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Accueil du site > Tribune Libre > Balles tragiques à Charlie Heddo : 12 morts

Balles tragiques à Charlie Heddo : 12 morts

Est-ce que je suis Charlie ? Est-ce que Charlie était encore Charlie ?

Je crois me souvenir que Cavanna disait dans le Charlie Hebdo des années 1970 que quand il entendait tout le monde dire la même chose, il devenait sceptique et s'interrogeait. 

Partout on voit le logo « je suis Charlie ». A la télé, sur les immeubles, sur les tweets, dans la bouche des plus hautes autorités de l'Etat, en France et à l'étranger, dans les entreprises de presse et les autres sociétés commerciales. 

Qui est Charlie Hebdo ? C'est le faux nez de l'hebdomadaire Hara Kiri. C'est le même journal sous un autre nom. 

Cavanna raconte dans un de ses livres qu'il se sentait bridé dans l'écriture de ses textes par les rédacteurs en chef des journaux et qu'il avait voulu se libérer en lançant le sien. Associé au professeur Choron, expert en vente de revues dans la rue, il lance Hara Kiri et adopte en sous-titre la critique d'un lecteur « journal bête et méchant ». 

Créé en septembre 1960, le magazine évolue dans un monde totalement différent du nôtre : guerre d'Algérie, mœurs victoriennes, automobiles rares, hypermarchés inexistants, plein emploi, société dominée par les religions catholique et communiste, contraception interdite de publicité, sexualité cachée, homosexualité honnie. Le texte est sacré, l'image est infantile. Le Monde refuse les photos pour éviter les futilités. Philippe Bouvard se moque de Mireille Mathieu en lui demandant ce qu'elle lit : des illustrés ? 

Cavanna raconte aussi s'être rendu plusieurs fois dans un obscur bureau administratif sous les combles pour négocier des interdictions de publication. La censure était fatale pour le moindre gros mot, contrairement à nos jours où le plus insignifiant chroniqueur télévisuel se sentirait déshonoré s'il n'atteignait pas son quota. 

Mai 68 arrive avec à la traîne la révolution des mœurs. Dans la décennie qui suit, les filles portent des pantalons et ne sont plus séparées des garçons dans les résidences universitaires, la pilule est démocratisée, l'avortement est légalisé, la télévision n'est plus la voix de son maître, la circulation automobile explose et provoque plus de 10.000 morts accidentels par an. La maison près de la fontaine fait place aux HLM. Et plus tard les radios diffusent leur image, ce qui les rapproche des émissions de télévision qui ne sont que discours filmés. 

Hara Kiri a-t-il toujours sa place ? Pour garder son poil à gratter, doit-il retourner sa veste et devenir bigot ? 

Entre-temps, un faits-divers lui est déterminant. L’incendie criminel d'un dancing, le « Cinq-Sept », dans l'Isère tue clients et gérants le 1er novembre 1970. Les Français sont choqués et les journaux titrent sur ce « bal tragique à Saint-Laurent-du-Pont : 146 personnes ». 

Le 9 novembre, De Gaulle meurt chez lui après avoir quitté le pouvoir en mai de l'année précédente. Deuil national le 12 novembre. A l'époque, un deuil national se traduit par de la musique classique sur les quelques radios existantes et la fermeture de tous les magasins. Rien à voir avec aujourd'hui. Le pays devient aussi mort qu'un village à 19 heures. Hara Kiri titre « Bal tragique à Colombey : 1 mort ». Hauts cris dans le clergé gaulliste. Le 17 novembre le journal est interdit de publication. La semaine suivante, Charlie Hebdo arrive en kiosque, créé par la même bande. 

La gauche arrivée au pouvoir, la peine de mort est abolie en 1982. Que reste-t-il à défendre ? Les idées des avant-gardistes des années 1960 sont partagées le public des années 1980. Ils ne sont plus provocants, ils sont dans le vent. Leurs discours ne passent plus avec le même style. Charlie Hebdo s'éteint faute de ventes suffisantes. 

