Aux sources du cynisme

Alain Finkielkraut dans l’une de ses chroniques relative à l’affaire Dieudonné s’inquiète de la dégradation du débat public et de la force dévastatrice du ricannement et de la dérision.

Il oublie simplement de préciser que cet esprit de dérision n’est que la conséquence du comportement des hommes politiques depuis prés de quarante ans.

Il faut revenir sur tous les scandales dans lesquels sont impliqués les Chefs d’Etat, les Ministres ou les élus municipaux - les diamants de Bokassa, la faillite du Crédit Lyonnais, les financements occultes des partis politiques, les liens entre le RPR et les HLM de la ville de Paris, la double vie des Présidents financée aux frais du contribuable, les bénéficiaires des fonds secrets de Matignon, l’affaire Karachi, les prêts toxiques aux collectivités par la Banque DEXIA, l’arbitrage de l’affaire Tapie…..et beaucoup d’autres…- et les comparer au nombre de Ministres, de Chef d’Etat ou d’élus municipaux condamnés par la Justice – soit zéro personne - pour comprendre que :

Leçon de cynisme N° 1 : Le temps est mon allié

Les hommes politiques n’ont aucun intérêt à ce que les lois et la Justice soit réformées puisque l’organisation actuelle leur permet de bénéficier d’un nombre incalculable de recours qui ralentissent les procédures et génèrent leur oubli ( l’affaire Karachi a été révélée par la presse en 1996 ).

L’usure de la mémoire collective par le temps qui passe est ainsi leur meilleur allié avec la complicité naturelle de Parquets soit-disant indépendants.

Leçon de cynisme N° 2 : J’éteins les feux que j’ai moi-même allumés

Les hommes politiques sont facinés par le pouvoir économique et le train de vie des PDG du CAC 40.

Alors qu’ils sont mandatés pour lutter contre les inégalités et les abus de toutes sortes dans le but de garantir une bonne cohésion sociale qui engage les citoyens dans le mieux vivre ensemble, ils forment une oligarchie politico financière qui s’accapare les fruits de la richesse produite et génère les inégalités qu’ils sont censées combattre.

Comme Geoges Soros qui a été l’un des plus grands spéculateur financier et qui recycle aujourd’hui une partie de sa fortune dans des fondations destinées à aider les plus défavorisés ( Pourquoi Monsieur Soros ne pas spéculer à la hausse sur les cours du blé et distribuer par la suite du pain à ceux que vous avez affamés ! ), les hommes politiques sont devenus des pompiers pyromanes.

Leçon de cynisme N° 3 : Je mens effrontement et je prends les citoyens pour des imbéciles

Les aventures extra conjugales de François Hollande et de ses prédécesseurs ainsi que la parodie de joie partagée dans la victoire par le couple Sarkozy au soir de l’élection présidentielle ne sont que l’expression d’un orgueil démesuré qui sacrifie tout à la satisfaction d’un plaisir personnel.

Les Chefs d’Etat que nous avons élus pour qu’ils s’investissent dans l’amélioration de nos conditions de vie et de celles des générations à venir, nous renvoient, par leurs comportements, l’image de personnes immatures à la merci de toutes les passions humaines.

Au lieu de travailler pour le bien collectif – ce qui est l’essence même de leur mandat - , ils s’emploient à satisfaire un égo tyrannique alimenté par une libido mal maîtrisée.

Leçon de cynisme N°4 : La femme du Président est subjuguée par le pouvoir que détient son mari

Que Bernadette Chirac ou Danielle Mitterand ne nous fassent pas croire que c’est l’amour qui les retient auprés de leurs maris volages.

Elles ne restent que pour servir un destin et profiter des avantages que leur procure son aboutissement.

Que leur honneur soit bafoué peu importe, seuls comptent les avantages liés à la fonction.

Dans les clips des rappeurs américains, les femmes acceptent d’être réduites à leur fonction d’objet sexuel en contrepartie de leur soumission à la force physique et à la richesse matérielle affichées par les hommes.

Il semblerait que les femmes de nos Chefs d’Etat acceptent d’être soumises, c'est-à-dire animées par une passion destructrice, au pouvoir que symbolise la fonction de leur mari.

Les femmes de Présidents contribuent ainsi au cynisme ambiant en validant implicitement que tout s’achète y compris les sentiments les plus nobles comme la fidélité ou la loyauté.

En conclusion, comment faire confiance à des gens qui mentent en permanence, y compris sur la part de leur vie la plus intime, tout en organisant la collusion des genres masculins et féminins pour les rapprocher par ce qu’ils ont de plus négatif ?

Des gens qui mentent effrontement et utilisent le mensonge non pas seulement comme l’acte de défense désespéré de celui qui est pris la main dans le sac mais comme une volonté délibérée de tromper et d’abuser en espérant que la Justice, complice du temps qui passe, travaillera à l’oubli des abus les plus immoraux ?

Monsieur Finkielkraut, les coupables ne sont pas ceux qui regardent le petit Journal de Canal+, ou ceux qui adhèrent à des idées ou des partis extrêmes.

Les coupables sont au sommet de l’Etat car, quand ceux qui sont censés être exemplaires ne fondent leurs comportements que sur des valeurs négatives telles que le mensonge, la tromperie, le reniement de leurs engagements, il ne faut pas s’étonner de la montée du cynisme.