorés invitent à l’image, incitent aux rêves et nimbent de douceur les paysages torturés. Des fermes rouges et bleues se reflètent dans les eaux calmes des lacs. Plantées au large de la côte, flottant sur les profondeurs des eaux froides de la mer du nord, les tonnes d’acier d’une plate forme pétrolière s’imposent sur l’étendue liquide. À L’intérieur des terres, des villages s’agglutinent autour des églises en bois cernées de pierres tombales.

 Norvège, j'aime tes nuits froides quand ton ciel fait pleuvoir ses étoiles sur l'horizon ensanglanté de tes lacs. C'est au blues de l'hiver, sur le bleu de ta glace que viennent s'effondrer les larmes des anges en aurores boréales...


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27 réactions à cet article    


  • troletbuse troletbuse 17 juillet 2018 12:21

    Une petite illustration : moi, un troll


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 17 juillet 2018 13:03

      En flamand les champignons (pas atomiques) se traduisent pas PADDENSTOEL. c’est le seul mot que j’ai retenu par coeur. C’est comique : Tabouret pour grenouille ou autres petits personnages des Forêts,...Troll vient de l’allemand. Sorte de Trickster (Jung).


      • Fergus Fergus 17 juillet 2018 13:52

        @ Mélusine ou la Robe de Saphir.

        Plutôt « chaise de crapaud » que « tabouret de grenouille », non ?


      • Fergus Fergus 17 juillet 2018 13:54

        Bonjour, Gabriel

        Merci pour cette évocation de la Norvège, l’un des pays les plus fascinants d’Europe.


        • JC_Lavau JC_Lavau 17 juillet 2018 16:31

          Se opp for trollen !


          • JC_Lavau JC_Lavau 18 juillet 2018 13:38

            @cassini.
            DOVREGUBBEN

            ...
            Sandt nok, han har kun et eneste hode ; 
            men datter min har jo heller ikke fler. 
            Tre hoders trolde går rent af mode ; 
            selv tvehoder får en knapt øje på, 
            og de holder endda kun så som så.
            ...
            ...
            Derude, under det skinnende hvælv, 
            mellem mænd det heder : « Mand, vær dig selv ! » 
            Herinde hos os mellem troldenes flok 
            det heder : « Trold, vær dig selv-nok ! »

          • Gabriel Gabriel 18 juillet 2018 14:01

            @JC_Lavau


            « Mand, vær dig selv ! » C’est bien ça le problème, qui est soi-même aujourd’hui ? 

          • JC_Lavau JC_Lavau 18 juillet 2018 14:19

            @cassini. Peer Gynt est pour les norvégiens une réserve de mots ailés, comme Hamlet pour les anglois.

             
            « Hamlet » est du reste une inversion de consonnes sur la graphie irlandaise de « Olaf ».
             
            Pas précisément évident ! 
             
            SOLVEJGBud har du skikket med Helga lille ; 
            fler kom efter med vind og i stille. 
            Bud bar din moer i alt hun fortalte, 
            bud, som yngled, der drømmene dalte. 
            Nætterne tunge og dagene tomme 
            bar mig det bud, at nu fik jeg komme. 
            Det blev som livet var sluknet dernede ; 
            jeg kunde ikke hertefyldt le eller græde. 
            Jeg vidste ikke trygt hvad sind du åtte ; 
            jeg vidste kun trygt hvad jeg skulde og måtte....
            SOLVEJGDen vej, jeg trådt, bær aldri tilbage.

          • JC_Lavau JC_Lavau 18 juillet 2018 17:02

            @arioul. L’orthographe d’Ibsen est celle du 19e siècle, 100% danoise de l’époque.

             
            La tienne est indéfinissable.
             
            Que ce soit pour le bokmål ou le nynorsk, on trouve les dictionnaires orthographiques pour Libre Office.

          • JC_Lavau JC_Lavau 18 juillet 2018 22:33

            @arioul. Ert svenska också är inte riktigt.


          • scorpion scorpion 18 juillet 2018 08:45

            Le chemin jusqu’aux glaces éternelles, jusqu’au joyau des îles Lofoten. 


            • zygzornifle zygzornifle 18 juillet 2018 12:54

              quand j’étais gosse je prenait le trolleybus ....


              • Gabriel Gabriel 18 juillet 2018 13:08

                @zygzornifle
                Le trolleybus, mais ça date de l’ère trolitique !... 


              • JC_Lavau JC_Lavau 18 juillet 2018 14:23

                @Gabriel. On dit qu’à Bergen, les tramways portent des bouées de sauvetage sur les côtés, et que les enfants naissent avec les pieds palmés.

                 
                 
                Ah non, j’ai triché, c’est à Plymouth.

