Bas les masques !
Nicolas Sarkozy en super star marxiste à New York et au Zénith de Toulon, réclamant des sanctions contre les coupables de la crise financière tout en applaudissant le plan Paulson qui va sauver les banques responsables du dérapage plutôt que les ménages et les entrepreneurs victimes, c’est une vérité universelle qui tombe enfin.
... une vérité énoncée depuis des années selon laquelle la compétence et la cohérence économique serait une valeur de droite alors que les autres pécheraient dans l’assistanat, les déficits et les subventions inefficaces. Une vérité qui n’avait jusqu’alors d’égale dans son absurdité que celle d’arroger à la gauche la propriété exclusive de la culture, de l’action sociale et de l’humanisme.
Car en énonçant aujourd’hui des affirmations à l’opposé de ses actions et propositions d’hier, Nicolas Sarkozy montre une nouvelle fois qu’il navigue à vue en matière d’économie, tout comme en matière de fiscalité, d’éducation ou de politique étrangère.
Lui, l’ancien avocat de Jean-Marie Messier qui avait fait sombrer Vivendi ex-Générale des eaux dans la bulle internet, nous promet une moralisation du capitalisme financier ? Celui qui passe ses vacances dans les villas, les yachts et les jets des Bolloré et consorts veut nous faire croire qu’il faut rompre avec les revenus excessifs des grands patrons ? Celui qui a aboli l’impôt de bourse pour les transactions supérieures à 7 300 euros, afin d’intensifier les flux financiers sur la place de Paris, voudrait désormais rompre avec la spéculation boursière ? Le protecteur des héritiers, du mérite à la particule et des patrimoines seigneuriaux remettrait enfin sur le devant de la scène une économie de la création, de l’initiative et du mérite individuel ? Le champion des taxes en tout genre (malus écologique, taxe sur l’abonnement internet, franchise médicale, taxe sur l’assurance-vie, taxe sur la participation et l’intéressement) se présenterait comme le sauveur du pouvoir d’achat des épargnants modestes ? Laissez-moi rire !
Et la meilleure de toute : il voudrait "sanctionner" durement (ce sont ses mots prononcés à l’ONU hier) les coupables organisateurs du système des subprimes, alors que, comble du comble, il proposait il y a un an d’établir un système équivalent dans les banques françaises. Un simple détour sur le site internet de l’UMP (http://www.u-m-p.org/propositions/index.php?id=credit_hypothecaire : article ci-dessous) décrit encore ses propositions de l’époque : "Je propose que ceux qui ont des rémunérations modestes puissent garantir leur emprunt par la valeur de leur logement. Il faut réformer le crédit hypothécaire. Si le recours à l’hypothèque était plus facile, les banques se focaliseraient moins sur la capacité personnelle de remboursement de l’emprunteur et plus sur la valeur du bien hypothéqué."
De la même manière que 53 % des Français ont mordu au leurre sarkozyste en mai 2007, les trois quarts de la planète s’apprêtent à mettre la main au porte-monnaie pour sauver un pseudo-libéralisme qui n’assume que ses succès, évitant aux spéculateurs le sort de leur prédécesseurs des années 30, sous les chants rédempteurs de leurs propres amis au pouvoir !
On viendra ensuite nous dire que les résultats économiques catastrophiques des Bush, Berlusconi ou Sarkozy sont le fruit d’une situation internationale défavorable fortuite... bizarrement beaucoup plus coopérative lorsque des Clinton, Jospin ou Prodi sont au pouvoir !
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