Bélarus : aujourd’hui, l’économie, c’est la continuation de la guerre par d’autres moyens !
Au XXIème siècle, c’est l’économie qui est la continuation de la guerre par d’autres moyens… En effet, comme cela ressort de la rencontre Biden-Poutine à Genève, le consensus est bien à nouveau, après l’ère Trump, selon cette expression officielle commune qu’ « Aujourd’hui, nous réaffirmons le principe qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être livrée ». (1)
Pour autant, les fusils et les fusées restent chargés et les troupes, sur le terrain, restent en mouvement constant, telles des pions sur l’échiquier du monde.
Même les « bases » militaires, de nos jours, semblent dotées d’une étrange faculté à se déplacer, surtout d’Ouest en Est, un problème de vents dominants, sans doute… et à venir occuper des positions stratégiques menaçantes aux portes de la Russie…

La géostratégie moderne commence, comme l’ancienne, par un jeu d’intimidation, mais pour aller plus loin, et poser carrément ses pions sur le territoire de l’adversaire, l’essentiel n’est donc pas tant la « force de frappe » de l’agresseur que la faiblesse de l’adversaire…
La réelle offensive consiste donc d’abord à affaiblir l’adversaire de l’intérieur. Ce n’est que dans un pays en proie au chaos interne que l’on peut risquer d’avancer ses pions sans déclencher une confrontation générale fatale à tout le monde. La première offensive est donc d’abord « médiatique » et utilise tous les moyens pour discréditer le pouvoir en place et semer la division dans le pays. Dans le cas du Bélarus, il ne s’agissait pas de contester réellement le résultat des élections mais d’imposer par avance le principe même qu’il puisse avoir la moindre légitimité. Après cette « préparation d’artillerie » il ne fallait donc plus attendre et déclencher des troubles avant même la clôture du scrutin, pour tenter de valider ce principe d’illégitimité et créer rapidement un rapport de force décisif permettant d’imposer un « contre-pouvoir » en guise de Cheval de Troie, pour finir de détruire cette petite nation de l’intérieur même de sa capitale, Minsk, où se trouvait une frange de classe moyenne attirée par les lueurs du miroir aux alouettes occidental.
Au bout de trois nuits d’émeutes, cependant, le but était déjà manqué et le « blitzkrieg » en échec. Il fallait donc une nouvelle stratégie de confrontation dans la durée, et ce furent les femmes que l’ « opposition » envoya au « front » pour ce faire, sous la forme d’un « commando pacifique » de 250 jeunes femmes habillées de blanc en « signe de paix » et de « non-violence », par contraste avec leurs compagnons émeutiers des nuits précédentes.
De fait, bien qu’illégales, les manifestations de ce type furent donc tolérées à partir de cet instant, malgré leur rythme quasi quotidien durant les deux premières semaines. Une stratégie habile de la part de l’opposition, donc, qui visait à faire porter la responsabilité des violences postélectorales sur le seul Loukachenko et sa police, malgré l’évidence du contraire. Mais une stratégie à double tranchant, vu qu’elle reposait sur un cycle provocation-répression qui se trouvait donc interrompu, entraînant déjà un début de « démobilisation », vu que celle-ci ne reposait essentiellement que sur ce cycle, en termes de revendications. De quotidiennes les manifestations devinrent donc « hebdomadaire », créant une situation de « pourrissement » telle qu’elle ne pouvait pas durer, au regard de son illégalité et des perturbations causées. Toutefois, malgré la reprise d’un cycle répressif de plus en plus systématique, fin Septembre, la « remobilisation » espérée par l’ « opposition » ne s’est jamais réellement produite, et le flop final de Tikhanovskaïa fut son « ultimatum » adressé à Loukachenko pour le Dimanche 25 Octobre et appelant à une grève générale avec blocage de tout le pays dès le Lundi 26 en cas de refus… !
Or le Lundi soir la presse de l’opposition elle-même n’avait pas un seul ouvrier gréviste à recenser pour illustrer ses médias, l’agitation en ville s’étant limitée à quelques maigres monômes d’étudiants davantage « sécheurs de cours » que « révolutionnaires insurrectionnels ».