              • Gabriel Gabriel 18 juillet 2018 14:32

                @JC_Lavau


                Faux les tramways se noient dans la circulation quand aux pieds, vous faites erreur, c’est fumés qu’ils sont, saumon oblige .....

              • Gabriel Gabriel 18 juillet 2018 13:11

                Merci à tous les sympathiques trolls venu lire ce modeste article...


                • JC_Lavau JC_Lavau 18 juillet 2018 14:30

                  Ce qui m’avait surpris en redescendant vers la civilisation, vers Sundalsøra, c’était les panneaux routiers « FE RIST », qui m’étaient indéchiffrables. « Fe » c’est le bétail, notamment le mouton. « Rist », c’est une grille, voire un gril.


                  Là où la route coupait des clôtures de propriétés, la route était coupée d’un gril de tubes d’acier, suffisant pour dissuader les moutons d’y engager et casser leurs pattes. Mais le danger pour l’automobile était l’adhérence réduite sur l’acier poli.

                  • Gabriel Gabriel 18 juillet 2018 14:35

                    @JC_Lavau

                    Un mouton fini toujours sur le gril ça s’appelle un méchoui quant à l’acier poli, c’est le résultat d’une bonne éducation ...

                  • JC_Lavau JC_Lavau 18 juillet 2018 16:43

                    @Gabriel. Je ne sais si vous avez remarqué, les galets, plus ils ont roulé, plus sont polis, alors que pour les cochers, c’est l’inverse.


                    Alphonse Allais.

                  • Gabriel Gabriel 18 juillet 2018 17:19

                    @JC_Lavau

                    Ne me parlez pas des cochers, je n’ai jamais rempli une seule case et puis donner c’est donner et repeindre ses volets....

                  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 18 juillet 2018 17:29

                    Joliment écrit. Mais ça doit cailler là haut...


                    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 18 juillet 2018 17:42

                      @covadonga*722

                      Salut . Moi c’est l’Islande où j’aimerais aller.


                    • JC_Lavau JC_Lavau 18 juillet 2018 18:18

                      @Aita Pea Pea. Ça dépend de la saison ! Et de la latitude et de l’altitude aussi.

                      25°C de moyenne à Oslo en juillet.

                      En fait les seuls moments où j’ai vraiment risqué ma vie, c’est pour guéer les torrents. Voire monter par la gorge jusqu’au glacier quand le torrent était infranchissable.

                      En Ecosse aussi, par crue un touriste a été viandé par le torrent en crue. Trempé et gelé, il a été contraint de demander une évacuation par hélicoptère.
                      C’est pour le second voyage en Norvège que j’ai appris à concevoir l’équipement pour qu’au point le plus froid du parcours, le sac soit vide de vêtements : tout était superposable.

                      Hivernale en Islande, Thierry dit Eraz a eu la surprise infernale d’un vent énorme, et pas un centimètre de neige par moins quinze. Même ses plus fines sardines en titane ne pouvaient pas entrer dans ce sol gelé. Le vent lui a confisqué bien du matériel, et il est rentré dès le lendemain matin, comme il a pu.

                      Une autre fois, encore une petite niche du vent d’Islande, deux skieurs avec pulkas assez lourdes, le vent enlève une pulka, qui culbute et blesse le skieur. Bivouac d’urgence, pansements, réparations...

                      Quand il y a de la neige, et si on a une pelle par skieur, on peut creuser un abri fort précieux, plusieurs techniques sont connues et ont leurs partisans. Mais s’il n’y a même pas de neige pour s’abriter...

                      En été, la première année, j’ai vite compris l’intérêt du hamac, pour bivouaquer à l’étage forestier. Mais même la seconde année, je n’avais pas encore l’équipement satisfaisant. Ça existe à présent, mais voici cinquante ans on ne trouvait pas.

                    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 18 juillet 2018 18:31

                      @JC_Lavau

                      Bonsoir et merci. Pour l’Islande si j’y vais ce sera l’été, mais j’imagine bien que le temps étant changeant je prévoirai du chaud en secours. C’est le côté ile au milieu de l’Atlantique Nord qui m’attire .Me retrouver au milieu de rien...


                    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 18 juillet 2018 18:38

                      @Aita Pea Pea J’ai mis votre lien au chaud,le lirais demain.


                    • JC_Lavau JC_Lavau 18 juillet 2018 18:50

                      @Aita Pea Pea. En Islande aussi, plein de témoignages émus sur les gués, bien glacés.


                      Une des randonneuses avait choisi de remplacer pour chaque gué ses chaussures de marche par la combinaison chaussettes de néoprène + sabots Kroks. Puis bien sécher après le gué. Les sabots servent au camp de fin de journée, les pieds s’aèrent.

                    • JC_Lavau JC_Lavau 18 juillet 2018 18:52

                      @Aita Pea Pea. Pour les gués, les cannes de marche servent énormément.

                      Ne pas les choisir fragiles !

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