En 1992, Philippe Val, Gébé, Cabu et Renaud relance le titre en créant la société par actions au titre prémonitoire « Les Éditions Kalachnikof ». Est-il toujours satirique ? Oui, mais de quelles manières ? Chaque fois que je me suis forcé à le feuilleter, je n'ai pas accroché à ses provocations et à son style parce que j'avais l'impression qu'ils tournaient en rond autour de vieilles lunes et que la fuite de lecteurs devait être rapprochée de l'absence de fidèles dans les églises et de camarades dans les cellules. Le monde avait changé tandis que leurs discours rabâchaient les mêmes clichés. Toutefois, des pics de vente apparaissaient quand ils bouffaient de l’imam et non du curé. De plus en plus confidentielle dans le public, la revue acquiert de plus en plus de notoriété dans les couches dirigeantes. Comme le petit cireur de chaussures légendaire qui sort de la misère à la force de son poignet, les petits vendeurs de revue dans la rue sortent de l'anonymat. Cavana écrit des romans accueillis par le public et la critique. Les autres sont recueillis dans les grands médias. 

Alors qu'est-ce que le Charlie Hebdo d'aujourd'hui ? Est-ce le Krokodil soviétique ? Est-ce des dessins aussi consensuels que ceux de Jacques Faizant ? A mon sens, la vraie satire est exercée par Le Journal des Nuls puis par les Guignols de Canal Plus. 

J'ai été surpris de voir le président de cette revue prétendument d'extrême gauche nommé PDG d'une société de service public, Radio France, par un gouvernement de droite, et son successeur avoir pour compagne une ministre de ce gouvernement de droite. ... Non démenti du frère. ... Non, démenti du démenti de l'ancienne ministre. Peu importe. La télévision a annoncé dimanche que le plus haut personnage de l'Etat connaissait personnellement les dessinateurs. 

Décidément, j'ai du mal à tout comprendre. Comment peut-on passer de la critique acerbe à la fréquentation et à l'exercice du pouvoir ? Tout se passe comme si l'underground d'hier était devenue la norme aujourd'hui. 

Toutefois, une hiérarchie est vite établie dans la douzaine d'assassinés. Il y a l'aristocratie, les porteurs de crayons, puis leurs gardes, puis les oubliés, comme cet agent de maintenance. Aux premiers revient la gloire pré et post mortem. Ils travaillaient pour le plaisir. Les autres travaillaient pour vivre ou pour survivre. Seuls les premiers auront une rue et une école à leur nom. 

Ce journal que la cinquième république naissante condamnait est maintenant soutenue par la même république qu'on dit agonisante. Alors que les finances l'asphyxiaient, il se remet à respirer. Les 10.000 abonnés d'hier sont rejoints par une cohorte de 10.000 autres dès le jeudi, et sans doute davantage dans les jours qui viennent. 

Les institutions arrivent à la rescousse. La BPI, Banque Publique d'Investissement, prend 50 abonnements. La Caisse des dépôts abonne ses directions et l'ensemble de ses représentations régionales. Le ministère de la Culture prend aussi 50 abonnements et verse 1 million d'euros. 

Même à l'étranger, le Guardian Media Group décide de verser à Charlie Hebdo 100.000 livres sterling, soit 128.000 euros. Le grand méchant fonds Google doit verser entre 200.000 et 300.000 euros. En France, le fonds Presse et Pluralisme débloque dans un premier temps 100.000 euros. Comme il permet aux particuliers de faire des dons défiscalisés pour la presse, c'est une aide de l'Etat encore plus importante. 

Dans les grandes marches qui ont traversées les villes ce dimanche 11 janvier, combien connaissaient la revue ? Combien l'avaient achetée ? Lue ? Etaient d'accord ? 

Sûrement pas les chefs d'Etat qui déambulaient chez nous et la censuraient chez eux. 

