Best-of des erreurs de l’imposteur BHL
Bernard-Henri Lévy n’en finit plus de se discréditer lui-même, après la polémique récente de l’Affaire « Botul », mais aussi et surtout par ses multiples erreurs et contradictions qu’il nous faut rappeler.
Il devait faire son grand retour à la fois philosophique et médiatique. Tout était étudié, analysé, prévu pour que l’on mange du BHL à toutes les sauces. Interviewé partout, et par tous : Dans l’Express, Paris Match, Le point, Transfuge, Marianne…
Un seul a manqué à l’appel
C’est le Nouvel Obs qui a révélé l’imposture et l’imposteur. L’hebdomadaire nous apprend que dans « De la guerre en philosophie » (paru le 10 février) qui se voulait être le « livre programme » de la pensée béhachélienne, le « philosophe » a voulu attaquer Kant en utilisant l’argumentation d’un philosophe inexistant.
En effet, BHL cite un néo-kantien du nom de Jean-Baptiste Botul pour illustrer l’idée selon laquelle Kant n’est qu’un « fou furieux de la pensée ». Le seul hic, c’est que ce Botul n’est autre que Frédéric Pagès, agrégé de philo et journaliste au Canard enchaîné qui avait publié « La vie sexuelle d’Emmanuel Kant » sorte de parodie philosophique.
Mais BHL n’est pas que philosophe ; il lui arrive d’être (selon la définition de Wikipédia) « écrivain, romancier, essayiste, metteur en scène, acteur, producteur, homme d’affaires ». Il est à la fois tout, il dit tout et est partout. Mais il lui arrive de commettre des erreurs, de mentir ou d’omettre et de ne surtout pas admettre qu’il s’est trompé. Voici quelques exemples.
On ne peut pas tout dire tout le temps, et parler intelligemment
BHL ne perd pas un moment pour prendre la défense du libéralisme qu’il, à la différence du parti socialiste, ne voit pas comme un cadavre à la renverse. En octobre 2008, l’omniprésent philosophe clamait en pleine crise financière que « l’on frôle le gouffre », mais voyait dans cet « événement colossal », un signe fort de la vigueur démocratique du capitalisme, « drôle de machine carburant à la crise (…) autant qu’à la performance », « la preuve que le système est toujours vivant ». Il va de soi que les 9% de chômeurs français, les 16% grecs et les 4 millions de travailleurs précaires en France admettent unanimement que le capitalisme est la source de leur bonheur.
Mais BHL ne connaît ni la rigueur philosophique ni l’honnêteté intellectuelle
En effet, au mois de janvier 1994, BHL, qui se fait reporter de guerre, estime avoir recueilli un scoop lors de son voyage à Sarajevo (lorsqu’il défendait à tout prix la Bosnie-Herzégovine libre). Selon lui, le général belge Francis Briquemont, chef des forces de l’ONU en Bosnie, lui a donné « le mot et peut-être l’information » capitale : « Briquemont connaît le général Mladic », chef de l’armée serbe de Bosnie, futur bourreau de Srebrenica. BHL évoque donc, une complicité entre les 2 hommes. Il croit avoir livré au monde un secret lourd de sens.
Problème : BHL n’est pas militaire ni stratège et ignore la réalité du terrain. Le général belge de l’ONU apportera des explications en février 1994 : « Il n’y a pas d’un côté, les bons, de l’autre, les méchants ». Et oui BHL ignore que des alliances se nouent selon les rapports de force. Le général ajoutera même : « Lorsque j’entends Bernard-Henri Lévy prétendre que quelques avions suffiraient à régler la situation, je deviens fou ! C’est grave, quand un intellectuel se prend pour un expert militaire » (L’Express, 3 février 1994).
N’est pas militaire qui veut, mais allez expliquer cela au philosophe qui s’enfonce dans la bêtise…
Qu’à cela ne tienne, on remet cela !
Au lieu de se faire tout petit, BHL, le 17 décembre 1994, vante les mérites d’un « remarquable officier », « le colonel Sartre », qui dit-il, a « commandé pendant 2 ans, les casques bleus à Bihac » en Bosnie. Encore un problème : ce dernier n’existe pas. Il y a bien un colonel Patrice Sartre, mais celui-ci n’a jamais été à Bihac.
