Banlieues : Exit le plan BORLOO. Bienvenue aux « points forts » MACRON !
Après avoir fait appel à Jean-Louis BORLOO qui a remis fin avril un rapport comportant dix-neuf « programmes thématiques », fruit d’une réflexion menée avec les Maires et des associations, Emmanuel MACRON le jugeant trop coûteux et pas forcément très efficace vient de le balayer d’un revers de main et préfère suggérer des "points forts".
Pas de nouveau plan banlieues ou plan de ville
Dans son discours du 22 Mai le Président de la république annonce qu’il n’y aura pas de énième plan. Il s’agit là d’un constat réaliste quand on sait que La politique de la ville s’est avérée être un véritable tonneau des Danaïdes pour une faillite d’environ 100 milliards d’euros
« Je ne vais pas annoncer un plan ville ni un plan banlieue ni quoique ce soit, parce que cette stratégie est aussi âgée que moi », a ironisé le chef de l'État, tout en rappelant que « le premier plan de la sorte a été évoqué par Raymond Barre ». « On est au bout de ce qu'on a pu produire sur cette méthode », a encore précisé le président en plaidant pour « plusieurs actions très précises qui seront proposées dès juillet, notamment en matière de sécurité et de justice », ainsi qu’en matière d'aménagement et de logement ». Toujours, selon le Président de la république il faut un changement de philosophie, une méthode et un rythme différents. C’est ainsi qu’il annoncé un « engagement de rendez-vous tous les deux mois » avec les Maires et les associations…
Les "points forts" qui doivent prévaloir, selon le Président de la République
Emanuel MACRON qui semble conscient que les habitants des quartiers en difficultés ne croient plus dans les grands discours, il s'est engagé, selon lui sur des « actions très précises » et des « choses mesurables et identifiables ». Parmi les annonces qu’il a fait, Tel un inventaire à la Prévert, on peut noter : outre un grand plan national de lutte contre l’illettrisme, en direction de la formation 15 000 stages de 3e allaient être proposés par les entreprises et que 15 000 autres le seraient par l'État, afin d'aider les jeunes des quartiers en difficulté. Rénovation urbaine : regrettant que l'ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine) ait été « abîmé », il s'est engagé à « prendre des engagements budgétaires » et à « lancer une initiative « cœur de quartier » qui serait équivalent de ce qui a été fait par le gouvernement avec l'initiative « cœur de ville ». Pour l’emploi : Après l'instauration des « emplois francs » (qui consistent à subventionner de 15 000 euros sur trois ans toute entreprise qui recruterait en CDI un habitant d'un quartier prioritaire de la ville), il a également annoncé qu'il réunirait en juillet l'ensemble des principales entreprises françaises, appelant les 120 plus grandes à « prendre leur part » dans la lutte contre le chômage qui affecte un jeune sur trois dans les quartiers défavorisés. Très bien, sauf que lorsque certaines réduisent leurs activités (tel Carrefour) comment pourront-ils embaucher des jeunes, à moins de « virer » les plus âgés »… Lutte contre les discriminations à l’embauche en indiquant que celles du SBF120 seraient en trois ans soumises à des « testing » (tests anonymes) pour détecter les cas de discrimination à l'embauche, au rythme de 40 par an. Sur le plan sécuritaire on retiendra que la demande formulée par plusieurs Maires d'être informés de la présence de fichés S sur leur territoire a été jugée « légitime ». Il a aussi dénoncé un « embrasement des trafics de drogue et de stupéfiants » dans les cités, pour y répondre, il a annoncé qu'il finaliserait « d'ici juillet un plan de lutte contre le trafic de drogue ». Le chef de l'État a également rappelé que « oui dans nos quartiers il y a aussi de la violence, il y a des choses qui ne vont pas, et c'est explosif ». Il a donc fait appel à « tous les acteurs de la lutte contre les violences et les dérives » afin de « construire une société de la vigilance sans basculer pour autant dans « une société de la délation » et de rajouter « Quand on refuse de voir quelqu'un dériver, quand on refuse de mettre un terme aux actes les plus insupportables dans son quartier ou ailleurs, de fait on devient complice », a-t-il asséné, concédant toutefois que « parfois on a peur ». Améliorer la démocratie en donnant la parole aux citoyens par la mise en place d’un site internet « La France une chance ». Cette plateforme aura pour but de permettre aux citoyens « d'alerter » les pouvoir publics sur ce qui « ne marche pas ». « Cela donnera de la transparence et pourra garantir l'anonymat », a promis le chef de l'État, jugeant qu'il s'agissait d'une « garantie que les citoyens auront toujours une présence » sur leurs représentants, ce qui confère un « impérieux devoir de réussir ». Gadget ou véritable outil de contrôle des élus par les citoyens ?...
Le chef de l'État a exigé également que des propositions concrètes, notamment en matière de sécurité, de justice, mais aussi d’aménagement et de logement, soient formulées d'ici juillet où le tout nouveau Conseil présidentiel des Villes se réunira pour un point d’étape.
