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Accueil du site > Tribune Libre > Benoît XVI : un pontificat offensif et infaillible

Benoît XVI : un pontificat offensif et infaillible

« L’Europe est un continent culturel et non pas géographique. C’est sa culture qui lui donne une identité commune. Les racines qui ont formé et donc permis la formation de ce continent sont celles du christianisme », le pape Benoît XVI.

A la demande du président Sarkozy le pape Benoît XVI est passé par l’Elysée pour aller en pèlerinage à Lourdes, but de sa présence en France. Lors d’une conférence de presse donnée à l’issue de sa rencontre avec le pape, Nicolas Sarkozy a renouvelé son appel à une "laïcité positive", expression forgée lors de sa visite à Rome en décembre 2007 pour encourager une participation plus importante des religions à la vie publique. L’idée avait alors suscité de nombreuses critiques en France, où la loi de 1905, dite de laïcité, sépare de manière stricte les églises et l’Etat. Nicolas Sarkozy a affirmé qu’il est "légitime pour la démocratie et respectueux de la laïcité de dialoguer avec les religions". "Ce serait une folie de nous en priver", a-t-il ajouté. Le pape a salué la "belle expression" que constitue la "’laïcité positive". "En ce moment historique où les cultures s’entrecroisent de plus en plus, je suis profondément convaincu qu’une nouvelle réflexion sur le vrai sens et sur l’importance de la laïcité est devenue nécessaire", a-t-il ajouté. Souvenons-nous le 20 décembre 2007, Nicolas Sarkozy a prononcé un discours à la basilique Saint-Jean-de-Latran, à Rome. “Un homme qui croit, a dit le président français, est un homme qui espère. L’intérêt de la République, c’est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent.” “[...] la morale laïque risque toujours de s’épuiser quand elle n’est pas adossée à une espérance qui comble l’aspiration de l’homme à l’infini.” Et il a conclu son attaque de la culture laïque par ces mots : “Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance.” Le 13 septembre 2006, le pape Benoît XVI a prononcé un discours à l’université de Ratisbonne où il s’en prenait à l’islam. Il donnait en exemple l’Eglise catholique, capable de concilier la foi et la raison. Enfin, la transformation de la lutte antiterroriste en choc des civilisations a redonné aux religions toute leur prééminence. Le concept de civilisation confère à la religion le caractère d’élément identitaire déterminant. “Je ne connais pas de pays, a dit Sarkozy à Riyad, [...] dont la civilisation [n’ait] pas de racines religieuses.” (1) Aujourd’hui, ses prises de positions répétées en faveur de la laïcité "positive" inquiètent les partisans de la conception traditionnelle des relations entre l’Eglise et l’Etat. François Baroin, ancien ministre de l’Intérieur estime que la laïcité est "une valeur absolue" et n’est donc "ni positive ni négative", « Si le chef de l’Etat "a raison de rappeler nos racines chrétiennes", "il est indispensable de préciser que le tronc est devenu laïc et que chacune des branches doit pouvoir s’épanouir comme elle le souhaite dans le cadre d’un Etat de droit". Julien Dray, porte-parole de l’opposition socialiste, a affirmé que le pape avait tenu un "discours intégriste qui ferme toutes les évolutions qui sont en cours dans l’Eglise". (2)

La nouvelle offensive du pape
L’intégrisme catholique existe bel et bien, il continue à se développer, toléré puis protégé par la hiérarchie catholique et le pape Benoît XVI. Les traditionalistes excommuniés par Jean Paul II vont rentrer peu à peu dans le rang. Ils sont tous vraiment, chacun à leur façon les nouveaux soldats de pape ayant une mission bien claire : aider à la reconquête et effacer les dernières scories de Vatican II... Au niveau des principes, l’”aggiornamento du catholicisme”, souvent vanté, est en lambeaux. Il ne reste rien ou presque de l’esprit de Vatican II. L’élection de Benoît XVI sonne comme la victoire des intransigeants au détriment des catholiques modernes. Récemment encore, un motu proprio libéralisant la messe en latin a été proclamé, la prière pour la conversion des Juifs était réhabilitée, le pape s’est mis de nouveau à tourner le dos aux fidèles pour célébrer la messe...

