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Accueil du site > Tribune Libre > « Backstop » et Protocole de l’Irlande du Nord : J-17

« Backstop » et Protocole de l’Irlande du Nord : J-17

 

Le 23 juin 2016, les sujets de sa Majesté Elisabeth II ont voté en faveur de la sortie de l'Union européenne à 51,9 des exprimés, avec un taux de participation de 72%. Ce vote a déclenché le processus de départ du Royaume-Uni sans en préciser les modalités concrètes.

L’accord que Theresa May avait conclu avec l’UE ayant été rejeté à trois reprises par le Parlement, Boris Johnson, qui avait qualifié celui-ci de « lettre morte » pendant sa campagne électorale, a alors entamé de longues négociations pour effectuer les révisions de cet accord renié et fixer les « détails » du départ du Royaume-Uni, et en particulier revenir sur le « backstop », ou « filet de sécurité » qui supposait le rétablissement des contrôles douaniers et la fin de la libre circulation des biens et des marchandises entre l’Ulster et l’Eire, la République d’Irlande et l’enclave l’Irlande du Nord, partie intégrante du Royaume-Uni.

Dans son premier discours en tant que Premier ministre, Johnson a qualifié le filet de sécurité d’« antidémocratique » et s'est dit convaincu qu'il pouvait conclure un accord avec l'UE sans avoir à mettre en place des contrôles à cette frontière.

Et depuis ? Pas grand-chose !

Au départ, le Royaume-Uni devait quitter l'UE à la fin du mois de mars 2019, mais la date a ensuite été reportée à fin janvier 2020.

Fin 2019, les deux parties ont conclu un accord de retrait fixant les conditions du départ du Royaume-Uni. Une période de transition a été convenue pour permettre la négociation d'un accord formel sur les relations futures. Le Royaume-Uni doit quitter le régime commercial de l'UE et les autres accords de coopération à la fin du mois, l’échéance prévue de la période de transition qui devait donner le temps de définir les règles et les arrangements commerciaux entre l'UE et le Royaume-Uni, ainsi que les modalités de coopération en matière de sécurité et d'énergie. Une prolongation de la transition aurait pu être convenue jusqu’à fin juin 2021, mais le Royaume-Uni a refusé cette éventualité sans ambiguité.

Le départ du Royaume-Uni de l'UE signifie que l'Irlande du Nord quitte également l’union et, faute d’accord, des contrôles seraient logiquement nécessaires le long des 500 km de cette frontière qui est la seule frontière terrestre entre le Royaume-Uni et l'UE, car des règles commerciales différentes s'appliqueraient au nord et au sud après un Brexit, ce qui est traditionnellement synonyme de contrebande. 

L'Accord de Belfast de 1998 qui avait permis d’instaurer une « pax romana » avait également mis en place un « modus vivendi » entre les deux parties de l’île qui, aujourd’hui ne souhaitent ni l’une ni l’autre un retour des contrôles aux frontières parce qu’une matérialisation de la ligne de clivage serait une cible toute trouvée pour des opérations paramilitaires. Elle représenterait de ce fait une menace pour la paix et perturberait la vie des habitants des deux régions.

Dans l’accord initial conclu entre Theresa May et l’UE, le « Backstop » était considéré comme un dernier recours à déclencher dans le cas où aucune meilleure solution ne serait trouvée pour éviter le rétablissement d’une frontière physique. Cette seule éventualité avait déclenché une opposition virulente de la part du Parti Unioniste Démocratique (DUP) d'Irlande du Nord, qui avait déclaré que cela risquait de provoquer l’éclatement du Royaume-Uni, rien moins.

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Or, quand l'accord de Mme May a été rejeté, le Backstop a été remplacé par le « protocole de l'Irlande du Nord » dont le but est d’éviter l'établissement d'une frontière commerciale sur l'île d'Irlande, que les deux parties conviennent ou non d'un accord. Mais il fallait trouver un moyen de contrôler et de surveiller les marchandises entrant en Irlande du Nord en provenance du reste du Royaume-Uni, afin qu'elles puissent ensuite entrer librement dans la République d’Irlande sans être en contradiction tarifaire et fiscale avec le marché unique de l'UE. Il a donc été décidé que "certains contrôles" seraient effectués sur les produits lorsqu'ils traverseraient la mer d'Irlande entre la Grande-Bretagne et l'Irlande du Nord, afin de garantir des normes de sécurité (en particulier dans le domaine de l'alimentation et des animaux vivants), et d'effectuer les contrôles douaniers nécessaires. Ainsi, le Nord continuerait d'appliquer les règles du marché unique de l'UE dans certains domaines, bien qu'il soit intégré dans l'union douanière britannique. La manière dont ces accords fonctionneraient dans la pratique était en cours de négociation dans un comité distinct des discussions principales.