La plupart des marcheurs français aussi l'auraient laissé tomber, au propre comme au figuré, il y a quelques jours, mais au pays de Voltaire, on dit : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire. ». Sincèrement chacun s'est-il dit « Je suis Charlie ? » Non, j'ai crû entendre crier « Je ne suis pas Kalachnikof » 

Et puisqu'en France tout finit par des chansons, voici un souvenir qui date de l'après mai 68 « Les coeurs purs » de Jean-Roger Caussimon :

Ils ne sont pas encore amis

Des notaires et des notables

Ils ne sont pas encore admis

A dîner, le soir, à leur table

Ils ne sont pas encor salis

Par les combines au jour le jour

Mais on leur dit que ça viendra

Et, bien sûr, ils ne le croient pas

 

Liste des assassinés dans ou devant les locaux de Charlie hebdo :

  • Cabu, dessinateur

  • Wolinski, dessinateur

  • Charb, dessinateur

  • Tignous, dessinateur

  • Honoré, dessinateur

  • Bernard Maris, économiste

  • Elsa Cayat, chroniqueuse

  • Franck Brinsolaro, membre du Service de la protection (SDLP)

  • Ahmed Merabet, policier qui patrouillait dans le secteur,

  • Frédéric Boisseau, agent de maintenance

  • Mustapha Ourrad, correcteur

  • Michel Renaud, en visite. Il était accompagné d'un autre Clermontois, qui est sorti vivant de l'attentat en se couchant à terre.


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19 réactions à cet article    


  • slave1802 slave1802 12 janvier 2015 14:08

    Faudrait que votre liste reflète un peu mieux votre article, classez par ordres alphabétiques ou du plus con au plus intelligents mais pas par ordre social/professionel comme vous le faites !

    Ahmed
    Bernard
    Cabu
    Charb
    Elsa
    Franck
    Frédéric
    Honoré
    Michel
    Mustapha
    Tignous

    et le roi des cons


    • La mouche du coche La mouche du coche 12 janvier 2015 15:04

      Charlie Hebdo n’était pas un journal de caricaturistes rebelles. Ils s’attaquaient toujours aux faibles : les français de souche (les « beaufs ») ; les cathos et les musulmans, et jamais les forts. Cabu tapait sur les musulmans, les catholiques, et le petit peuple de France, mais ne touchait jamais à la banque, aux lobbys en place comme le crif, la lgbt, le mlf, etc. Il choisissait toujours ceux qui n’avait pas les moyens de se défendre. Jamais ils n’attaquaient le pouvoir aussi violemment qu’ils le faisaient avec ceux qui ne pouvaient pas se défendre. Ils étaient des larbins du pouvoir. Ils étaient subventionnés par le pouvoir et ne mordaient pas la main qui les nourrit. Tout ceci est répugnant.


    • Phoébée 12 janvier 2015 14:22

       « Les Éditions Kalachnikof »

      .

      Charlie-Mensuel

      Oui la scission Charlie-Hebdo / Siné-Hebdo

      Val bombardé directeur de France-Inter par Sarko

      .

      Une lente dérive qui reflète la dérive de la gauche vers la droite.

      .

      On espère que tout cela (La Véme) ne finira pas dans un bain de sang .


      • Le p’tit Charles 12 janvier 2015 16:21

        GAG....Le fou rire de Charlie Hebdo face à François Hollande - Alors que la marche républicaine défile en plein Paris, un oiseau défèque sur l’épaule du président, provoquant le fou rire de Luz, dessinateur de Charlie Hebdo...Même les oiseaux ne se trompent pas de cible.. ?


      • njama njama 12 janvier 2015 15:00

        Charlie Hebdo c’est de la merde ça n’arrête pas les balles
        http://imageshack.com/a/img661/290/iWvdAh.jpg

        le Coran non plus !
        http://www.barenakedislam.com/wp-content/uploads/2015/01/01-1099.jpg


        • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 12 janvier 2015 16:45

          Excellent rappel historique...
          Mais le récent Charlie (que je ne lisais pratiquement jamais) était-il si mauvais que cela ?