Au fond, que reste-t-il de Vatican II ?
Pour Fiammetta Venner. « Des courants au sein de l’Église catholique tentent depuis la fin de Vatican II de le vider de son sens. Rappelons que cet aggiornamento permet de présenter l’Église comme une religion plus apaisée que l’islam. Or, ces acquis ne sont pas éternels. Alors qu’il n’était que le cardinal Ratzinger, le pape Benoît XVI estimait déjà que Vatican II n’était qu’une parenthèse. (...) Il a ainsi ouvert la porte de l’Église à des intégristes membres de la Légion du Christ, de l’Opus Dei et à des traditionalistes. (…) Benoît XVI s’entête à affirmer que l’Église est supérieure. Il interdit même l’emploi du terme Église-sœur, ce qui est la base de Vatican II. Le pape s’appuie sur des réseaux qui, pour certains, étaient déjà présents sous Jean-Paul II, tels que l’Opus Dei et les Légionnaires du Christ. Il confie ainsi aux Légionnaires du Christ la lutte contre l’œcuménisme.

Leur but ?
Empêcher pied à pied l’avancée des évangéliques et des protestants. C’est le cas en Amérique latine et, plus récemment, dans certaines de nos banlieues. La mission dévolue à l’Opus Dei consiste à contrer les « dérives » à l’intérieur de l’Église. Un système de dénonciation des pratiques « déviantes » est mis en place par ce courant. Pour leur part, les traditionalistes sont, depuis les années 1980 en France, devenus les hérauts du combat contre le blasphème. En fait, les prêtres qui passent en Italie pour être formés le sont par les Légionnaires du Christ. Quant aux membres de l’Opus Dei, ils sont également chargés de régler les problèmes au sein de l’Église ».(3) S’agissant de la France, pour Michaela Wiegel, la "fille aînée de l’Eglise" a souvent été turbulente. Mais aujourd’hui, l’Eglise et l’Etat français semblent être réconciliés, en particulier pour défendre leurs intérêts face à l’islam. (...) A cela une raison, surtout : l’Eglise catholique est devenue l’alliée de l’Etat dans la défense de l’ordre républicain et de ses valeurs fondamentales. Car, en France, pays d’immigration, la coopération éprouvée entre l’Etat et les religions est de plus en plus menacée par une minorité de musulmans très croyants. Ces derniers n’acceptent pas que la République leur impose, au nom de la laïcité, le principe d’une certaine neutralité religieuse dans l’espace public, les salles de classe ou dans les bureaux. Ils tentent d’envoyer leurs filles à l’école voilées, réclament de la viande halal à la cantine et des horaires d’ouverture distincts dans les piscines publiques ». (4) Cette offensive tous azimuts se fait aussi bien en direction des autres religions chrétiennes. Irène Droit prédicatrice dans une Eglise de la Réforme est indignée par le show autour du pape. Ecoutons-la : « Jusqu’à présent, à chaque fois que l’actualité remet à la "une" les faits et gestes d’un pape, quel qu’il soit - tout se passe comme si notre pays était instantanément frappé d’aberration collective. Comme s’il n’était pas de bon ton d’être neutre et objectif. Comme si l’infaillibilité autoproclamée méritait un traitement à part. Les bastions laïcs de la République, quant à eux, ne sont pas loin de vaciller parfois, l’espace d’un instant. (…)

Comme s’il n’y avait qu’une seule Eglise !
Et pourtant on entend dire "l’Eglise" au singulier, comme si par ailleurs les 347 Eglises chrétiennes du Conseil œcuménique des Eglises n’existaient pas. Comme si on ignorait que sur deux milliards de personnes de dénomination chrétienne dans le monde, plus d’un milliard n’est pas rattaché à Rome ! C’est ainsi qu’on dérape parfois jusqu’à nommer le pape "chef de la chrétienté". Dans un pays où jadis des dizaines de milliers de martyrs chrétiens protestants n’ont pas hésité à laisser leur vie sur les bûchers pour dire non à ce chef-là, parce que selon eux il n’y a jamais eu d’autre chef de l’Eglise que le Christ lui-même, lequel n’a pas besoin d’un "vicaire" sur la Terre. (...) Alors assez de "bavures" républicaines, de messes catholiques organisées au détriment de la stricte laïcité, de nos jours en plusieurs occasions "Dialoguer" avec un interlocuteur qui se prétend infaillible en matière de foi n’est ni possible ni souhaitable. Heureusement l’Inquisition n’existe plus. Elle s’appelle maintenant Congrégation pour la doctrine de la foi. (...) Aujourd’hui en France 95 % des habitants ne vont pas à la messe. Et dans le monde, 80 % ne sont pas catholiques romains. Tous les chemins ne mènent pas à Rome. Et certains d’entre nous auront envie d’ajouter : Dieu merci ».(5)