Dès lors, n’arrivant même plus à « pourrir la situation », l’ « opposition » devait donc passer à d’autres moyens…
Après un hiver trop « calme » à son goût et le nouvel échec complet d’une tentative de reprise de l’agitation de rue, le « Blitzkrieg » occidental a même carrément tenté de prendre la forme d’un putsch militaire… ! (2)
L’opération ayant rapidement viré au ridicule complet, il fallait donc le prétexte d’un nouveau « train de sanctions » qui soit assez puissant pour pouvoir espérer enfin mettre à genoux ce petit pays récalcitrant…
…Et ce fut donc l’affaire du vol Ryanair, victime d’une mystérieuse « alerte à la bombe » alors qu’il survolait le Bélarus… Et ce fut donc l’arrestation « obligée », en fait, du pseudo-« journaliste » Roman Protassevitch, quasiment déjà connue du monde entier avant même que ce jeune homme ne se soit présenté, à reculons, il est vrai, au contrôle d’identité… !
…Mais « lâché à dessein » ou non par ses anciens « compagnons d’armes », la chance du Bélarus fut donc que ce jeune homme était donc déjà suffisamment « en froid » avec ses ex-complices pour coopérer, en fin de compte très spontanément, avec l’enquête officielle au Bélarus…
…Nouvelle phase du ridicule occidental, donc : le « martyr de la liberté d’expression » refuse de jouer le cinéma attendu de lui et devient concrètement le meilleur révélateur, pour ceux qui l’ignoraient encore, de la duplicité monstrueuse de l’Occident. (3)
Nouvelle humiliation, donc, pour les prétentions occidentales à réduire la Résistance du Bélarus par un nouveau pseudo-« mouvement de masse » aussitôt avorté qu’à peine entrevu !!!
Il ne restait donc plus que l’attaque directe à l’ « artillerie lourde » d’un blocus économique aussi complet que possible pour tenter d’étouffer définitivement la vie économique du Bélarus… Ce qui fut, étrangement, mais de façon révélatrice, finalement, décidé 80 ans après, jour pour jour, et même, quasiment, heure par heure, à la date « anniversaire » de la phase « Barbarossa » du « Blitzkrieg » nazi originel !
Dans le contexte politique actuel, et depuis bientôt un an déjà, on comprend donc bien que cette date revêtait une importance particulière pour le Bélarus, en tant qu’Etat indépendant ! Une cérémonie commémorative était donc prévue, au Fort de Brest, premier haut-lieu de la Résistance soviétique face aux hordes nazies, dès ce premier jour de la guerre, le 22 Juin 1941.
Une tribune toute trouvée, donc, dès quatre heures du matin, heure de l’attaque nazie initiale, pour répondre à ce nouvel « assaut économique » qui se veut donc, dans le principe, aussi fatal que voulait l’être son prédécesseur militaire de 1941.
Pour comprendre l’ampleur et le cynisme de ce nouveau blocus, on en a l’explication consciencieuse et zélée dans une vidéo « France 24 » de ce même 22 Juin 2021 :
Comme nous l’explique également l’AFP, il s’agit de mesures d’asphyxie coordonnées entre l’Union européenne, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada. Dans la vidéo « économique » carrément cynique de « France 24 », il y a toutefois un mensonge par omission : le recul du PIB biélorusse en 2020, à -0,9%, est un des plus faible qui soit au monde, en raison même de la résistance du Président Loukachenko aux mesures de confinement que voulait lui imposer l’Occident !
Et comme on peut le voir, la promesse d’un nouveau recul du PIB c’est ce qui réjouit particulièrement Tikhanovskaïa, qui, après avoir officiellement récolté 10% de voix aux présidentielles d’Août dernier s’était permise, quand les manifestations se sont trouvées en voie d’essoufflement avancé, contrairement à ce qu’à longtemps prétendu l’Occident, de lancer son ridicule "Ultimatum" du 25 Octobre au Président Loukachenko…
Comme le souligne, même si bien involontairement, le communiqué AFP, Tikhanovskaïa n’hésite donc plus aujourd’hui à poignarder son propre pays à la fois dans le dos, depuis son "refuge" en Lituanie, et ouvertement, en Kollaboration étroite avec toutes les puissances occidentales qui ont décidé de ruiner ce pays, de jeter sa classe ouvrière dans le chômage et la misère, pour s’emparer ensuite de ses meilleures industries et ressources.
