Bayrou président (3) - L’essai reste à transformer
Interrogé par le quotidien régional Ouest-France le jeudi 29 mars, François Bayrou s’est vu poser la question que tout le monde se pose : « Vous êtes le chouchou des Français, mais bas dans les intentions de vote. Pourquoi ? » Et voilà le défi posé. En effet, il ne suffit pas de faire le plein de capital sympathie et de surclasser les autres candidats à l’applaudimètre, il faut aussi concrétiser comme on dit dans le langage du sport.

Outre la formidable popularité de Bayrou, un autre phénomène est en train de prendre de l'ampleur en France : la mélenchonnite ! Parlons-en et comparons…
Bayrouisme et mélenchonnite s’opposent
1 – Révolution ou simple subversion ?
Un artiste peut faire dans la subversion. Mais jamais Duchamp avec son exposition d'urinoir ou Elvis avec ses trémoussements de bassin n’ont fait changer la vie quotidienne des gens, du point de vue matériel ou humain. Je considère Mélenchon comme un artiste (et Sarkozy aussi, qui l’admire pour cela) mais il ne va rien révolutionner du tout.
Au contraire Bayrou, sous ses airs de père tranquille, de gentil nounours et avec son faux air à la Michel Drucker, va changer le pays en profondeur. Un tracteur révolutionne plus que des grandes gueules de bistrot.
Bayrou est l’anti Mélenchon. Je veux dire que Mélenchon ne recule devant aucun scrupule pour faire dans la démagogie et promettre la lune. Bayrou, au contraire, s’embarrasse trop de scrupules et veut dire tout le temps la vérité. Résultats des courses : Mélenchon monte dans les intentions de vote, Bayrou renforce uniquement son capital sympathie.
Mélenchon et les autres révolutionnaires refusent de gouverner, refusent de voter des lois. Par conséquent, refusons de voter pour eux puisqu’ils ne veulent rien faire ! Quand on refuse d’assumer ses responsabilités en gouvernant, on peut naturellement promettre n’importe quoi sans que cela porte à conséquence : le SMIC à 1700 euros, l’accueil de tous les immigrés pauvres de la planète, et malgré cela le plein emploi ! Et allez donc !
Quand on veut gouverner sérieusement, c’est autre chose. Il faut avoir les couilles de dire que la joyeuseté c’est terminé et qu’il faut des efforts. C’est le choix de Bayrou qui, en ce sens, est plus révolutionnaire : il veut gouverner et réformer.
Tous ces révolutionnaires de pacotille ne poursuivent qu’un but : se faire plaisir !
Il est plus courageux, même si c’est moins enthousiasmant, de passer aux actes avec Bayrou en réformant nos institutions et les mœurs politiques, en maîtrisant notre dette et donc notre avenir…
Mélenchon me fait l’impression dans cette campagne de n’être qu’un intermittent du spectacle ou un chauffeur de salle pour François Hollande. Il fait son grand show comme Montebourg avant lui lors des Primaires socialistes. Un tour de piste et puis s’en va. Bayrou, lui, s’inscrit dans la durée parce que son sillon est plus profond. D’ailleurs pour Mélenchon, je ne parlerai même pas de sillon mais de sillage qui va se refermer très vite sur les eaux calmes du PS, ce parti ogre qui veut toujours plus de postes d’élus et ne pense qu’au pouvoir pour le pouvoir.
La seule révolution par les urnes, c’est le vote François Bayrou. Ce n’est ni Mélenchon ni les révolutionnaires ultra minoritaires qui auront 99 % des citoyens contre leur programme. Pour faire la révolution, il faut réformer le système et il faut disposer d’une force de rassemblement importante.
Les succès d’audience de Mélenchon me rappellent ceux de Georges Marchais. Quand j’étais en cité universitaire, la salle de télé était pleine à craquer. La plupart des étudiants venaient pour se poiler. Mélenchon passe aussi pour un amuseur public. Cela tranche avec l’image de sérieux et de crédibilité de François Bayrou qui rassemble un plus large nombre de Français autour de son nom. Le problème reste juste de transformer l’essai : de faire passer les indécis, qui lui apportent une forte cote de popularité, au choix franc…
2 – Mélenchon est un extrémiste
Pour moi, ceux qui traitent une partie de leurs compatriotes en ennemis sont des extrémistes. C’est le cas des Le Pen et de Mélenchon. Attiser les jalousies et les haines est une attitude récurrente chez ces gens. Bien sûr, dans les sympathisants il y a des personnes très bien et qui se défendent d’être des extrémistes. N’empêche le résultat, il est là : haine, violence, injures, divisions…Il y a même des effets de vase communicant entre les deux extrêmes. Rappelons ce fait : souvent un électeur de Le Pen peut voter Mélenchon et vice-versa.
Les votes en faveur de Mélenchon ne feront que conforter le PS au second tour et la « Bilatérale UMPS ». Le vote utile anti-système (dans le sens de réforme et pas de la table rase), c’est le vote Bayrou. Mais je propose à François Bayrou de se lâcher un peu dans la dernière quinzaine de la campagne. Je partage le point de vue de L’Hérétique sur ce point. On a vu ce que son « produire français » avait créé comme effet (un doublement du score dans les sondages). Il ne s’agit pas de mentir comme Mélenchon. Non, il faut rester crédible mais il faut chercher des gains de popularité en saisissant à bras-le-corps les sujets qui préoccupent le plus les électeurs : en premier lieu la question du chômage et de l’emploi.
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