Bayrou et Mélenchon à la croisée des chemins
Le sort législatif de deux électeurs de François Hollande du second tour cette semaine m'a fait un peu songer :
-Tout d'abord François Bayrou. Des voix s'étaient élevées au sein du PS pour ne pas présenter de candidat face à celui qui avait annoncé son vote pour Hollande au second tour. Du fait de son suffrage, le béarnais allait désormais avoir un candidat UMP contre lui, contrairement à ce que les sarkozystes avaient décidé à l'origine.
Nous avions, nous socialistes, déjà une candidate face à l'ancien ministre de l'éducation de Balladur. Aurait-il fallu la retirer ? Cela n'aurait peut-être pas rendu service au président du MODEM, qui aurait pu être accusé de ne plus être qu'un appendice des socialistes. Position délicate quand on sait que malgré le choix personnel de François Bayrou, beaucoup de ses électeurs ont choisi Nicolas Sarkozy au second tour.En effet seulement 30% de son électorat a voté Hollande et 40% pour le sortant...Un apport plus faible que prévu.
Bayrou n'a pas demandé de retrait du candidat PS, démentant les glapissements de marchandages de l'UMP lors de l'annonce de son vote. J'avais d'ailleurs été glacé des cris de haine d'un groupe d'adhérents du principal parti de droite autour de Michel Havard lors de l'apparition de Marielle de Sarnez à l'écran dimanche dernier à la fédération du Rhône du principal parti de droite.
Bayrou a-t-il à l'inverse sollicité un maintien, comme garantie de son indépendance avec peut-être une aide discrète ? Je n'en sait rien. Martine Aubry a-t-elle de son côté voulu réaffirmer son autorité en confirmant le choix d'une candidature socialiste ? Je n'en sais rien. Les accords de parti et surtout leurs désaccords sont bien complexes, souvent au nom d'une pureté de posture. Et parfois violents comme le rappelle Jean-Yves au sujet de EELV à Lyon.
Ceci dit, il y a des second et des premiers tours pour discuter.Et je vois, derrière les postures médiatiques de tous contre un, le Béarnais s'en sortir facilement. J'aurais quel que soit le jeu tactique des uns et des autres et les discussions sur les billets de Nicolas ou Romain, niveau MODEM,UMP ou socialistes, qu'il n'y aie, même si il existe certes des divergences de programme, aucun candidat PS face à Bayrou.
-Jean-Luc Mélenchon. Je suis un attaché aux terroirs et aux terres. Ce qui m'énerve par exemple chez Delphine Batho, c'est tout autant qu'elle se permette, avec ses revenus de squatter un HLM parisien que le fait que cette élue à qui Ségolène Royal a offert son siège dans les Deux-Sévres n'habite pas sa circonscription mais lui préfére la capitale. Un parlementaire représente tout autant la République en général que son territoire en particulier. Je soutiens d'ailleurs mon ami Jean-Louis Touraine, habitant de ma circonscription et qui n'oublie ni les intérêts de la France ni ceux des lyonnais.
Mélenchon, comme je l'ai dit sur Twitter hier, m'entrainant quelques réprobations, ne manque pas de courage puisqu'il va se présenter dans une circonscription loin d'être gagnable facilement par lui. Mais il se livre, c'est aussi évident, à de la politique spectacle en se faisant parachuter. Comme le dit à juste titre Jegoun :
" Le seul résultat de la candidature de Méluche est que le duel va exciter les médias qui le mettront en avant au détriment de tout autre sujet, renforçant ainsi la popularité de Marine Le Pen. Il ne sera pas élu mais renforcera les thèmes de la droite au niveau national. Sa candidature n’est pas courageuse, elle est suicidaire pour la gauche, mais il s’en fout : il gardera son mandat de député européen.Cette candidature est une erreur : elle peut faire perdre la gauche. Si Méluche avait réellement du courage, un courage autre que d’aller faire le guignol dans les médias, il la retirerait."
A la fin soit Mélenchon aura permis l'élection de Marine Le Pen en s'installant dans un endroit où il n'a servi à la leader du FN que de faire valoir médiatique et de division des forces de gauche, soit il aura été l'animation de la réélection d'un élu socialiste (ce qui est mieux). Mais impliquerait aussi que Martine Aubry réfléchisse un peu au PS de sa région d'élection. Le Pas-de-Calais c'est complexe mais cela a besoin d'être rassemblé et clair !
Quoi qu'il en soit, rappelons que si Hollande a remporté les suffrages de la circonscription avec plus de 57% des suffrages, Mélenchon a fait 11,98 au premier tour (bien moins que deux fois le score de Hollande) et Marine Le Pen 35,48%... Bref Mélenchon fait ici, malgré le fait indéniable rélévée par les observateurs, qu'il n'a pas choisi la facilité élective, de la politique-spectacle et devrait, une fois battu, retrouver son siège de député européen. Au lieu d'essayer d’élargir l'espace politique de la gauche, tenter de prendre une part du gâteau déjà cuit. Pourquoi, au lieu d'essayer de reprendre une circonscription déjà à gauche, n'a-t-il pas pris son courage comme Hollande en son temps, pour gagner un siége ailleurs sur la droite ?
Mais peut-être suis-je dur ? Le seul intérêt ne serait pas en effet que médiatique dans cette candidature. Il y aurait aussi sans doute une question d'appareil dans cette histoire peut-être ? Rappelons que la puissante fédération du Pas-de-Calais du PCF n'est pas la plus favorable à une stratégie de Front de Gauche et préfère parler de l'identité du parti. S'y présenter permettrait aussi à Mélenchon de renforcer sa stratégie de légitimation face aux communistes et face à un nouveau gouvernement. A quoi cela tient la politique...
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