Le protocole prévoit également qu'après quatre ans, les dirigeants d'Irlande du Nord devraient donner leur accord sur la poursuite ou non des nouveaux arrangements, ce qui impliquerait un vote à l'Assemblée irlandais. En cas de vote favorable, la situation serait maintenue encore quatre ans, ou huit ans si le vote est suffisamment consensuel. En cas de vote défavorable, il y aurait alors une période de réflexion de deux ans pendant laquelle un comité UE / Royaume-Uni réfléchirait à la manière de procéder, dans le respect de l'accord de Belfast et formulerait des recommandations.

Tout serait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes détaxés si, d'une part, l'UE n’exigeait pas ce qu'elle appelle des « règles du jeu équitables » afin de garantir que les entreprises britanniques ne puissent se livrer à une concurrence déloyale et si, d'autre part, le Royaume-Uni ne cherchait pas à échapper à la compétence des tribunaux de l'UE en cas de différends. L'accord sur les futurs droits de pêche est également une pierre d’achoppement vitale pour l’économie de l’Irlande qui entend conserver l'accès actuel aux eaux britanniques et les niveaux actuels de quotas de poisson.

Cerise sur le gâteau : une tension supplémentaire a été ajoutée par une décision de Boris Johnson de faire voter un projet de loi sur les marchés internes qui lui permettrait, dans certaines circonstances, d'échapper aux engagements juridiques pris dans le protocole d'Irlande du Nord. .

S'il n'y a pas d'accord, et cela a déjà commencé, il se produira des retards importants dans les ports, certains produits ne seront plus disponibles dans les supermarchés du Royaume-Uni et le commerce irlandais qui transite par le territoire britannique vers les marchés continentaux sera perturbé dans les deux sens.

Cela signifiera également que le commerce entre le Royaume-Uni et l'UE sera régi par les règles de l'OMC, ce qui signifie que des taxes seront appliquées des deux côtés. Certaines exportations irlandaises vers le Royaume-Uni, en particulier le bœuf et d'autres produits alimentaires seront soumis à des droits de douane élevés, et leur viabilité sera remise en question.

D'autre part, si le protocole de l'Irlande du Nord est conçu pour éviter une frontière commerciale irlando-irlandaise, qu'il y ait un accord ou non, une absence d'accord commercial global entre le Royaume-Uni et l'UE personne ne sait comment le contrôle des marchandises entrant dans le Nord et allant vers la République serait géré.

Sans que les enjeux soient aussi cruciaux pour les autres pays membres de l’UE, les pertes des uns et des autres risquent d’être plus importantes que les profits. A moins que le Royaume-Uni ne devienne le 51ème état des USA.

« Oh ! I’m shoking ! God save the Queen »


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29 réactions à cet article    


  • Gégène Gégène 14 décembre 2020 08:59

    mais... les USA ont déjà un 51ème état, non ?

    Pauvre Boris !


    • Clark Kent Séraphin Lampion 14 décembre 2020 09:10

      @Gégène

      Alors, il pourrait demander le même statut que Porto-Rico, un territoire non incorporé des États-Unis avec un statut de commonwealth. Ça ferait comme les poupées russes, des commonwealths emboités les uns dans les autres. Mais les accords commerciaux multilatéraux, ce ne serait pas ça, par hasard ? Ça conviendrait bien à Sleepy Joe, à mon avis.


    • Gégène Gégène 14 décembre 2020 09:22

      @Séraphin Lampion

      en France, en 40, on avait
      -zone annexée,
      -zone occupée,
      -zone libre,
      et ça s’est très bien passé, non ?


    • troletbuse troletbuse 14 décembre 2020 09:28

      @Gégène
      Et aujourd’hui, en France
      -zone annexée,
      -zone occupée ou verrouillée


    • Clocel Clocel 14 décembre 2020 09:41

      @troletbuse

      La zone libre, c’est Tromelin, à moins que Macron l’ait bradé à ses potes.


    • Clark Kent Séraphin Lampion 14 décembre 2020 09:46

      @Gégène

      Il y avait aussi des zones interdites :

      • Une bande de 15 à 20 km de largeur le long des côtes de la Manche et de la frontière belge à la frontière espagnole interdite aux non-résidents et soumise à une liberté de circulation très restreinte pour les résidents.
      • Dans les départements du Nord-Est, le long du CdZ-Gebiet Elsass et du CdZ-Gebiet.

      Mais évidemment, pas question de reconstruire le mur de l’Atlantique : le continent serait isolé.


