Benoît Hamon ou la stratégie du fourbe
Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent. Les Français devraient avoir à l’esprit ce dicton afin de ne pas être trop déçus par les politiques au pouvoir. Benoît Hamon, ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire et à la Consommation n’a rien promis si ce n’est à ses amis de l’aile gauche du PS. Pourtant habitués aux volte-face, ces derniers se mordent aujourd’hui les doigts. Et pour cause… Hamon multiplie les courbettes devant Canal+ et joue le jeu des entreprises en état de quasi monopole au détriment des consommateurs.
Le Gouvernement Ayrault est composé de plusieurs sortes de ministres. Il y a les inutiles inconnus, les inutiles médiatiques et les malfaisants. Laissons aux lecteurs le soin de ranger Benoît Hamon dans l’une de ces catégories. Pour rendre ce choix plus facile, rappelons certains faits peu glorieux pour un ministre de la République qui se veut de gauche.
Alors que l’année écoulée a été un long fleuve tranquille pour le ministre de l’Économie solidaire, il était temps de se réveiller et faire acte de présence auprès de Français qui ne savent même pas que l’ancien porte-parole du Parti socialiste est ministre. Ainsi donc, pour justifier son salaire et se rappeler au bon souvenir de ses camarades, Benoît Hamon a demandé à son cabinet de lui écrire un projet de loi.
C’est désormais chose faite et les discussions vont bon train au Parlement. Pas de chance ou manque criant de travail, le texte proposé par Hamon est à la fois insipide et scandaleux du point de vue des consommateurs. À croire que le ministre n’a pas encore compris qu’il était en charge de la Consommation. Alors que la mesure phare du texte qui n’est autre que l’action de groupe, laquelle déchaîne la toile en raison de sa profonde nullité, peu de bruit a été fait sur le cas d’école de la prise de contrôle du lobby Canal+ sur le ministère de l’Économie solidaire.
Lors d’une discussion avec des parlementaires, Benoît Hamon a enfilé le costume de représentant de Canal+ et a défendu tout un business model qui prend en otage les clients et qui se cache derrière l’exception culturelle française. Pour résumer, Hamon soutient (officiellement) Canal dans sa guerre contre beIN SPORT. À bout de souffle, la quatrième chaîne accuse le groupe qatari de concurrence déloyale. À cela on peut répondre deux choses. Si ne pas copier les émissions de plus en plus bas de gamme qui prônent le vide intellectuel est considéré comme de la concurrence déloyale alors beIN SPORT est coupable. De plus, on est en droit de se demander pour qui roule le ministre et pourquoi adopter une telle attitude ?
Les propos de Benoît Hamon se confondent étrangement avec ceux de Bertrand Méheut, président de Canal+ et c’est tout le positionnement du Gouvernement vis-à-vis des médias et des lobbies qui est remis en question. Autant Benoît Hamon était critiquable pour son manque de travail et son absence dans le débat public, autant il est condamnable pour privilégier de façon aussi ostentatoire les intérêts d’une chaîne de télévision privée.
À quand la République irréprochable ? François Hollande ferait bien de brider un peu ses ministres trop prompts à pactiser avec les puissants et à secouer ceux qui dorment. La France ne s’en portera que mieux. Cette promesse pourrait être faite, mais l’on sait bien ce que l’ont dit à propos des promesses…
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