Ce que pense fondamentalement le pape de l’islam.
L’ambivalence du discours du pape est une fois de plus prouvée par l’affaire Magdi Allam Christianos. En convertissant le 22 mars 2008 le musulman Magdi Allam, le pape envoie un message contradictoire à l’islam. Après le discours catastrophique de Ratisbonne, le pape a donné l’impression à une meilleure perception de l’islam notamment en recevant les oulémas musulmans après la « lettre des 138 ». Cependant, en baptisant d’une façon ostentatoire lors des fêtes de Pâques un détracteur de l’islam, il revient à une posture intransigeante. Il n’y avait « aucune intention hostile à l’égard d’une grande religion comme l’islam », soutient l’Osservatore Romano, le monde entier a pu suivre en direct le chef de plus d’un milliard de catholiques convertir cet Italien d’origine égyptienne qui n’a jamais mâché ses mots contre l’islam. Traité de religion la plus sanguinaire et la plus détestable. Cela doit être le syndrome Oriana Fallaci : c’est dans le vent de s’en prendre à l’islam, on gagne de l’audience et on se fait bénir par le Saint-Père, au début de son pontificat, Benoît XVI avait rencontré la journaliste et polémiste italienne, aujourd’hui décédée. Pour Daniel Pipes, cette relation particulière à l’islam est lointaine. Il rapporte les propos du père Joseph D. Fessio, qui évoque lors d’un Hugh Hewitt Show les détails d’un séminaire sur l’islam auquel il participa avec le pape en septembre 2005. Ecoutons-le : « Les participants purent se familiariser avec les idées de Fazlur Rahman (1919-1988), un théologien libéral né au Pakistan, qui soutenait que si les musulmans réinterprétaient à fond le Coran, l’islam pourrait se moderniser. Le pape Benoît XVI réagit vivement à cette argumentation. Et je reste abasourdi par sa vigueur (...) Le Saint Père, à sa manière en même temps sereine et claire, déclara qu’en fait, il y avait un problème fondamental dans cette analyse parce que, dit-il, dans la tradition islamique, Dieu a donné Sa parole à Mahomet, mais il s’agit d’une parole éternelle. Ce n’est pas la parole de Mahomet. C’est là pour l’éternité juste comme c’est là aujourd’hui. Il n’y a aucune possibilité de l’adapter ou de l’interpréter ». « Cette distinction essentielle, poursuivit le pape Benoît XVI, rend l’islam différent du Christianisme et du Judaïsme. (…) Ainsi, ce n’est pas uniquement la parole de Dieu, c’est aussi la parole d’Isaïe ; pas uniquement la parole de Dieu, mais aussi celle de Marc. Il utilisa Ses créatures humaines et leur inspira la vocation de répandre Sa parole dans le monde. » Les Juifs et les Chrétiens « peuvent prendre ce qui est bon » dans leurs traditions et façonner cela. En d’autres termes, il y a « une logique intérieure dans la Bible chrétienne qui permet et exige de l’adapter et de l’appliquer à de nouvelles situations ». Alors que la Bible est, pour Benoît XVI, la « parole de Dieu nous parvenant à travers une communauté humaine », il considère le Coran comme « une chose tombée du Ciel, qui ne peut être ni adaptée ni appliquée ». Cette immuabilité a de lourdes conséquences : elle signifie que « l’islam est bloqué. Il est bloqué avec un texte qui ne peut pas être adapté. » (6)

