Batho tombe du pédalo
En envoyant par le fond la soldate Batho, François Hollande a fait preuve d’autorité, enfin. Les Verts auront au moins servi à cela : révéler le côté Hulk du culbuto.
« C’est un mauvais budget ». En prononçant sur RTL ces quelques mots, Delphine Batho signait hier son arrêt de mort. La ministre de l’écologie (et du développement nianiania) venait de dépasser la ligne verte. Celle qui conduit à la chaise électrique. A 15h28 (restons précis) elle était convoquée d’un tweet à Matignon. A 18h et quelques gamelles, elle était gentiment virée, « sur proposition du premier ministre ». L’homme de notre Dame des Landes venait de signifier à la grande amie de Christiane Taubira qu’elle était remplacée par un monsieur Martin, du Gers. Dans la foulée, si Duflot se faisait remarquer par son silence embarrassé, Mamère (pas la mienne) se chauffait la moustache, convoquait réunion, avant que la magnifique Pompili déclare finalement que les Verts avaient choisi de ne pas plonger avec Batho et de rester sur leur chaloupe.
Comment en est-on arrivé là ? Comment EELV, parti sans importance, sans poids, sans saveur, a-t-il pu en une journée transformer François Hollande, mou des deux genoux, en inflexible patron, quasi mitterrandien, ne supportant pas que l’on ose remettre en cause ne fusse qu’une partie de son budget ? Batho nous aurait-elle donc changer sur la durée notre flan corrézien, ou ne s’agit-il là que d’un coup d’éclat qui restera sans suite ? Difficile à dire. Ce qu’on peut d’ores et déjà affirmer, c’est le peu de cas que Hollande et sa majorité socialiste font de leurs « alliés » écolos. Duflot muselée, depuis de longs mois déjà, Mamère marginalisé, Placé boufonisé, ne restait que Batho pour éventuellement casser les pieds du PS avec ses impératifs recyclables. Depuis hier, c’est terminé. Et c’est sans risque pour Hollande : les Verts ne pèsent rien, et ne peuvent prétendre à quelque existence que ce soit sans l’appui du PS. Ils reviendront donc sans cesse à la niche d’ici les Municipales, prêts à avaler toutes les couleuvres, qu’elles sentent le gaz de schiste ou pas. Pour la forme, les Verts indiquent qu’ils souhaitent rencontrer rapidement Ayrault…pour quoi faire ? Demander des explications ? Demander pourquoi Hollande aura mis moins de temps à virer Batho qu’à écarter Cahuzac, par exemple ? Pleutrerie, quand tu nous tiens. Les écologistes n’ont pas leur place dans le gouvernement, ils n’y figurent que pour service rendu, mais leur empreinte (carbone) est nulle. Très vite, les caciques socialistes les ont invité à se taire, Batho avait dû mal entendre.
Ceci resterait un évènement mineur s’il ne révélait pas brutalement un aspect de la nature de notre bon Président qu’on ignorait jusque là. Le raconteur de blague ventripotent n’avait pas jusqu’alors laissait transparaître son côté tueur froid. Méthodique et brutal. Son côté Raoul, qui éparpille, façon puzzle. Hollande serait-il donc passé d’un coup d’un seul au plan B de son quinquennat ? Le plan « pas de quartier, pas d’état d’âme », un plan à la Attali, un peu, qui réclame plus d’action et moins de pédagogie. Ceux qui sont contre s’en vont, les autres appliquent, point barre. Verts ou pas, pas d’exception. Le cap est fixé, les moussaillons s’activent. « Un fonctionnement de caserne » pleurnichent les écolos. Oui, et alors ? A-t-on d’autre choix aujourd’hui que la couture sur le pantalon en espérant que la ceinture tienne ? S’il est une armée qui doit progresser en rangs serrés, c’est bien le gouvernement actuel. Né dans les couacs, les approximations, les reculades et les bides, il était temps que le cirque prenne fin, que la confusion, l’amateurisme et le bricolage laissent place à quelques certitudes, et surtout qu’un chef se dégage enfin, s’impose, tape du poing sur la table et mette de l’ordre dans les coursives. La croisière s’amuse, c’est fini, merci Batho ! Ne reste plus maintenant à Hollande qu’ à confirmer son tour de vis, en changeant de premier ministre, par exemple, en expulsant son ministre du redressement improductif, en mettant sur écoute la Maison Blanche, en nommant Bernard Tapi ministre de la Ville et Pierre Estoupe au budget.
Le torpillage de Batho restera peut-être l’acte de naissance du nouvel hollandisme : un socialisme rosse qui ne saurait tolérer la mutinerie, qui nécessite l’allégeance. Une sorte de sarkozysme rose.
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