Comme on pouvait s’y attendre, les élus de l'opposition, à droite comme à gauche, n'ont eu que des mots durs contre le discours présidentiel. Pourquoi avoir fait appel à Jean-Louis BORLOO s’interrogent certains, alors qu’ils étaient souvent en première ligne pour dénoncer les propositions controversées et onéreuse de ce rapport, quand d’autres s’insurgent contre des arguments qu’ils jugent de « racial », ou encore quand d’autre regrettent un déficit de moyens financiers… Bref l’art de gouverner est un art bien difficile devrait se dire Emmanuel MACRON…
Et si les propositions formulées par le Président de la République n’étaient que des mesures de rapiéçage sans grand effet, l’essentiel étant délaissé ?
Nul doute que les mesures proposées para Emmanuel MACRON sont nécessaire pour rendre la vie un tant soit peu moins difficile dans les quartiers défavorisés, mais au fond, n’est-ce pas des solutions de rapiéçage de court terme ?
« Aujourd’hui, 54% de la population mondiale vit dans les zones urbaines, une proportion qui devrait passer à 66% en 2050 », a indiqué le service des populations du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU dans son rapport sur les perspectives de l’urbanisation
En France, comme l’U.E. près de 80% de la population est urbaine ce qui entraine inévitablement : perte des terres arables à cause de l’étalement urbain, raréfaction des ressources, réchauffement climatique, concentration et densification de l’habitat, augmentation du nombre de métropoles, pauvreté, exclusion, pollution, insécurité…
La croissance démographique, moteur de la croissance urbaine et de ses difficultés
A cause d’une croissance démographique continue, les villes des pays développés tels que le nôtre ne cessent de générer des crises en leur sein. Celles-ci se manifestent par des phénomènes d’exclusion sociale et de ségrégation spatiale, par un nombre croissant de personnes vivant dans des situations de grande précarité ou de marginalisation. Mais ces problèmes sont-ils exclusivement urbains ou ne sont-ils pas, pour une partie d’entre eux, seulement plus « visibles » dans des villes où les populations se concentrent ? Dans quelle mesure la question des ghettos aux États-Unis ou celle des banlieues en France sont-elles spécifiquement urbaines ? Comme l’a écrit Jacques DONZELOT (historien du social et sociologue de l'urbain), « que des problèmes sociaux se concentrent dans certaines parties de l’aire urbaine prouverait qu’il y a un problème dans la ville et en rien de la ville »
Il faut se rendre à l’évidence, en l’absence de toute maitrise et régulation démographique, le monde ne cessera pas de s’urbaniser dans les prochaines décennies et notre pays n’y fera pas exception.
On peut toujours évoquer la nécessité d’un véritable équilibre entre villes et campagnes, mais sans prendre des dispositions adaptées, « l’avantage urbain », c’est-à-dire des facilités de vie dont on peut bénéficier en ville, en raison des transports, des services publics et de la présence d’équipements collectifs par exemple, ne semble guère réaliste, d’autant que le poids politique des citadins se renforce au fur et à mesure que la population augmente et que la taille des villes s’accroît. Au-delà des inégalités au sein des territoires urbains, les inégalités entre villes et campagnes est une réalité que les mesures annoncées par Emmanuel MACRON ne sauraient réduire, qu’il s’agisse notamment des transports, des services publics ou de l’accès au très haut débit internet, bien qu’il varie d’une région l’accès aux services de ce type en milieu rural est toujours fortement défavorisées.
Limiter, stopper la croissance urbaine et s’engager dans la voie de la décroissance démographique urbaine c’est possible et nécessaire
Pour autant, il ne s’agit pas d’opposer la ville à la campagne par une surenchère de concurrence entre services que peuvent fournir les uns plus que les autres ou de jeter l’opprobre sur la ville ou certains de ses quartiers. Les villes, beaucoup parmi elles millénaires, ont survécu aux royaumes, aux empires, aux nations, aux états et aussi aux guerres, aux crises et à toute sorte d'événements. La ville, de manière intrinsèque, est plus durable que toute autre structure socio-territoriale. Elle est un repère solide et constitue le socle majeur de l'expression des habitants face aux défis d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Encore faut-il la rendre habitable et pour cela il est temps de repenser la maîtrise démographique de son aménagement en cessant d’agir selon une logique d’aménagement exponentiel de son territoire, mais selon une logique de MENAGEMENT des territoires.
Agir avec deux leviers que sont la fiscalité locale et la politique d’urbanisation, notamment en zone rurale par la fusion des communes.