L’islam pose problème
Le pape et les origines du christianisme
Des propos du pape faisant de l’Europe civilisationnelle le berceau unique de la chrétienté, nous comprenons que les racines du christianisme seraient communes à celles de l’Europe, dans une histoire commune et que l’Europe n’aurait d’existence que par une évolution siamoise interdépendante du christianisme. Il faut quand même rétablir l’histoire du christianisme en Europe. Le christianisme s’est bâti à Constantinople, est né en Palestine et s’est répandu au Proche-Orient. Le fait que certains "Romains" veulent se l’approprier est quelque chose qui se doit d’être mis au clair. Une citation de C. Lepelley dit même que le christianisme occidental latin est né en fait en Afrique du Nord. Qui ne connaît les Berbères Augustin d’Hippone - l’un des Pères de l’Eglise -, Tertullien Lactance, Donat qui ont contribué à « asseoir le christianisme ». Il n’y a rien d’européen dans le martyr de Salsa de Tipaza ou de Roba la Berbère qui lutta pour un christianisme des déshérités. Qui peut oublier que la Vierge Marie aurait passé les dernières heures de sa vie aux côtés de l’apôtre Jean, dans un sanctuaire près de la cité antique d’Éphèse dans l’actuelle Turquie ? Il est vrai que l’Europe à l’époque - exception faite de la Grèce et de l’Empire romain - n’avait pas encore connu le sacerdoce du Christ qui est fondamentalement d’abord moyen-oriental puis africain et même extrême-oriental. Le Vatican oublie bien souvent les premiers chrétiens dont il reste des communautés présentes encore dans tous les pays concernés. Prenons l’exemple de l’Inde et les Syro-Malabare (se revendiquant d’un apôtre en 50) ou même Syro-Malankare ou de pleins d’autres communautés. Par ailleurs, la messe en latin est réhabilitée. A quel titre ? Même pour un fondamentaliste - maintenant on parle de Traditionalistes pour les différentier des autres fondamentalistes -, le retour aux sources impose de parler la langue du Christ. Pourquoi, alors, ne pas adopter la liturgie iraquienne ou maronite qui se base/aient sur la langue syriaque ? Car après tout c’est celle qui aujourd’hui est le plus proche (hormis l’araméen occidental) avec la langue du Christ. A titre d’exemple, la parole du Christ sur la Croix : « Ya Illahi, Lima sabactani », ne veut rien dire dans une langue européenne, mais en arabe ou en hébreu, langues sémitiques dérivées de l’araméen, elle est limpide de signification, littéralement : « O mon Dieu pourquoi tu m’as précédé - tu m’as laissé en arrière et par extension, cela a donné : Pourquoi m’as-tu abandonné ? » De plus, parler du christianisme « made in Europa » exclut du même coup les autres rites. Ainsi, concernant certaines évolutions, les chrétiens "historiques" n’accepteront pas les nouvelles cartes de la vie occidentale. Demandez à un chrétien de rite copte (Éthiopien ou Égyptien) s’il faut remettre en cause le mariage, l’avortement et l’homosexualité. Il y a de fortes chances pour que la majorité vous dise "non" sans pour autant être intégriste. En effet, le Christ a dit qu’on ne sépare ce que Dieu a uni (homme et femme par le mariage) c’était à l’époque surtout pour préserver la femme, il faut remettre le contexte. Cependant le non-mariage des hommes de l’Église romaine n’est pas demandé dans le christianisme, d’ailleurs même les chrétiens (non protestants) comme ces premières communautés d’Orient autorisent et parfois demandent le mariage avant de devenir prêtre. Chez les orthodoxes (coptes) ou même chez les maronites existent les prêtres mariés. Pour conclure justement contre cette frénésie « européano-centriste » et dans le même ordre d’idée, il faut se rappeler de la conférence de presse tenue par le président Sarkozy, MM. Barroso et Kouchner lors du sommet européen consacré à la crise fomentée par la Géorgie. Ce jour-là Sarkozy a révélé le fond de sa pensée rompant avec son leitmotiv : « Si la Turquie était en Europe, ça se saurait… » il suggéra que la Géorgie puisse faire partie un jour de l’UE ! … Réaction d’un journaliste perspicace "… Monsieur le président, géographiquement la Turquie est plus proche de l’Europe que la Géorgie…" Réponse du président Sarkozy : « l’Europe est une idée pas une géographie ». Avant la Turquie était exclue du fait que Constantinople est en terre européenne… Tout était dit pour une fois de manière claire… Le pape Benoît XVI ne fait que donner un sens spirituel à une conviction qui est celle d’exclure par tous les moyens ceux qui ne sont pas d’essence chrétienne au nom d’une fausse idée, celle d’une Europe, berceau du christianisme. Affirmer une unicité culturelle de l’Europe relève d’un pur fantasme négationniste. Benoît XVI crée sciemment la confusion se posant en représentant universel de la chrétienté. En insinuant qu’il y aurait une culture commune, c’est bien du christianisme qu’il parle comme mythe fondateur de l’identité européenne excluant du même coup tous les apports allogènes, notamment de musulmans européens qui selon cette grille de lecture du pape n’ont pas vocation à rester en Europe. Ces propos réfutent aussi toutes influences culturelles exogènes, pourtant c’est justement l’ampleur des apports externes, de l’intellectualisme judéo-arabe au retour des philosophies gréco-latines, des grandes découvertes à la reconnaissance de l’universalité artistique qui a forgé l’identité européenne au cours du XVe et XVIe siècles. Le pape étant décidé à faire de son pontificat une croisade tous azimuts. A titre d’exemple, il apparaît que le discours de Ratisbonne n’était pas un accident de parcours, il reflète la conviction profonde du pape et plus que jamais a fait sien « l’infaillibilité des papes ».