    • Clocel Clocel 14 décembre 2020 09:29

      J’attends avec impatience le partage des zones de pêche ! smiley

      Ça nous donnait des combats navals entre pêcheurs pas inintéressant.

      Ah... Ces bateaux qui rentraient au port agonisant, éperonnés par les sujets de sa Royale Majesté.

      Ça mettra un peu de piment dans nos vies covidées ! smiley


      • Gégène Gégène 14 décembre 2020 09:33

        @Clocel

        une sorte d’armée du chalut ?


      • Clocel Clocel 14 décembre 2020 09:33

        Hors sujet :

        Je mets ça , si quelqu’un est motivé pour creuser le sujet.


        • Clark Kent Séraphin Lampion 14 décembre 2020 10:18

          @Clocel

          Ce n’est pas un scoop, sauf pour ceux qui se ferment les yeux ! Mais pour qu’ils achètent, il faut bien que quelqu’un vende ! Ils n’ont pas encore fait de « hold-up » !

          Question patrimoine, les milliardaires chinois (et non pas l’état chinois) ont les mêmes cibles que les raiders américains et les oligarques russes : clubs de foot et « art de vivre à la française ». Ils contrôlent le FC Sochaux et l’AJ Auxerre et sont présents dans les tours de table de l’Olympique Lyonnais et de l’OGC Nice.

          Ils ne rivalisent pas avec les Qatariens ou les Saoudiens pour s’offrir les plus beaux hôtels particuliers parisiens. Ils préfèrent les châteaux, et particulièrement ceux qui sont entourés de vignes : plus de 120 propriétés achetées dans le bordelais. Jack Ma, le directeur général d’Alibaba, s’en est déjà offert trois !

          Déjà, dans dautres secteurs d’activités, Dongfeng est devenu le premier actionnaire du groupe PSA pendant la crise traversée par le groupe en 2014. Ensuite, la compagnie aérienne China Eastern Airlines a acquis 10% d’Air France-KLM en 2013 et le fonds Fortune Fountain Capital (FFC) a acheté Baccarat. Les marques de mode Sandro, Maje et Sonia Rykiel sont également passées sous pavillon chinois.

          Dans le secteur du tourisme, le groupe Jinjiang possède plus de 15% du capital d’Accor. En 2014, Il avait déjà racheté la Louvre Hotels Group, qui possède des établissements de luxe et des chaînes grand public, comme Campanile ou Golden Tulip. Il a aussi pris le contrôle du réseau français Hôtels & Préférence qui gère 140 établissements de luxe dans le monde. Fosun est devenu l’actionnaire unique du Club Med en maintenant le management français en place 
          Les infrastructures sont aussi dans le viseur. Sur le modèle du Pirée, en Grèce, 14 hectares d’entrepôts du port du Havre sont passés sous contrôle chinois. Comme les 600 hectares de l’ancienne base américaine de Châteauroux., et, bien sûr, en 2016, la prise de contrôle de l’aéroport de Blagnac au moment de sa privatisation par un financier de Hong-Kong.

          La passion pour l’agroalimentaire est plus récente : Fosun et Sanyuan ont acquis les laiteries Saint-Hubert, et Biostime s’est associée à la coopérative d’Isigny pour financer la création d’une usine de lait pour bébés.


        • Aristide Aristide 14 décembre 2020 10:40

          @Séraphin Lampion

          Ce n’est pas un scoop, sauf pour ceux qui se ferment les yeux !

          Pas un scoop non plus, pour celui qui recopie des passages entiers et reformule le reste d’un article du JDD sur le sujet : « Ce que les chinois ont écheté en France : état des lieux ».


        • Samy Levrai samy Levrai 14 décembre 2020 10:49

          @Aristide
          Heureusement les américains nous protègent et ont déjà acheté tout ce qui avait de la valeur...


        • Samy Levrai samy Levrai 14 décembre 2020 10:46

          Moi qui croyait que les droits de douane étaient ridicules et que n’importe qui entrait chez nous « grâce » à la libre circulation des marchandises , des services, des capitaux et des personnes... Le RU serait donc le seul pays du monde qui n’aurait pas libre accès à ce « formidable » marché ( pays sur endettés, sans ressource naturelle , monnaie de singe, chômage délirant, ademocratique, et qui ne fabrique plus grand chose...) .

          Il est cocasse aussi de penser que les britaniques qui ont choisis de s’exonérer de la dictature europenne voudraient devenir américains, je trouve cette incapacité à se penser independant, libre, souverain, inquiétante et peu naturelle.