« …L’UE va cesser ses importations pour certains types de potasse et ses importations de produits pétroliers raffinés au Bélarus ou ré-exportés depuis l’ex-république soviétique comme le diesel, ont confié plusieurs sources à l’AFP.
Seront également interdits d’exportation les produits pour les usines de tabac, a-t-on précisé.
Les sanctions vont également interdire tout nouveau prêt bancaire à l’État, à la banque centrale et aux banques et entités détenues en majorité par l’État. Il sera également interdit de vendre certains produits financiers, notamment des titres de valeur mobilières, des services d’investissement et des produits d’assurances.
L’UE va aussi renforcer son embargo sur les armes pour inclure les armes pour la chasse et le sport, et interdire la vente de biens à double usage et du matériel de surveillance. »
« …Les ministres des Affaires étrangères européens ont rencontré lundi matin l’opposante en exil Svetlana Tikhanovskaïa, venue dimanche soir à Luxembourg. Ils l’ont informée de leurs décisions et elle leur a fourni une liste d’entreprises d’Etat à sanctionner si un nouveau train de mesures était nécessaire, a précisé Josep Borrell.
« …Svetlana Tikhanovskaïa s’est félicitée de sanctions occidentales "sans précédent" et "très puissantes", dans une déclararation à l’AFP à Bruxelles. "Je suis très reconnaissante à la communauté démocratique pour avoir pris cette position unie. Les sanctions sont plus puissantes quand elles sont coordonnées", a-t-elle ajouté. »
Ce que l’occident ne supporte pas, en réalité, c’est de voir un petit pays résister avec un bon niveau de développement économique et social, et surtout, sans tomber dans la dépendance de la dette banco-centralisée, tout comme la Russie, également.
L’Occident espère briser le Bélarus avant que ne se crée une nouvelle synergie géoéconomique entre ce pays et la Russie, et donc, de fait, affaiblir l’ensemble.
Aujourd’hui c’est bien l’économie qui est la continuation de la guerre par d’autres moyens !
Aujourd’hui, exactement 80 ans après l’agression hitlérienne Barbarossa, on peut donc comprendre que le Bélarus se considère en état de guerre, et une guerre qui est clairement, pour ce pays, une prolongation, sous une autre forme, de la guerre nazie.
Mais comme en 1941, en 2021, la résistance a commencé dès l’aube, avec la cérémonie au Fort de Brest et l’intervention remarquable, sur ce thème, du Président Loukachenko, dont voici la traduction :
« Intervention du Président de la République du Bélarus A. G. Loukachenko à la cérémonie d’attribution des couronnes au complexe commémoratif « Forteresse Héroïque de Brest », le 22 Juin 2021.
[Traduction Française TML]
Chers biélorusses, compatriotes !
Honorables vétérans, invités de notre Bélarus !
Le 22 Juin 1941, pour tous les biélorusses, c’est un jour de souvenir et de deuil, une date séparant la vie du peuple en avant et après. Ce Dimanche matin estival devint la terrible limite entre la paix et la guerre, entre la lumière et les ténèbres, entre la vie et la mort. Sur notre terre s’est mise en mouvement une impitoyable armada qui a apporté la mort et l’esclavage. Les fascistes n’épargnaient ni les vieillards ni les bébés. Ce n’est qu’ensuite, après le 9 Mai 1945 que les allemands ont baptisé ce jour de Juin comme funeste pour leur nation. Mais il y a 80 ans, les tueurs hitlériens se proposaient de passer par le Bélarus en une marche victorieuse. Ils voulaient passer sur notre terre aussi facilement et rapidement qu’à travers la Tchéquie, comme ils sont passés à travers la Belgique, la Hollande, le Danemark, la Norvège, la France, la Grèce, la Pologne, comme ils sont passés à travers toute l’actuelle Union Européenne, comme à la parade.
