Avec Gaza le Vatican ne rigole pas

Il a décidé de jeter sa pierre dans la mare d’un génocide non confirmé. Un acte courageux du Pape qui sera sûrement salué par ces juifs qui accusaient Pie XII de ne pas avoir désigné le responsable d’un autre génocide. Le Pape François sort un livre et nomme le coupable du « génocide  » en Palestine sans attendre une éventuelle condamnation juridique qui tardera à venir. En intervenant dès maintenant il laisse aux tribunaux le temps long pour leurs réflexions ; génocide ou pas génocide ? Avec Gaza, le Pape François relève donc le gant lancé par ces juifs accusateurs de Pie XII (1) depuis 1942, année sans tergiversations sur le sens de génocide. En 2024 François leur donne satisfaction en écrivant à chaud sur Gaza sans attendre le procès probable du premier ministre de l’état juif pour l’accuser.

Nul doute que ces juifs apprécieront le courage du Pape François avec sa publication d’un livre dans lequel il écrit : « Selon certains experts, ce qui se passe à Gaza a les caractéristiques d'un génocide. Il doit faire l'objet d'une enquête approfondie afin de déterminer s'il correspond à la définition technique formulée par les juristes et les organismes internationaux. » En bon jésuite il pose en question ce qu’il dénonce, et dont les réponses importent peu devant le désastre humanitaire.

Habitué à condamner les génocides récents – des tutsis, des arméniens en oubliant celui des hereros et des namas en Namibie par les allemands du IIe Reich (2) avant celui des juifs – il nous prépare à ajouter celui de l’Etat juif à Gaza. Israël rejoindrait donc le cercle « élitiste » des pays génocidaires ; 2 pour l’Allemagne, 1 pour la Turquie et 1 pour le Rwanda. Le génocide des chrétiens au Moyen-Orient étant à partager entre les pays musulmans qui le compose sauf la Syrie jusqu’à Bachar (3). 

Cette position du Vatican qui nomme le responsable d’un génocide en cours devraient satisfaire la longue attente de ces juifs qui accusent encore le Vatican de son silence coupable pendant que se déroulait celui des juifs par les nazis. Depuis 1942 les accusations infâmes à l’encontre de Pie XII (4) déferlent par tous moyens, presse, documentaires, films… avec ces accusations où se mélangent l’antichristianisme juif avéré des nombreux auteurs.

S’agissant de l’intervention du Pape François, elle est à considérer hors cet antijudaïsme chrétien ancien, on se rappellera pour cela la déclaration vaticane « Nostra Aetate » de 1965 portée par le cardinal jésuite BEA qui a convaincu le pape JEAN XXIII, pour que les catholiques renoncent aux préjugés antisémites traditionnels.

Une décision qui n’a pas trouvé de correspondance juive à Jérusalem. Pourtant ils se seraient grandis à répondre au Vatican que les juifs renonceraient à leur haine séculaire envers les chrétiens, comme ces prières décriées par Luther  ; "… En trois, je conseille que tous leurs livres de prières (*) et écrits talmudiques, qui servent à apprendre une telle idolâtrie, leurs mensonges, leurs malédictions et leurs blasphèmes, leur soient retirés."  (*) Le toledot yeshou est un pamphlet infâmant récité pendant des siècles par les communautés juives « …Jésus est un bâtard, un magicien, fils d’une prostituée… mis à mort par les rabbins… accusation d’adultère portée contre Marie avec Panthéra père de Jésus… » Aucune équivalence ne viendra de Jérusalem répondre à Jean XXIII.

Le Pape François intervient donc en défenseur des droits humains, en humaniste cette valeur chrétienne forgée au fil des siècles.

 Ainsi, paradoxalement il apporte satisfaction à ces intervenants juifs qui réclamaient une intervention politique de Pie XII pour nommer le coupable d’un génocide en cours, dont on ne connaissait pas grand-chose en 1942. Serge Klarsfeld dira qu’en 1942 « …ni la Croix-Rouge, ni la Suisse ni le Pape ne pouvait faire plus pour les juifs… on n'a entendu ni Churchill, ni Roosevelt, ni de Gaulle parler des juifs après la rafle du vel’ d'hiv, Personne ne savait vraiment ce qui se passait ».

Aujourd’hui on sait.

Les informations parvenues au Vatican semblent suffisantes pour étayer une accusation papale avec un coupable nommé, comme voulu par certains juifs (1 ARTE).

Du coup, pas sûr que leurs coreligionnaires suppôts de Netanyahou apprécient ce revers de l’histoire vaticane qui intéresse tant ces juifs irascibles, ils obtiennent sans le demander de François ce qu’ils réclamaient de PIE XII.

Comme souvent le monde juif est divisé, sur Gaza aussi.

Pour BHL, « L’État hébreu, à en croire cette vox populi mondialisée, serait un État génocidaire, et il devient, ce mot de génocide, le mot magique, le mot qui tue, le mot qui déshumanise et qui, divine surprise, exonère de toute responsabilité les Européens et, au-delà des Européens, le monde, qui ont massacré les Juifs, siècle après siècle, par millions, avant, il y a quatre-vingt-deux ans, de mettre en œuvre la solution finale. » BHL a le mérite d’être clair ; « Il n’y a pas de génocide à Gaza » c'est « le mot GENOCIDE qui tue ».  

Les juifs britanniques de Na'amod, ne semblent pas d’accord avec lui. L’appel juif international contre le génocide à Gaza (2024) lancé et signé par des Juifs du monde entier dont l’Union juive française pour la paix, sont le seul rempart contre l’antisémitisme et l’isola-sionisme qu’Israël a relancé pour longtemps avec Gaza.

Quand Netanyahou sera jugé, les populations palestiniennes témoigneront et les générations à venir pourraient ne pas oublier ce martyr et leurs terres avant longtemps, comme les israéliens revenus en Palestine après 2000 ans. 

Les descendants palestiniens perpétueront la mémoire de leur génocide comme leurs cousins juifs.

PS : Mélenchon câblé sur le Vatican ? Avec LFI il traitait de « salauds » les journalistes de Libé (12/2024) qui ne reconnaissaient pas le génocide des israéliens à Gaza, avec possiblement aussi d’autres objectifs que celui du Pape.

1. ARTE fait encore tribune à des juifs "pas très catholiques".
2. Restitution de crânes d’un autre génocide moins connu mais lourd de sens pour l’Allemagne.
3. En Syrie, dans un monde musulman sunnite, quel avenir sans Bachar el-Assad pour les laïcs et les minorités…
4. PIE XII « pape d'Hitler », rempart anticommuniste ou tête de turc de l’antichristianisme ?