1. Josep Ramoneda, "L’Offensive des Eglises en Europe", Courrier International n° 901, 7 février 2008.

2. E. G. Picot, "La Visite de Benoît XVI a réveillé le débat sur la laïcité", A.P., 15 septembre 2008.

3. Caroline Fourest Fiametta Venner, “Les Nouveaux Soldats du pape", Ed. Panama, septembre 2008.

4. Michaela Wiegel, "Une laïcité plutôt paisible", Frankfurter Allgemeine Zeitung, 12 septembre 2008.

5. Irène Droit, "Nous ne sommes pas tous papistes", Le Monde, 12 septembre 2008.

6. Daniel Pipes, "Le Pape et le Coran", New York Sun, 17 janvier 2006.

Tout est dit par le pape.
Pr Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique Alger


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12 réactions à cet article    


  • ZEN ZEN 19 septembre 2008 10:41

    Meric à l’auteur pour cette analyse ouverte , relativisant des débats bien européocentriques
    Sous couvert de religion , il s’agit d’un retour à un "ordre moral" , dont le capitalisme en crise a urgemment besoin
    Non aux nouvelles croisades qui ne veulent pas dire leur nom !

    Caroline Fourest : « Le concept de laïcité positive n’est pas une idée de Nicolas Sarkozy mais du Vatican » | Mediapart :
    ".... Le concept de « laïcité positive » n’est pas une idée de Nicolas Sarkozy mais du Vatican, qui utilise cette expression depuis le milieu des années 1990. Dans un discours en 2005, le cardinal Ratzinger disait vouloir encourager laïcité « saine et positive », ce qui est une façon de dire que la laïcité française (qui est souvent visée) est négative et malsaine. Au Latran et à Riyad, Nicolas Sarkozy est allé au-delà de ses attentes. À Paris, ils se sont entendus pour proclamer ensemble qu’il était temps de tourner la page de la laïcité de combat, jugée intolérante, pour aller vers une laïcité « positive » qui fasse une plus grande place au dialogue entre le religieux et le politique. L’air de rien, sans même avoir un débat à l’assemblée, le président de la République a décidé de réinterpréter la laïcité française dans un sens plus anglo-saxon, le modèle de tout ce qu’il entreprend. Le Vatican n’est pas dupe. Pour le président, il s’agit surtout d’une opération de communication politique destinée à flatter l’électorat catholique. Mais qui aura des conséquences.
    Sur le débat public notamment. Nicolas Sarkozy a clairement expliqué qu’on ne pouvait se contenter d’écouter des experts pour parler de questions liées à la bioéthique ou à la vie et à la mort. En d’autres termes, il souhaite que l’on tienne davantage compte de l’avis de l’Eglise sur des sujets comme l’avortement ou l’euthanasie, ou la recherche sur des cellules souches, quitte à faire entrer en concurrence des conceptions dogmatiques irrationnelles avec des points de vue raisonnés. Ce n’est plus l’intérêt général qui prime mais le respect des sensibilités religieuses et philosophiques. On risque de reculer plutôt que d’avancer. Autre question de poids, la fameuse « identité nationale ». Le président a beau répéter vouloir traiter les religions à égalité, il pèse et soupèse ses électeurs. Aucun chef religieux juif ou musulman, encore moins le dalaï-lama, ne sera jamais reçu comme Benoît XVI. D’ailleurs, Nicolas Sarkozy a insisté pour expliquer que la « laïcité positive » signifie la revalorisation des racines chrétiennes de la France comme ciment formant l’identité nationale actuelle.
    Enfin, dernier point clef, l’École. Autant les Eglises se vident, autant les écoles catholiques refusent du monde. Ce n’est pas rien quand on sait que le Vatican a décidé de réaffirmer le caractère catholique de ses écoles, s’appuie sur des courants de plus en plus intégristes, et considère ses écoles comme des lieux d’évangélisation. Au lieu d’aider l’école publique pour résister à ce risque de reconfessionnalisation par le bas, le gouvernement et Xavier Darcos, lequel est à la fois très libéral et très catholique, amputent l’école publique de 11.000 professeurs par an... La volonté d’aller vers une religion civile à l’américaine de ce gouvernement n’est pas anodine. Il s’agit de désengager l’État et ses moyens au profit de l’initiative privée et confessionnelle. L’ultraliberalisme a compris l’intérêt de la communautarisation religieuse et fera tout pour l’encourager.L’ultralibéralisme a compris l’intérêt de la communautarisation religieuse et fera tout pour l’encourager. C’est préoccupant dans l’absolu. C’est encore plus inquiétant dans un contexte mondial de remontée de tous les intégrismes."