Amis et ennemis de l’URSS conjecturaient, début Juillet : combien de temps le pays tiendra-t-il encore ? Deux semaines, trois, peut-être un mois ? Et les stratèges de Berlin planifiaient déjà une parade fasciste sur la Place Rouge, à Moscou. Mais ici, sous les murs de la citadelle biélorusse de Brest, littéralement aux premières heures de la guerre, le Blitzkrieg nazi s’est brisé. Rappelez-vous, en tout cas, ce mot « Blitzkrieg ». Il s’est brisé quand, dans les dernières minutes de sa courte vie un combattant a écrit en grattant sur le mur : « Je meurs mais ne me rend pas ! Adieu, Patrie ».
Malheureusement, nous ne savons pas qui il est. Nous ne savons pas les noms de nombreux défenseurs de la forteresse de Brest, nous ne savons pas comment ils sont morts et où ils ont été enterrés. Rappelez-vous cela, c’est un avertissement pour vous.
Il y a précisément quelques semaines, nous a quitté le dernier témoin de ces événements, Piotr Kotelnikov (4). Mais dans la mémoire du peuple son nom sera toujours vivant, comme le nom de ses camarades de combat, le lieutenant Kijevatov, le capitaine Zoubatchev, le major Gavrilov et des milliers, des milliers d’autres héros soviétiques. Ce sont eux qui ont empêché pendant sept heures les fascistes de prendre le bastion au dessus de la rivière Bug. En trois semaines les combats ont déjà commencé aussi loin que les abords de Smolensk, mais la Forteresse de Brest a continué à se battre.
Chers amis, c’était une époque terrifiante. Nous avons enterré une énorme quantité de gens et encore plus ont disparu sans laisser de traces. Ainsi nous rendront les honneurs à la mémoire des héros qui, en se sacrifiant, ont sauvé le monde, la liberté et l’indépendance, par une minute de silence.
[…] [NDTML - Minute de silence]
Les envahisseurs (et contre l’Union Soviétique a combattu presque toute l’Europe) ne comprenaient alors pas pourquoi, même dans les situations les plus désespérées, le soldat soviétique ne se rendait pas, et comment, généralement, il pouvait tenir bon et finalement, vaincre. De même aujourd’hui ne nous comprennent pas les descendants de ceux qui, dans les années 40, en marchant sur la terre biélorusse vers Moscou, ont mis le feu aux maisons et massacré des gens. Ils se demandent pourquoi nous existons tous encore sur cette terre en tant qu’Etat. Visiblement, ils ne peuvent pas comprendre cela.
Pour la réalisation du « Blitzkrieg coloré » ont été gaspillées d’énormes ressources financières. Au cours de l’année dernière l’action des technologies les plus modernes de la guerre hybride a été expérimentée sur nous-mêmes. Les biélorusses demandent de plus en plus souvent : alors, allons-nous combattre ? Allons, biélorusses ! Nous combattons déjà depuis longtemps. Simplement, la guerre à pris d’autres formes. Il n’y aura plus désormais de ces guerres, désormais, ils ne mettront plus en marche des milliers de soldats vers ce fort. La guerre commencera, elle commence toujours, dans les conditions actuelles, de l’intérieur de l’Etat.
Prenez n’importe laquelle des révolutions colorées, comme nous les appelons, qui ont été accomplies ces dernières décennies : tout a été fait pout dynamiter la société de l’intérieur. Et ensuite ils viennent en « sauveurs ». Le scénario est écrit d’avance, les rôles sont distribués. Simplement, nous nous sommes montrés plus forts et plus sages. J’oserai même dire, plus forts que nos prédécesseurs de 41, parce que nous avons déterminé notre destin nous-mêmes. Nous décidons, ici-même, de les provoquer ou non, ou d’attendre jusqu’à ce qu’ils nous retraversent et nous écrasent, ou non. Nous sommes un Etat souverain et indépendant, et il en sera ainsi, désormais.
Et en plus, ces abrutis, là-bas, à côté, attendent de nous de l’aide. Ils réclament d’arrêter la migration illégale : des milliers en provenance de ces pays détruits, qu’ils ont essayé de mettre à genoux, et l’ayant fait, ont commencé à ravager, se sont précipités à travers l’Asie Centrale, la Russie, et là-bas, vers l’Occident tolérant. Ils les ont invité et aujourd’hui ils hurlent : ah ! Les biélorusses ne les défendent pas ! En Lituanie, en Lettonie et en Pologne se sont précipité des milliers et des milliers de migrants illégaux.