Quel rapport entre fiscalité locale et la banlieue ? Tout simplement, plus la population augmente et grâce aux impôts locaux, plus les recettes fiscales augmentent, c’est une spirale qui peut ne pas s’arrêter… Bilan, on densifie certains quartiers, en particulier les centres villes, ainsi certaines villes qui se trouvent au sein ou en périphérie d’une métropole urbaine deviennent des « villes dortoirs » qui vont concentrer toutes les difficultés que l’on a précédemment évoqué et qui font l’objet des mesures proposées par le Président de la république. Dès lors une refonte de la fiscalité locale devrait passer par une suppression de toutes les taxes existant, pour les remplacer par un seul impôt local payé uniquement par l'occupant du logement et par tous, tout en préservant la notion de solidarité la plus objective possible. Le calcul de cet impôt local unique doit porter sur la valeur totale du bien qui est définie par la superficie, le site et éventuellement les surfaces non bâties. Il est évident qu’un secteur à forte densité l’impôt serait très faible de manière à ne pas inciter le Maire à densifier, mais à dé-densifier ce secteur. Il devrait être de plus encouragé dans ce sens par l’Etat par le biais de la DGF.
Il faut également redéfinir des nouvelles règles pour l'octroi de la Dotation Globale de Fonctionnement (DGF) aux communes afin d'éviter qu'un maire soit tenté par une expansion démographique constante sur sa commune. En fonction de la superficie et des contraintes géographiques, pour stopper la densification de l'habitat, il faut que le montant par habitant de la DGF soit majoré ou minoré de manière à encourager les maires à prendre des dispositions pour encourager réellement une politique locale de MENAGEMENT du territoire, c'est-à-dire à mieux maîtriser l'aménagement de l'habitat en protégeant les zones boisées et les terres arables, tout en s'opposant à la densification des centres ainsi que certains quartiers urbains en difficulté qui génèrent des conditions de vie parfois très difficile pour leurs habitants, mais aussi de l'étalement désordonné dans les zones rurales de proximité. Cela suppose également de mieux maîtriser l’aspect démographique dans les communes concernées. Au-delà d’un certain seuil d’habitants compatible avec ses données géo-démographiques, la DGF par habitant serait réduite, voire supprimée pour ces excédents d’habitants.
Fusionner les communes, autre outil d’une politique d’urbanisation différente contribuant à un rééquilibrage ville-campagne
La fusion des communes, notamment en zones rurales aujourd’hui plus ou moins délaissées sur la base des actuelles intercommunalités, grâce aux nouvelles « intelligences artificielles » qui vont permettre de développer le travail à distance (télétravail) et sous réserve de maintenir des services publics de proximité permettrait de sortir de la banlieue des familles en leur offrant des perspectives attrayantes, y compris par des aides à l’acquisition de logements à rénover.
A l’instar des autres pays Européens, du coté des communes et de leur groupements, il est possible de faire des économies de 10 à 11 milliards d’euros par rapport aux seules indemnités des Maires, adjoints, présidents, vice présidents des intercommunalités en envisageant la fusion de communes, ce qui entrainerait la suppression des communautés de communes en tant que collectivités percevant des impôts ? Les nouvelles communes pourraient toujours se regrouper, mais en communautés de projets pour mutualiser certains investissements, ainsi que leur gestion.
Avec les économies ainsi réalisées cela permettrait de donner des moyens pour dé-densifier les quartiers de banlieues surchargées en habitat, déconstruire des tours pour les remplacer par des bâtiments plus petits avec un impact au sol très inférieur, libérant ainsi des espaces verts. Mais aussi encourager des entreprises travaillant sur le numérique de se délocaliser vers des zones rurales aujourd’hui délaissées. Sachant que si les jeunes des quartiers défavorisés ne sont pas en situation de réussite scolaire, ils maîtrisent très bien l’informatique et seraient également une main d’ouvre dé- localisable pour répondre aux besoins de ces entreprises et participer ainsi à une forme de rééquilibrage ville-campagne…
Pour conclure
Si l’on poursuivait l’évolution de la croissance démographique à la même cadence de 5% comme pour la dernière décennie (2006 – 2016) et si l’on considérait l’augmentation de la population (plus 1 milliard de 6,5 à 7,5 milliards d’habitants) on peut estimer qu’en 2050 de 75 à 80 % de la population mondiale sera urbaine, la France et l’UE qui y sont déjà, on peut imaginer les difficultés, sans compter le climat particulier de violence qui se développerait, aggravé probablement par des données cultuelles. Avec un tel phénomène d’urbanisation de masse, ce sont des centaines de milliards de dollars ou d’euros qui seraient investis chaque année dans les travaux d’infrastructures, que ce soit pour les immeubles, les voies de communication, les réseaux d’eau, de gaz, d’électricité ou de télécommunications. Et quand le béton est coulé ou le macadam étalé, c’est pour longtemps. L’effet le plus direct sur la biodiversité est la déforestation, laquelle contribue déjà de manière non négligeable à l’accroissement des émissions de CO2. Les végétaux sont en effet des puits de carbone et les supprimer pour construire des bâtiments ou des rues équivaudra à relâcher dans l’atmosphère plus 50 millions de tonnes de carbone par an. La priorité des priorités c’est bien celle de stopper de façon urgente la croissance démographique … Mais bon ! il faudrait encore beaucoup d’efforts et de temps pour y parvenir, sauf que le temps nous est compté..
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