          • Le p’tit Charles 12 janvier 2015 17:18

            Boko Haram met à feu et à sang le nord du Nigeria..Par Jean-Philippe Rémy (Johannesburg, correspondant régional)..LE MONDE Le 11.01.2015...Dans le camp de réfugiés de Yola, dans le nord du Nigeria, fin novembre 2014...Plus de quinze villages voisins attaqués en quelques jours, « des centaines de corps jonchant le sol » décrits par les rares survivants à avoir atteint des villes de la région : autour de Baga, dans l’extrême nord-est du Nigeria, un massacre d’une ampleur inédite vient d’être commis en l’espace de plusieurs jours par les insurgés de Boko Haram....Le peuple de France réclame pour dimanche prochain une nouvelle marche de la raie-poublique avec les « charlots » de service...


          • njama njama 12 janvier 2015 17:40

            @ Jean J MOUROT
            l’avis d’un dessinateur ...
            « Charlie Hebdo », pas raciste ? Si vous le dites…
            jeudi 5 décembre 2013
            Médias
            posté à 11h44, par Olivier Cyran

            Il y a travaillé de 1992 à 2001, avant de claquer la porte, échaudé par « la conduite despotique et l’affairisme ascensionnel » d’un certain Philippe Val. Depuis, Olivier Cyran observe de loin, hors les murs, l’évolution de Charlie Hebdo et sa grandissante obsession pour l’islam. Il revient sur cette longue dérive à l’occasion d’une tribune récemment publiée dans Le Monde, signée Charb et Fabrice Nicolino.

            Cher Charb, cher Fabrice Nicolino,
            [.............]
            lire la lettre  : http://www.article11.info/?Charlie-Hebdo-pas-raciste-Si-vous


          • njama njama 12 janvier 2015 17:51

            @ Omar33
            extraits de l’article cité ci dessus à JeanJ MUROT
            ça donne une idée de l’ambiance chez CH depuis douze ou quinze ans ... une machine du PS ** pour dézinguer le FN d’abord, puis les musulmans
            -----------------------------------
            [.....]

            Le pilonnage obsessionnel des musulmans auquel votre hebdomadaire se livre depuis une grosse dizaine d’années a des effets tout à fait concrets. Il a puissamment contribué à répandre dans l’opinion « de gauche » l’idée que l’islam est un « problème » majeur de la société française. Que rabaisser les musulmans n’est plus un privilège de l’extrême droite, mais un droit à l’impertinence sanctifié par la laïcité, la république, le « vivre ensemble ».
            [.......]

            Parlant de cela, il y aurait beaucoup à dire sur la composante graveleuse de votre inspiration. L’euphorie avec laquelle Charlie Hebdo a acclamé les militantes topless des Femen suggère que le graillon islamophobe s’agrège parfaitement aux éclaboussures de testostérone. L’ode de Bernard Maris à Amina Sboui, une Femen tunisienne qui avait posé torse nu sur Internet, offre un bon échantillon de la mayonnaise hormonale qui colle à vos pages : « Montre tes seins, Amina, montre ton sexe à tous les crétins barbus habitués des sites pornos, à tous les cochons du désert qui prêchent la morale à domicile et se payent des escorts dans les palaces étrangers, et rêvent de te voir lapidée après t’avoir outragée... Ton corps nu est d’une pureté absolue en face des djellabas et des niqabs répugnants10. » Allo, docteur ?

            [...]
            Depuis l’épisode des caricatures danoises et votre héroïque montée des marches en costumes de pingouins au festival de Cannes, bras dessus bras dessous avec Philippe Val, Daniel Leconte et BHL (mais hélas sans Carla Bruni, pourtant annoncée), le « muslim bashing » ripoliné en « défense intransigeante de la liberté d’expression » est devenu votre tête de gondole, que vous prenez soin de réapprovisionner régulièrement. Vous pouvez toujours certifier que les sans-papiers sont vos amis ou critiquer Manuel Valls pour ses rafles de Roms, c’est l’islamophobie votre marronnier, votre ligne de front.

