Bernard Debré : le père La Morale de la politique ?
Les sorties de Bernard Debré le week-end dernier sur l'affaire DSK ne sont pas surprenantes. On est habitué avec lui aux excès de langage et autres provocations. C'est en fait pour lui le moyen de s'assurer qu'un micro va se tendre vers lui. Mais dans l'affaire DSK, et quoi que l'on en pense, il a certainement perdu une occasion de faire preuve d'un peu de retenue.
Je n'ai jamais aimé DSK. Je ne connais pas le bonhomme, mais pour moi il fait partie de ces politiques qui expliquent les défaites de la gauche des 25 dernières années. Avec leurs rêves de social-démocratie façon Tony Blair ils ont coupé le PS de sa base populaire et ont laissé le terrain, jusqu'au départ de Jean-Louis Mélenchon, au Front National et en 2007 à Sarkozy. Mais même si je ne l'apprécie pas, cela ne m'empêche pas de trouver les déclarations de Bernard Debré choquantes.
Le premier point qui m'a agacé dans ses déclarations du week-end dernier, c'est ce côté "je sais tout" : les précédentes affaires de DSK dans ce même hôtel, le fait que la femme de chambre est une personne "tout à fait séduisante" (comme si à ce moment il savait lui qui elle était alors que tous les journalistes essayaient de trouver sa trace). Ce qui est fou c'est de ce dire que des journalistes se font avoir par des pièges aussi grossiers qui ne sont destinés qu'à les attirer.
Le second point, tout aussi énervant dans les sorties médiatiques de Debré sur l'affaire DSK c'est son côté moralisateur. Je suis d'accord sur le fait que nos élites feraient bien d'adopter des comportements plus moraux à bien des égards. Mais qu'au moins ceux qui portent ces discours soient crédibles. J'avais rédigé un papier sur AgoraVox il y a quelques mois sur les honoraires privés dans les hôpitaux publics parisiens. En 2008, Bernard Debré cumulait différentes activités : député, conseiller d'arrondissement, conseiller de Paris, professeur d'université, praticien hospitalier. Mais en plus, son statut au sein de l'hôpital Cochin, lui permet de réaliser des consultations et des interventions chirurgicales à titre privé, dans une limite raisonnable. Le problème, et le Conseil de l'Ordre des médecins l'a pointé du doigt, c'est qu'en 2008 et malgré toutes ses autres activités, il a déclaré près de 280.000 euros d'honoraires privés qui se cumulent avec tous les autres revenus. Et le problème quand on essaie de poursuivre en même temps deux "carrières" dans des univers aussi différents que la politique et la médecine, c'est que soit l'on en néglige une, soit on survole les deux. Dans le cas de Bernard Debré je penche pour la deuxième hypothèse.
Malgré cette situation Monsieur Debré essaie de faire proche du peuple lorsqu'il tape sur DSK, alors qu'en fait il appartient au même monde. Je ne dit pas qu'il a le même problème que celui que DSK rencontre apparemment avec les femmes. Dans le cas de Debré je pencherai plutôt pour une addiction à l'argent (évoquée au-dessus) et à la fréquentation des puissants. Il y a quelques années des histoires circulaient sur les séjours que passait Monsieur Debré au Gabon dans la réserve de chasse privée d'Omar Bongo. Au point même qu'il se vantait auprès de collègues à l'hôpital d'y faire l'acquisition d'une villa qui ne lui couterait pas cher du tout. Grand défenseur de la morale, Monsieur Debré a longtemps fréquenté l'ancien président togolais Gnassingbé Eyadéma. Ce grand démocrate a longtemps eu les honneurs de la Fédération internationale des droits de l'homme et d'Amnesty International qui dénonçaient son régime dictatorial et la pratique généralisée de la torture sous son régime.
Mais il semble qu'après ses sorties du week-end dernier, depuis Shanghai ou il était, ont paru excessive à Bernard Debré lui-même. Et depuis lui et ses proches s'emploient à corriger le tir. Peut-être peut-on lui suggérer de s'entourer de spécialistes de la chose, qu'il a bien connu notamment lorsqu'il était maire d'Ambroise, la société Euro RSCG. Ce serait même drôle puisque c'est cette même société qui s'emploie à protéger l'image de DSK ...
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