« Au secours, Monsieur Johann Strauss ! - La chauve-souris est en péril ! »

Pourquoi ?
Pour implanter un énième centre commercial.
Parmi toutes les tragédies qui nous sont relatées quotidiennement, le sort de chauves-souris peut paraître anodin. Je ne discerne donc pas la raison pour laquelle mon cerveau facétieux s’est mis à extrapoler à partir de cette information, je ne m’explique pas la raison de tout un envol d’idées inspirées par ce dol prémédité contre les chauves-souris savoyardes.
« C’est pour créer des emplois. » Brament les patrons des grandes surfaces, omettant d’évoquer (en toute innocence, soyez en certains) les bénéfices qu’ils attendent de nouveaux locaux voués au culte du négoce.
C’est incroyable comme la création d’emploi est une argutie dont n’hésitent pas à abuser tous les « maquignons » pour obtenir l’implantation de leur commerce ou de leur industrie. Comme il est tout aussi délirant de constater régulièrement la facilité avec laquelle ils licencient leurs employés dès que leurs profits sont menacés.
Ne serait il pas plus véridique de proclamer : « C’est pour créer des exploités » ?
Mais je digresse et il est temps de revenir au sujet de cette chronique : Qui l’emportera du chiroptère gêneur ou du commerçant charmeur ?
Hélas, ! Que les souris volantes savoyardes soient d’une espèce rare ne les sauvera pas et je m’en vais vous le démontrer.
Quelle est la religion qui régit notre 21ième siècle ? Le commerce.
Le commerce n’est pas déifié ; le commerce est Dieu.
La présence des chauves-souris savoyardes contrarie le commerce ; les ardents zélateurs du business susurrent :
« C’est pourtant pas compliqué ; y’a qu’à déplacer les chauves-souris. ».
« déplacer »
Voilà le Verbe lâché qui va déterminer le sort des chauves-souris car le verbe est sacré (prologue de l’Evangile selon St Jean : « Au commencement était le Verbe … Le Verbe était avec Dieu.. Le Verbe était Dieu… »).
Vous trouvez mon argumentation spécieuse ?
C’est vrai. Je vous l’accorde.
Mais est elle plus spécieuse que la politique du gouvernement qui prend prétexte de l’écologie pour nous « impôtser » une taxe carbone qui n’est pas une taxe mais une contribution et qu’on se fiche que ce soit une taxe ou une contribution puisque le but est le même : nous piquer nos sous.
(Est-ce que je me trompe où Monsieur Luc Berthoud, maire de La Motte-Servolex lieu de résidence des chauves-souris, et Monsieur Rémi Thuau, préfet de Savoie et grand chasseur de loups, ne sont ils pas d’obédience UMPiste, le premier parti écologiste français ?)
Et si l’honnêteté m’oblige à reconnaître que mon argumentation est quelque peu jésuitique, nul ne pourra contredire que les détenteurs de pouvoir, de quelque niveau qu’il soit, n’hésitent jamais à conjuguer le verbe et l’action pour déplacer ceux qui les gênent.
La preuve, par exemple, avec parfois des populations entières déplacées pour de fallacieuses raisons politiques.
Et si, en bons citoyens français le sort des chauves-souris savoyardes et des ethnies étrangères vous indiffèrent, vous avez tort de vous croire à l’abri.
Nous sommes tous des chauves-souris.
Demandez donc à ceux qui ont été expropriés à cause de la construction d’une autoroute, du tracé prévu pour le passage d’un TGV.
Demandez donc à ceux dont l’entreprise ne s’est pas satisfaite de délocaliser ses outils de production mais a déplacé, contraints et forcés, les salariés qui voulaient conserver leur emploi.
Demandez donc aux familles de ces employés qui se sont suicidés parce que déplacés par leur entreprise, d’un poste à un autre, comme de vulgaire pions, sous prétexte de management.
« Heureux celui qui oublie ce qu’on ne peut plus changer… »
La misère est elle une fatalité ou existe t-elle parce que nous sommes une grande majorité de chauves-souris heureuses ?
Moi-même, jusqu’à quel point serais-je prête à renoncer à un oubli qui me rend égoïstement heureuse ?
Je ne me fais guère d’illusion sur mon compte : ce ne serait pas au point de me lancer dans un combat pour défendre la cause humaine.
Et vous ?
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