            [........]
            --------------------------------------------
            **

            Charlie Hebdo avait été créé en 1992, officiellement par Philippe Val, Gébé, Cabu et Renaud, officieusement par le président François Mitterrand avec les Fonds secrets de l’Élysée.

            Charlie Hebdo avait été administrateur du Réseau Voltaire, avant de s’en retirer, en 1997, en désaccord avec l’association. Le journal militait pour l’interdiction du Front national, tandis que le Réseau Voltaire défendait le droit d’association du FN tout en militant pour l’interdiction de sa branche armée, le DPS [1]. Par la suite, les rapports entre les deux groupes se durcirent : Charlie Hebdo attribuait les attentats du 11-Septembre à Al-Qaïda et se lançait dans une violente campagne anti-islamique. Au contraire, le Réseau Voltaire démontrait l’impossibilité de la version officielle et accusait une faction du lobby militaro-industriel US. Enfin, en 2007, le directeur de Charlie Hebdo se rapprochait du président Nicolas Sarkozy, tandis que celui-ci donnait des instructions pour éliminer le président du Réseau Voltaire, qui s’est exilé.

            http://www.voltairenet.org/article186406.html

            --------------------------------------------------------
            la liberté d’expression en pleine dérive raciste !!!
            que dire de plus ... sauf que même les conneries ça ne mérite pas des assassinats
            d’en faire des héros de la liberté d’expression, c’est très « beauf » je trouve

          • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 12 janvier 2015 18:43

            Il est vrai que si l’on en juge par la diatribe d’Olivier Cyran, Charlie est allé un peu loin dans la moquerie ! Je pense qu’on peut se moquer de l’islam (comme de toutes les autres religions) mais sans cibler les musulmans de la manière dont le journal l’a trop souvent fait.

            Toutefois, je trouve que certains pourfendeurs de l’islamophobie font un peu trop dans l’islamophilie !

            Par ailleurs, si je suis d’accord pour penser que les victimes des flingueurs fous ne sont pas des héros de la liberté d’expression, ils ont quand-même été victimes de musulmans fous. Et ce que disent les actuels contempteurs de Charlie, c’est que ce qui leur est arrivé ,ils l’ont finalement bien cherché !


            • njama njama 13 janvier 2015 09:31

              C’est certain Jean J MOUROT cette lettre a des accents de diatribe, quant on la lit avec le recul après ces attentats, mais ne se voulait-elle pas être d’abord une vraie mise en garde d’un ami à ses amis contre les dérives qu’il constatait, ...
              les menaces étaient déjà là puisqu’il le sait et le lui rappelle : "Je n’ignore pas, Charb, que tu as reçu des menaces de mort et qu’il y a peut-être des dingues quelque part qui en veulent à ta peau. Cela me désole. ...« 

              j’ai apprécié plus précisément ces passages qui à mon sens reflétaient les profondes erreurs de jugements de CH, ou leur »superficialité«  !
              C’est bien beau de clamer qu’il ne faut pas faire d’amalgame, alors qu’eux-mêmes en faisaient allégrement sans vergogne, disloquant l’idée de prolétariat dont l’essentiel des membres de cette communauté française de culture religieuse musulmane faisaient partie, participant au démantèlement de la gauche, oubliant leurs crédos de gauchistes  »travailleurs de tous les pays, unissez-vous ...« 
              -----------