Ils nous demandent de les protéger de la contrebande, du trafique de drogue. Même d’outre-Atlantique on entend un signal : aidez-nous, comme cela était avant, arrêtez les matériaux nucléaires, pour qu’ils n’atterrissent pas en Europe. On aimerait leur demander : vous, là-bas, êtes vous complètement abrutis ? Vous avez déclenché contre nous la guerre hybride et vous réclamez que nous vous défendions comme avant ? Vous nous asphyxiez sur le plan de l’information, vous détruisez, vous tentez de tuer notre économie et vous attendez que nous gaspillions des centaines de millions de dollars, comme auparavant, pour la défense de vos intérêts géopolitiques ? Seuls des insensés peuvent penser ainsi et compter sur notre aide.
Nous nous battons contre ce fléau comme nous pouvons. Vous voulez que nous nous battions comme avant, faites des pas dans cette direction, et n’essayez pas de nous étrangler. C’est sans perspective. Vous avez loupé le coche, messieurs.
Mais celle dont on ne s’attendait pas à ce qu’elle participe à cette conjuration collective, c’est l’Allemagne. De la part de ceux dont les ancêtres ont anéanti dans la Grande Guerre Patriotique non seulement un biélorusse sur trois, mais des millions d’enfants à naître.
Il y a 80 ans c’était, me semble-t-il, ainsi : un beau Dimanche, chaud, lumineux. Les gens se reposaient, la jeunesse voulait vivre. Certains s’apprêtaient à célébrer un mariage, d’autres à mettre au monde des enfants, quelques unes accouchaient. Et soudain, de manière barbare et sournoise, à quatre heure du matin, ils ont déversé sur la tête des brestois et de tout le Bélarus des milliers de tonnes de métal. Comment appeler cela ?
80 années sont passées, et quoi ? Une nouvelle guerre chaude. Regardez : c’est quoi, du symbolisme ? Hier ils ont institué des sanctions économiques contre nos gens et nos entreprises. Le 22 Juin, dans la nuit. Voilà donc, réellement, ainsi l’histoire ne leur a rien appris.
Et effectivement sur ces 80 années, après l’année 45 du siècle dernier, des allemands erraient par le monde entier, en Europe, dans l’ancienne Union Soviétique, et se repentaient. Ils se repentaient, sanglotaient, se tenant à genoux, demandant d’ouvrir des monuments, d’enterrer les fascistes allemands non encore enterrés, qui sont venus sur notre terre. Et nous avons été bons et tolérants. Nous étions d’accord. Nous, ceux qui ont vaincu, dans cette guerre. Nous, ceux qui ont été martyrisés, suppliciés, nous avons ouvert notre cœur et notre âme et nous les avons traités humainement. Et quoi ?
Citation d’hier soir : « Il est nécessaire d’étendre les sanctions à des secteurs entiers de l’économie biélorusse ». Lisez : qu’ils crèvent là-bas, c'est-à-dire, nous. J’aimerais donc demander à l’auteur de ces lignes, un certain Maas, ministre des affaires étrangères de l’Allemagne : monsieur Maas, qui êtes-vous ? Un allemand repentant d’hier, ou bien l’héritier des nazis ? Qui êtes-vous, répondez publiquement. Au moins devant votre peuple.
C’est pourquoi il est inutile de se repentir en publique sur les péchés de ses prédécesseurs. Ils sont sans valeur, ces repentirs que nous avons récemment entendus au "Тростенце", [camp de concentration au sud de Minsk-NDTML (5)], de la part des présidents d’Autriche et d’Allemagne. Aucuns mots ne cacheront les desseins réels.
Vous ne devez pas simplement vous repentir. Vous devriez vous tenir à genoux encore 100 ans devant le peuple biélorusse et rendre grâce d’avoir pu naître après cette guerre. Vous devez faire tout pour cicatriser dans nos cœurs et dans nos âmes les blessures de cette guerre. Vous ne devez pas nous asphyxier. Vous devez nous prendre dans vos bras, les allemands, les polonais, la dite Union Européenne. Parce que nous vous avons sauvé de la peste brune. Et vous marcheriez avec nous, tout le peuple soviétique, comme esclaves, s’ils avaient pris le dessus.