          • Olivier Perriet Olivier Perriet 14 décembre 2020 18:42

            @samy Levrai
            Il est cocasse aussi de penser que les britanniques qui ont choisis de s’exonérer de la dictature europenne voudraient devenir américains

            c’était pourtant bien le sens de l’accord commercial proposé par Trump au RU post Brexit, et c’est pour ça que May l’avait refusé, blaireau smiley

            Sinon, pour le reste, tu parles à la place des autres (Irlandais), et là où l’UPR ne voit pas le problème, c’est qu’il n’y en a pas, comme d’hab’, blaireau smiley


          • Olivier Perriet Olivier Perriet 14 décembre 2020 18:45

            @samy Levrai
            Pays sur endettés, sans ressource naturelle , monnaie de singe, chômage délirant, ademocratique, et qui ne fabrique plus grand chose...

            Rassure-moi, tu décris les USA ou l’Algérie, blaireau ? smiley


          • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 décembre 2020 18:51

            @Olivier Perriet

            Samy Levrai est appelé sur le port de Boulogne pour faire un discours...je répète , Samy Levrai est appelé sur le port .. . Après on l’appellera Samu Levrai ...lol


          • Samy Levrai samy Levrai 14 décembre 2020 20:09

            @Aita Pea Pea
            Comme tu m’as habitué à ne pas comprendre grand chose concernant tout ce qui t’entoure, tu me permettras de penser que cela continue meme si la version primaire genre cerveau reptilien semble prendre le dessus sur la petite partie grise qui s’y trouve accolée.


          • Samy Levrai samy Levrai 14 décembre 2020 20:44

            @Aita Pea Pea
            En fait, ton moteur est et a toujours été la trouille, tu as peur de tout et cela fait de toi une cible pour tout les bonimenteurs, tu es prêt à toutes les prostitutions et compromissions parce que tu es un poltron, un craintif, un pleutre.


          • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 décembre 2020 20:58

            @samy Levrai

            t’iras expliquer ça aux pêcheurs de Boulogne , comme quoi ils manquent de burnes ...bon courage.


          • Samy Levrai samy Levrai 14 décembre 2020 21:11

            @Aita Pea Pea
            Je parle de ton manque de burnes petit pétochard et les démonstrations de ta couardise sur tous les sujets.


          • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 décembre 2020 21:51

            @samy Levrai

            c’est sur , ouvrir sa gueule a tout propos sans rien connaitre est un signe de liberté conne , ou d’idéologie.. Choisis ton camp camarade.


          • Samy Levrai samy Levrai 14 décembre 2020 22:13

            @Aita Pea Pea
            Tu es pour un monde sans frontière ou tout le monde fait ce qu’il veut, où il veut quand il veut ?


          • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 décembre 2020 22:22

            @samy Levrai

            Non . C’est tout ce que j’ai a te dire ...
            La tu tappe dans le mille .


          • Pierre Chazal Pierre Chazal 14 décembre 2020 15:14

            Article très intéressant sur un « dommage » (qui n’en est pas vraiment un) collatéral du Brexit. Le peuple irlandais en a déjà vu de belles. Le fait que l’Irlande veuille rester dans l’UE a-t-il a voir avec le fait que de nombreuses multinationales ont leur siège européen là-bas ?


            • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 décembre 2020 15:23

              @Pierre Chazal

              j’aime le « qui n’en est pas vraiment un ». On subodore toute une pensée sur les conséquences complexes enfin résolues.


            • Clark Kent Séraphin Lampion 14 décembre 2020 16:23

              @Pierre Chazal

              Les petits malins qui ont compris ce que l’UE pouvait leur rapporter jouent sur le rôle de paradis fiscaux comme l’Irlande et le Luxembourg ou sur le dumping social comme la France et l’Allemagne qui achètent le travail là où il est le moins cher en délocalisant, ou le captage de subventions comme les Italiens et les Anglais avant qu’ils ne prétendent donner plus qu’ils ne recevaient. Evidemment, il ne s’agit pour aucun de ces pays des peuples qui les constituent, mais de minorités agissantes et/ou des classe dominante.
              En fait, ça grince quand deux courants antinomiques sont rivaux dans cette classe dominante comme ça se passe aux Etats-Unis et, par ricochet, dans les colonies de l’Empire dont l’UE n’est pas la moindre : le mondialistes veulent des accord multilatéraux pour piller la planète et les isolationnistes ne veulent que ce qui est bon pour eux.


            • Olivier Perriet Olivier Perriet 14 décembre 2020 18:44

              Tout ça pour dire qu’on n’en sait pas beaucoup plus Madame Michu, sauf qu’en réalité personne n’a intérêt à une absence d’accord

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