               »Hors de la version hardcore qu’en donnent quelques furieux, la religion musulmane ne me paraît pas revêtir chez nous des formes extraordinairement intrusives ou belliqueuses. Sur le plan politique, son influence est nulle : six millions de musulmans dans le pays, zéro représentant à l’Assemblée nationale. Pour un parlementaire, il est plus prudent de plaider la cause des avocats d’affaires et de voter des lois d’invisibilité pour les femmes voilées que de s’inquiéter de l’explosion des violences islamophobes. Pas un seul musulman non plus chez les propriétaires de médias, les directeurs d’information, les poids lourds du patronat, les grands banquiers, les gros éditeurs, les chefferies syndicales. Dans les partis politiques, de gauche comme de droite, seuls les musulmans qui savent réciter par cœur les œuvres complètes de Caroline Fourest ont une petite chance d’accéder à un strapontin.« 
              ...
               »Vous vous réclamez de la tradition anticléricale, mais en feignant d’ignorer en quoi elle se différencie fondamentalement de l’islamophobie : la première s’est construite au cours d’une lutte dure, longue et acharnée contre un clergé catholique effectivement redoutable de puissance, qui avait – et a encore – ses journaux, ses députés, ses lobbies, ses salons et son immense patrimoine immobilier ; la seconde s’attaque aux membres d’une confession minoritaire dépourvue de toute espèce d’influence sur les sphères de pouvoir. Elle consiste à détourner l’attention des intérêts bien nourris qui gouvernent ce pays pour exciter la meute contre des citoyens qui déjà ne sont pas à la fête, si l’on veut bien prendre la peine de considérer que, pour la plupart d’entre eux, colonisation, immigration et discrimination ne leur ont pas assigné la place la plus reluisante dans la société française. Est-ce trop demander à une équipe qui, selon vos termes, « se partage entre tenants de la gauche, de l’extrême gauche, de l’anarchie et de l’écologie », que de prendre un tantinet en compte l’histoire du pays et sa réalité sociale ?

              J’aime bien les bouffeurs de curés, j’ai grandi avec et ils m’ont inculqué quelques solides défenses contre les contes de fées et les abus de pouvoir. C’est en partie cet héritage-là qui me fait dresser les poils devant l’arrogante paresse intellectuelle du bouffeur de musulmans. La posture antireligieuse lui offre un moyen commode de se prélasser dans son ignorance, de faire passer pour insolents ses petits réflexes de contraction mentale. Elle donne du lustre à un manque béant d’imagination et à un conformisme corrodé par les yeux doux de l’extrême droite16.

              « Encoder le racisme pour le rendre imperceptible, donc socialement acceptable », c’est ainsi que Thomas Deltombe définit la fonction de l’islamophobie, décrite aussi comme une « machine à raffiner le racisme brut »17. Les deux formules vous vont comme un gant.


              • Hervé Hum Hervé Hum 13 janvier 2015 13:25

                @ l’auteur,

                vous écrivez « société dominée par les religions catholique et communiste », ah bon, en 1960, le communisme domine la vie politique française ??? est au pouvoir ? Dirige l’économie ?

                plus loin « la télévision n’est plus la voix de son maître » ah bon, la télévision actuelle n’a pas de maître ???

                Vous sortez d’où ????


                • Saltz Saltz 13 janvier 2015 14:51


                  « société dominée par les religions catholique et communiste »
                  Le communisme pesait sur la vie de tous les jours avec les diverses associations cf le film « tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes »
                  et cf http://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_communiste_fran%C3%A7aisLe PCF Le PCF s’implante très fortement dans le monde ouvrier, dans le monde rural et dans le monde intellectuel. Si la revendication du PCF d’être devenu le « parti de l’intelligence » est exagérée, il n’en exerce pas moins un magistère considérable dans les milieux intellectuels, s’implantant notamment dans les écoles normales supérieures. Les communistes acquièrent de nombreux « compagnons de route » parmi les intellectuels, par exemple l’existentialiste Jean-Paul Sartre. Le poids des communistes français dans la vie intellectuelle est particulièrement fort
                  ... Aux législatives de 1945, le PCF fait une percée en obtenant 26,2 % des suffrages et 159 députés, devenant le premier parti de France et de la gauche

                  ******************************************************************************************************
                  « la télévision n’est plus la voix de son maître » ah bon, la télévision actuelle n’a pas de maître ???
                  Je suis d’accord avec vous, la télévision actuelle a un maître, mais ce n’est plus le gouvernement avec un ministre comme Alain Peyrefitte


                • Hervé Hum Hervé Hum 14 janvier 2015 10:10

                  Les faits monsieur, les faits.