Et inutile de nous bercer avec des histoires d’exercices de défense et d’esprit pacifique de l’OTAN. Nous avons avalé cela depuis l’année 41, quand nous vous croyions et n’avions pas tiré les leçons de l’histoire. Après la victoire nous vous avons offert l’Europe de l’Est (les dits Pays du Pacte de Varsovie), en échange de votre promesse que vous ne ferez jamais un pas dans notre direction et que vous n’élargiriez pas, comme c’est la mode de dire aujourd’hui, l’OTAN vers l’Est. Vous êtes, à tout le moins, des menteurs, et tout au plus, des crapules. Vous avez tout le temps menti, vous nous avez trompé, mais maintenant, ça ne marche plus.
Nous ferons tout pour défendre notre terre. Et voilà, ce sont nos fils qui se tiennent ici sous les drapeaux des vainqueurs, rappelez-vous, ils feront tout pour que vous viviez une vie tranquille sur votre terre. Vous, ukrainiens, biélorusses et russes, polonais, juifs, tatars. Tous ceux qui vivent ici, sur cette terre. C’est votre terre. Personne ne vous attend nulle part, et ne croyez pas ces promesses, par exemple, qu’on vous accueille là-bas à bras ouverts avec une « Carte de Polonais » (6). Quelques uns, à peine acceptés, sont aussitôt revenus à la maison. C’est votre terre, protégez la, biélorusses, valorisez la. Parce qu’elle n’appartient pas seulement à nous. Elle appartient à nos enfants et à nos petits enfants. Ils doivent avoir ce coin de terre, sur lequel ils vivront et élèveront leurs enfants.
Et il y a ceci, que l’Occident continue de songer à un nouveau « Bond en avant vers l’Orient », à la domination mondiale et à la prise des riches ressources à l’est du Bélarus, cela, nous le voyons très bien. Alors qu’après la guerre il n’y avait personne pour reconstruire l’économie ravagée. Aujourd’hui, nous ne sommes toujours pas remis de cette catastrophe démographique.
Le harcèlement informationnel n’a pas apporté les résultats escomptés. Maintenant nous faisons face à une agression économique. On voudrait savoir, quoi ensuite ? Une intervention ? Oubliez et calmez-vous. Cela vous coûtera cher. Des personnages soignés, sur des tribunes élevées, de l’autre côté de la frontière, mentent sans scrupules à l’instigation des fuyards à propos du peuple biélorusse suppliant pour des sanctions contre lui-même. De soi-disant biélorusses prêts à souffrir pour quelque éphémère « avenir lumineux » que leur apporteront ces gentils tontons à la pointe de leurs baïonnettes. Oui, réveillez-vous enfin, les écervelés et les égarés !
Car dans notre histoire, combien y-a-t-il eu de telles conjonctures où l’on nous a promis : et la liberté, et l’indépendance, et un Etat, que l’on nous a promis de créer pour les biélorusses à la pointe des baïonnettes. Et quoi comme résultat ? Et comme résultat, dans la dernière guerre, un tiers d’enterrés. Combien ont été mutilés ? De gens mutilés non seulement physiquement, mais combien de destins et de cœurs mutilés ?
Sanctions, provocations… Ainsi on voudrait savoir : vous le faites intentionnellement ? Voulez-vous tester les limites de la résistance, et une nouvelle génération de biélorusses sur le patriotisme ? Allez-y, essayons.
Est-il possible qu’ainsi l’histoire ne vous ait rien appris ? Regardez : comme il y a 80 ans, la région se trouve à la limite d’un conflit global. Je m’adresse avant tout et une fois de plus aux peuples de nos pays voisins – polonais, lituaniens, lettons, ukrainiens. Réveillez-vous, avant qu’il ne soit trop tard. Faites le point avec ces politiciens, écervelés et ayant perdu le sens du réel. Regardez, quel beau monde, et dans ce monde nous avons toujours normalement vécu, en bons voisinage, partageant un morceau de pain, allant les uns chez les autres. Arrêtons-nous à cette dernière limite : demain sera trop tard.