    Les nouveaux soldats du pape. Entretien avec Fiammetta Venner

    La gauche et Bayrou dénoncent la "laïcité positive" prônée par Sarkozy


    • LE CHAT LE CHAT 19 septembre 2008 11:31

      @ l’auteur

       essayez de faire des paragraphes pour la la lisibilité du texte , svp  smiley

      @zen

       les auteurs de science fiction parlent de la collusion entre le pouvoir et les religieux et l’utilisation de la religion comme moyen de contrôle .
      Pierre bordage a dans la trilogie " les enfants du silence " http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Guerriers_du_silence_(trilogie)

      très bien parlé du processus , si tu as du temps je te conseille cet excellent bouquin .
      On retrouve aussi la m^me chose dans la saga de Dune
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Dune_(roman)


    • LE CHAT LE CHAT 19 septembre 2008 11:34

      @zen

       dans les enfants du silence , on retrouve la m^me chose que dans le catholiscisme :
      bien que son prophète, nommé le « Kreuz », semble prôner des idéaux de tolérance et de recherche de soi-même, l’Eglise kreuzienne se caractérise par son intolérance et par le terrifiant supplice de la croix-de-feu auquel elle condamne les hérétiques


    • Tzecoatl Tzecoatl 19 septembre 2008 21:56

      Et non, encore tout faux la Fourest : la laïcité positve a été inventée par Gandhi.


    • Bulgroz 19 septembre 2008 11:18

      Heureusement, en Algérie, les populations sont protégées des dérives intégristes des chrétiens.

      A chacun ses références. 

      Condamnation de deux Algériens convertis au christianisme

      LE MONDE | 03.07.08 | 14h26 • Mis 	à jour le 03.07.08 | 14h26

      ALGER CORRESPONDANCE

      Six mois de prison avec sursis et 1 000 euros d’amendes. Tel est 		le verdict prononcé, mercredi 2 juillet, par le tribunal de 		Tissemsilt à l’encontre de deux Algériens convertis 		au christianisme. Rachid Mohammed Seghir, 40 ans, et Jamal Dahmani, 		36 ans, tout deux informaticiens, avaient été 		condamnés, en novembre 2007, par contumace à deux ans 		de prison ferme et 5 000 euros d’amendes pour "prosélytisme 		et exercice illégal du culte non musulman". Des 		motifs d’accusation passibles, au regard de la loi du 28 février 		2006, de cinq ans de prison et d’amendes de 5 000 à 10 000 		euros.

      En Algérie, Une ordonnance, promulguée en février 2006,prévoit des peines de deux à cinq ans de prison pour toute personne qui "incite, contraint ou utilise des moyens de séduction tendant à convertir un musulman à une autre religion" ou bien "fabrique, entrepose ou distribue des documents imprimés ou tout autre support ou moyen qui visent à ébranler la foi d’un musulman".

