Avec Sarkozy tout est permis
On pourrait dire aussi "avec l’argent, tout est permis", mais la formule, ici, permet de renvoyer un certain candidat à son slogan de "tout est possible". Ledit candidat avait promis la main sur le cœur de s’en prendre aux patrons voyous et de revoir la question des parachutes dorés des PDG. Reniant sa promesse, il décide de ne pas toucher aux parachutes et de dépénaliser plutôt les délits d’affaires. Mais il est homme de promesse malgré tout... avec ses amis ! C’est ainsi qu’il respecte le pacte conclu avec l’affairiste Bernard Tapie.
Avec Sarkozy tout est possible quand il s’agit de venir en aide à des amis. Beaucoup moins quand il faut s’attaquer au problème du pouvoir d’achat.
Certes, la décision a été rendue par un trio de personnalités incontestables, comme l’a souligné le ministre des Finances. Il est vrai que la commission arbitrale était composée de :
- Pierre Mazeaud, honorable ancien président du Conseil constitutionnel et auteur d’ouvrages juridiques réputés ;
- Jean-Denis Bredin, avocat cofondateur avec Robert Badinter d’un cabinet d’avocat prestigieux et réputé pour ses combats. Bredin fut aussi l’avocat du juge d’instruction Renaud van Ruymbeke devant le Conseil supérieur de la magistrature (affaire Clearstream) et du petit-fils de Guillaume Seznec en 2006 pour la réhabilitation de ce dernier ;
- Pierre Estoup, magistrat de renom dans la profession.
Mais, d’une part, cette décision remet en cause complètement une décision de l’autorité judicaire suprême, la Cour de cassation ayant rendu un arrêt le 9 octobre 2006 qui donnait tort à Tapie dans ses prétentions excessives.
D’autre part, de l’aveu de l’homme d’affaires sur RTL, les parties ont "signé un engagement de confidentialité". C’est donc un arbitrage secret qui vient se substituer à une décision de justice publique rendue au nom du peuple français. C’est ce qui fait réagir François Bayrou qui argumente et rappelle le fameux adage : "Selon que vous serez puissant ou misérable..."
Avec Sarkozy tout est permis si vous figurez dans la liste de ses riches et dévoués amis. Quand Nicolas Sarkozy était ministre des Finances, il mit tout en œuvre pour arranger les affaires de Tapie, à tel point que lorsqu’il fut remplacé par Thierry Breton, Tapie pesta contre le nouveau ministre.
Avec Sarkozy, il est permis d’ignorer opportunément les droits de l’homme (cf. participation sans réserves aux JO de Pékin, diplomatie du tapis rouge avec certains dictateurs,) mais aussi de récompenser généreusement (avec notre argent) les hommes d’affaires condamnés pour corruption et fraude fiscale.
Avec Sarkozy tout est permis aussi au sens moral. Il est permis d’ignorer les dettes du passé (toutes stigmatisées par les mots de "repentance"), des règles éthiques (rapidement classés au rang des "tabous" qu’il faut lever dans la "transparence"), des règles démocratiques (séparation des pouvoirs, votes référendaires, liberté d’expression). Il est permis de s’alléger tout court des principes de morale par l’exhibition de sa vie privée et par sa confusion avec les affaires publiques, par le copinage notoire, la pression sur les journalistes, etc.
Bernard Tapie est un exemple, une enseigne à lui tout seul, du sarkozisme qu’il faut bien reconnaître triomphant, lui qui continuait de mener grand train quand il était officiellement ruiné, lui qui ne s’embarrassa guère de tabous ni de préjugés pour arranger ses petites affaires et pour faire le siège des hommes politiques bien placés, dans le seul but de régler sa situation personnelle. La République, la "Res publica" - chose publique - comme instrument de petites ambitions. Mieux, l’homme s’est vanté d’avoir soutenu par vengeance Christiane Taubira en 2002 contre Jospin (le trop intègre Premier ministre ayant refusé de céder aux exhortations de l’avide homme d’affaires).
On sait que le report de votes a permis à Le Pen de devancer Jospin au premier tour des présidentielles. Pour arriver à ses fins, tout devient possible même d’appuyer un ennemi que l’on a combattu ostensiblement dans un fameux duel télévisé sous Mitterrand, même de jouer avec les démons de la démocratie et de la mettre en péril.
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