                  Et les faits, c’est que 26% ne fait pas une majorité et donc une domination sociale et encore moins politique. Les faits, c’est que la domination intellectuelle et idéologique était et est toujours bourgeoise. Seulement à vous lire, il semblerait que le capitalisme bourgeois et le libéralisme bourgeois ne soient pas des idéologies... Qu’est ce donc alors ? Une religion ? Une loi naturelle ?

                  Quand à la télévision, le maitre à changé ce n’est plus le gouvernement, mais c’est bien pire, bien plus sournois et dogmatique. Le nouveau maître ne connaît qu’une seule idéologie et interdit tout vrai débat d’idées. Le nouveau maître aime bien plus que l’ancien la propagande idéologique et le conditionnement des esprits, lui, il ne pense qu’à occuper les cerveaux disponibles pour les vider de tout conscience et ne laisser que des esprits formatés. Malheureusement pour lui, d’autres espaces de libertés sont arrivés...


                • Saltz Saltz 14 janvier 2015 16:10

                  « société dominée par les religions »
                  Je parle des idéologies dominantes, avec la vision d’un monde meilleur prochain.

                  Lors de la campagne électorale de 1969, Jacques Duclos déclarait qu’alors les gens pensaient qu’ils vivraient mieux dans les années à venir, et que l’âge d’or se situait devant nous, contrairement à nos ancêtres pour qui l’âge d’or appartenait à un monde révolu.

                  Maintenant, le pessimisme ambiant est entaché par le slogan punk « No future ».

                  Quant à l’économie, elle était dirigée. Rappelez-vous le ministère du plan et toutes les entreprises nationalisées. A ce colbertisme a succédé un libéralisme qui favorise le capitalisme privé et étranger.

                  Après guerre, la France était dominée par la bourgeoisie, mais ce n’était pas la même qu’aujourd’hui, ni avec les mêmes méthodes, ni avec les mêmes adversaires. Ceux-ci paraissent si faibles qu’on parle de « pensée unique ».


                • Saltz Saltz 15 janvier 2015 16:46

                  La violence est immorale et condamnable.

                  Elle est de plus stupide.

                  Si le but recherché était de punir et de supprimer Charlie hebdo, c’est l’effet inverse qui se produit. Alors que la situation était préoccupante la semaine dernière, ce jeudi
                  - les abonnements sont passés de moins de 7.000 à « beaucoup plus » de 120.000 abonnés
                  - et Charlie Hebdo serait assuré d’un pactole de 10 millions d’euros... au minimum En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/medias/charlie-hebdo-assure-d-un-pactole-de-10-millions-d-euros-au-minimum_1640948.html#cDMfxKY8OHLyDgxi.99
                   

                  #stopviolence


                  • armand 16 janvier 2015 20:48

                    celle là il (l’auteur) la gardait sous l’oreiller depuis 40 ans


                    • Saltz Saltz 17 janvier 2015 11:32

                      C’est une reprise d’une une,
                      comme l’avait fait le journal lors du décès de Reiser.

                      Lors de lente agonie de Franco, Reiser avait dessiné un cercueil avec des pieds qui dépassaient et légendé « Franco va mieux, il est allé au cimetière à pied »

                      Lors du décès de Reiser, le journal avait titré « Reiser va mieux, il est allé au cimetière à pied ».


                    • Saltz Saltz 8 février 2015 17:30

                      Le numéro suivant le terrible attentat dont la rédaction de Charlie Hebdo a été victime le 7 janvier dernier a été diffusé à 7,950 millions d’exemplaires. Le journal satirique compte désormais plus de 220 000 abonnés contre 10 000 avant l’attentat du 7 janvier


                      . En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/

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