      Les deux informaticiens avaient été arrêtés 		à Tissemsilt, à plus de 300 kilomètres au 		sud-ouest d’Alger, le 7 avril 2007. Des bibles et des CD-ROM 		religieux avaient été découverts lors d’une 		fouille de leur véhicule.

      Mustapha Krim, président de l’église protestante 		d’Algérie, s’est dit scandalisé par ces verdicts pour 		des délits d’opinion. Le verdict est sévère, 		selon l’avocate Khaddija Khalfoun, qui défend également 		d’autres Algériens convertis poursuivis en justice.

      Parmi eux, Habiba Kouider, une musulmane convertie au 		christianisme, accusée de pratique d’un culte non musulman 		sans autorisation et contre laquelle une peine de trois ans avait 		été requise.

      L’affaire avait fait grand bruit et une partie de la presse 		locale s’était indignée contre une atteinte à 		la liberté de conscience. L’affaire Habiba Kouider reste en 		suspens, le tribunal ayant demandé, le 27 mai, un complément 		d’information.

      Le verdict de mercredi à l’encontre des deux 		informaticiens atténue les peines mais confirme l’accusation 		de prosélytisme. Une situation semblable à celle du 		prêtre catholique, Pierre Wallez, poursuivi pour avoir 		organisé une prière auprès de migrants 		camerounais. Condamné dans un premier procès à 		une année de prison avec sursis, sa peine avait été 		réduite en appel à deux mois de prison avec sursis.

      LOI CONTRE LE PROSÉLYTISME

      La loi de février 2006 contre le prosélytisme 		cible particulièrement les évangélistes dont 		la capacité à gagner des adeptes parmi les nationaux 		inquiète. Un succès très relatif, les 		chrétiens toutes confessions ne dépasseraient pas les 		30 000 individus sur une population de 35 millions de personnes.

      La pression des responsables de la hiérarchie musulmane 		traditionnelle contre les évangéliques reste forte. 		Le président du Haut Conseil islamique, le cheikh Bouamrane, 		a décrit le mouvement comme une forme de néocolonialisme. 		Le ministre des affaires religieuses, Boualem Glamallah, a fait de 		son côté un parallèle entre l’action des 		évangéliques et le terrorisme. 		

      Amir Akef

      	

      http://www.lemonde.fr/afrique/article/2008/07/03/condamnation-de-deux-algeriens-convertis-au-christianisme_1065896_3212.html ?xtor=RSS-3210

      http://www.lemonde.fr/afrique/article/2008/05/27/algerie-les-pressions-contre-des-chretiens-se-multiplient_1050160_3212.html#ens_id=1049816

       

       


      • Bulgroz 19 septembre 2008 11:21

        Autre affaire. 

        le 4 juin 2008

        convertis algériens condamnés

        Quatre Algériens convertis au christianisme ont été condamnés mardi à des peines de prison avec sursis et deux autres relaxés par le tribunal correctionnel de Tiaret qui les jugeait pour « pratique illégale d’un culte non musulman ». Un converti a été condamné à six mois de prison avec sursis et à une amende de 2 000 euros, et les trois autres à deux mois de prison avec sursis et à une amende de 1 000 euros chacun. Quant à Habiba Kouider, condamnée en première instance à trois ans de prison, le tribunal a demandé un complément d’enquête afin de statuer sur son cas.

        http://www.humanite.fr/2008-06-04_International_convertis-algeriens-condamnes


      • foufouille foufouille 19 septembre 2008 14:21

        a une epoque les catho cramaient les infideles

        sinon de nos jours : distribution de tract communistes, tract anti juppe, jet de pot de yaourt sur la voiture du nabo, vol de sandwich, insulte a huissier sans plainte......... un mois ferme
        super ta ripouxblique catho


      • Ornithorynque Ornithorynque 19 septembre 2008 14:28

        a l’auteur,

        j’espère que vous êtes meilleur en thermodynamique qu’en journalisme, parce que citer fiametta pour une analyse du catholicisme, est aussi sérieux que de citer pol pot pour une analyse des intellecytuels cambodgiens !

        a quand unn bon article de thermodynamique ?


        • chems eddine Chitour 19 septembre 2008 15:13

           A Ornithorynque
          Touché. Je vous promet un article en thermo ! Ceci dit Fiametta Venner est ne intellectuelle iconoclaste. Elle s’est "associee" avec Caroline Fourest pour faire un sort aux religions notamment l’Islam qui a les "faveurs d"e Caroline Fourest...