Est-il possible que parmi les ukrainiens, les lituaniens, les lettons, les polonais, avec qui les biélorusses ont toujours été en liens amicaux, se trouvent ceux qui sont prêts à sacrifier cela, leur vie pacifique pour certains gouvernants de ces Etats, des politiciens qui, en réalité, se fichent pas mal de notre peuple biélorusse, de leurs propres peuples, leurs destins et structures d’Etats, nos structures d’Etat biélorusse ?
Encore une fois je dis à ceux qui jusqu’à maintenant n’ont pas compris. Retenez le une fois pour toute : la terre natale, l’indépendance et la souveraineté, nous ne les céderons à personne. Quoi qu’il arrive, nous tiendrons ! Simplement, on le souhaiterait, humainement, à la manière slave.
Le monde aujourd’hui ne se limite pas à l’Union Européenne. Sur la planète il y a suffisamment de pays responsables et des régions entières avec lesquels nous continuons une coopération étroite. La vérité est à nous, et nous sommes les héritiers de la grande génération qui nous a offert la vie, la liberté et l’indépendance. Rappelez-vous, biélorusses, non seulement ce que nous disons, mais même ce que nous pensons, ils le voient là-haut, depuis le ciel, ils entendent. Rappelez-vous de ceci. Je vous dis cela aujourd’hui, en comprenant qu’ils nous entendent. Ils doivent comprendre qu’ils ne sont pas morts en vain.
C’est l’armée sacrée et aujourd’hui elle nous aide à protéger le Bélarus natal. Elle nous aide avant tout par l’exemple de la résistance inflexible, du courage et de l’abnégation qui se sont manifestés dans les années de la grande guerre patriotique.
Aujourd’hui nous glorifions l’exploit de notre peuple, nous honorons les vétérans et nous exprimons nos regrets des disparus, nous nous inclinons devant les héros et les victimes innocentes de la guerre. Rappelez-vous : cette mémoire est sacrée et immuable, et tant qu’elle est en nous, nous vivrons, nous vivrons toujours dignement, et non pas à genoux. Ainsi en est-il, ainsi doit-il en être et ainsi il en sera toujours !
SOURCES DU TEXTE EN RUSSE :
SOURCE DE LA TRADUCTION :
22 Juin 2021, Loukachenko au Fort de Brest : Appel à la Résistance populaire antifasciste
ROUGE&VERT - Bélarus info-solidarité
Le blog de solidarité avec la Résistance antifasciste au Bélarus !
http://belarusolidarite.eklablog.com
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NOTES :
( 1 Biden-Poutine à Genève, ni Guerre, ni Paix : round d’observation dans un monde tripolaire à tendance bipolaire...
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/biden-poutine-a-geneve-ni-guerre-234100
http://mai68.org/spip2/spip.php?article8985 )
( 2 Massacre évité au Bélarus, tensions internationales : "le combat pour l’attention" !
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/massacre-evite-au-belarus-tensions-232586
Putsch manqué au Bélarus : les Pieds Nickelés US au tapis !
Complot criminel d’origine US avorté au Bélarus, avec l’aide du FSB à Moscou )
( 3 Protassevitch aurait été piégé par son propre camp et remis à la Biélorussie pour servir de victime sacrificielle
https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/protassevitch-aurait-ete-piege-par-233509
https://youtu.be/jWy7DavC4JM )
( 4 Петр Котельников. Гавроши Бресткой Крепости
Piotr Kotelnikov, le « Gavroche » de la Forteresse
En 2010 , dans un excellent et très émouvant film reconstituant la Résistance du Fort de Brest, Петр Котельников, dont les souvenirs ont été essentiels pour le création du scenario, était intervenu en tant que narrateur, et on le voit apparaître, ici à droite, à la fin du film, en compagnie du petit garçon qui joue, avec talent, son propre rôle dans la reconstitution.
https://youtu.be/HO0rAnFatP4 )
( 6 https://ru.wikipedia.org/wiki/%D0%9A%D0%B0%D1%80%D1%82%D0%B0_%D0%BF%D0%BE%D0%BB%D1%8F%D0%BA%D0%B0
https://www.oecd-ilibrary.org/sites/b18e8fec-fr/index.html?itemId=/content/component/b18e8fec-fr )
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