          Pr.C.E. Chitour


        • Céphale Céphale 19 septembre 2008 15:22

          Tempête dans un verre d’eau !

          L’église catholique est bien plus complexe que ce que croit l’auteur. De Paris, je ne me permets pas de juger l’Islam.


          • Marc Bruxman 19 septembre 2008 22:10

            Il y a fort longtemps, les rois et gens de pouvoir qui n’avaient pas accès à la technologie pour gouverner le pays se servaient des curés pour inculquer une morale et faire la police. 

            La morale c’est bien parce que les gens n’osent pas la contourner facilement. L’interdiction est en dur. Par exemple si je vous dit qu’il ne faut pas faire de pédophilie, il s’agit d’une interdiction morale très forte. 99,999% des gens ne feront pas de mal à un enfant même si on leur en donne la possibilité sur un plateau. Pareil pour le meurtre, même sans la peur de la prison, la plupart des gens sont convaincus que c’est mal en soit et qu’il ne faut pas le faire. Le but c’est que la morale couvre la plus grande partie des comportements. 

            Derriére on rajoute la justice :

            • Pour juger ceux qui ont fautés par rapport à la morale et les punir. 
            • Pour mettre d’autres lois et interdictions. Et la ce n’est plus "mal" mais "interdit". Et une interdiction de fait a moins de puissance qu’une interdiction morale. Enlevez le flic et hop ! Les gens feront la connerie. (Excés de vitesse, drogues douces, ...). 
            La conséquence c’est que pour faire respecter tout ce que la morale ne couvre pas il faut des flics et les flics c’est cher. Plus cher qu’un curé. En plus le curé passe auprés du peuple pour un mec bien alors que le flic passe pour un grozenfoiré (TM). La technologie permet de faire de la réduction des coûts sur le flicage et donc plus on en a, plus la solution "poulets" est avantageuse sur la solution "amen". 

            De plus l’avénement du nationalisme (c’est une invention assez récente du XIXème siécle) a permis de cr(éer une morale "nationale". Et il y a eu des événements forts comme des guerres pour acter cette morale. 

            Maintenant que ca part en couille au niveau de la morale nationale (faute à la mondialisation), le politique comprend qu’il est en train de perdre son controle social. Ce qui se met en place c’est au contraire :
            • Le pouvoir économique (les entreprises). 
            • Le pouvoir financier (banque, finance)
            • Le pouvoir médiatique. 
            La ou on avait :
            • Un pouvoir économique et financier. (les entreprises et les banques)
            • Un pouvoir politique central. (le gouvernement)
            • Un pouvoir religieux. (les curés)
            Et les politiques ont justement très bien compris que sans leurs alliés religieux, la transition sera totale. La poursuite du matérialisme et la pub fournissent une très bonne méthode de controle de la population. Et maintenant qu’ils n’ont plus besoin de personne, ils vont tenter de se débarasser des états comme les états se sont débarassés des curés. 

            • Senatus populusque (Courouve) Courouve 20 septembre 2008 11:23
              JOSEPH RATZINGER (né en 1927, pape BENOÎT XVI en 2005)
               
              « Pour éviter toute suprématie de l’un ou l’autre sexe, on tend à gommer leurs différences, considérées comme de simples effets d’un conditionnement historique et culturel. Dans ce nivelage, la différence corporelle, appelée sexe, est minimisée, tandis que la dimension purement culturelle, appelée genre, est soulignée au maximum et considérée comme primordiale. L’occultation de la différence ou de la dualité des sexes a des conséquences énormes à divers niveaux. Une telle anthropologie, qui entendait favoriser des visées égalitaires pour la femme en la libérant de tout déterminisme biologique, a inspiré en réalité des idéologies qui promeuvent par exemple la mise en question de la famille, de par nature bi-parentale, c’est-à-dire composée d’un père et d’une mère, ainsi que la mise sur le même plan de l’homosexualité et de l’hétérosexualité, un modèle nouveau de sexualité polymorphe. »
              Lettre aux évêques de l’Église catholique sur la collaboration de l’homme et de la femme dans l’Église et dans le monde, 31 juillet 2004.

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