De nouveau, en 1998, BHL, dans un publireportage au Monde, ne se limite pas à philosopher mais se prend pour un journaliste.
Il se rend en Algérie et tout comme les militaires du pouvoir, il évoque de long en large « les atrocités dont se sont rendus coupables les intégristes musulmans » (Nicolas Beau et Olivier Toscer, Une imposture française). Mais il oublie d’évoquer les 150 000 Algériens victimes de l’armée et de la sécurité militaire depuis le début de la guerre civile qui oppose entre 1995 et 1997 les forces de sécurité du régime aux terroristes du maquis. Florence Aubenas révèlera plus tard que le voyage de BHL était « entièrement organisé par le pouvoir local ».
Israël, terre sacrée…
Fermez les yeux sur tout ce qui pourrait discréditer Israël aux yeux du monde, telle serait la devise de BHL.
Lorsqu’Israël attaquait de toutes parts le Liban, BHL était là. Là pour défendre l’honneur de la terre sainte. Il écrira en automne 2008, dans un article publié aux Etats-Unis (« The task of the Jews », The Américan Interest Magazine, septembre 2008) : Israël est « le seul pays de la région (…) où la cour suprême débat pendant des jours pour savoir s’il faut détruire ou pas un pan de mur de sécurité qui encercle injustement un olivier palestinien ». Mais là non plus, le journaliste BHL ne sait pas faire. Il oublie encore une fois de préciser que la Cour Internationale de Justice de l’ONU a déclaré que « le mur tel que tracé et le régime qui lui est associé portent atteinte de manière grave à de nombreux droits des palestiniens habitant dans le territoire occupé par Israël sans que les atteintes résultant de ce tracé puissent être justifiées par des impératifs militaires ou des nécessités de sécurité nationale ou d’ordre public. La construction d’un tel mur constitue dès lors une violation (…) du droit international humanitaire et des droits de l’Homme » (France-palestine.org). Pourquoi BHL se serait encombré de cette information si futile ?
La Géorgie est en guerre et BHL remet le couvert
Août 2008, les troupes russes viennent d’entrer en Russie, et BHL accourt en Géorgie. Dire au monde entier ce qu’il s’y passe. Le nouveau reporter de guerre dira ainsi : « Nous arrivons à Gorri (Géorgie). Nous ne sommes pas au centre-ville (…) mais nous pouvons constater les incendies à perte de vue (…) Gori est brulée ».
Les journalistes de Rue89 démontreront que « BHL n’est jamais arrivé à Gori, et les Russes n’ont pas brûlé la ville ». Rue89 a d’ailleurs retranscrit le témoignage d’une député européenne présente sur les lieux qui a certifié la fausseté des propos de BHL : « Mais non, on n’était pas à Gori (…) on a été bloqué à 1,5km de la ville. Seuls les champs brûlaient. Car les armés veulent éviter les snipers embusqués ». Non ! BHL, une fois encore à force de vouloir défendre le Bien (l’Occident) contre le Mal, tu as oublié le devoir de neutralité et d’objectivité qui incombe à tout vrai journaliste. Il admettra à Rue89 par la suite qu’il s’était trompé.
Prêt à tout pour imposer ses théories
En septembre 2008, BHL revient au naturel pour aller philosopher aux Etats-Unis. Il veut démontrer à tout prix que « l’antisémitisme en France n’est pas pire en France qu’aux Etats-Unis » (Emmanuelle Saint-Martin, « BHL en tournée américaine »). Il soutient notamment qu’un livre paru l’année précédente à New-York, The Israel Lobby and US Foreign Policy, écrit par deux universitaires, John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt, « aurait été impubliable en France, où il serait tombé sous le coup de la loi ». Car cet ouvrage « qui diabolise Israël » contient « ce qu’écrivait Céline dans L’école des cadavres ».
Encore une fois il dit ce qu’il pense mais tait ce qui est vrai.
Cet essai américain a bien été publié en France en septembre 2007, n’en déplaise à BHL. L’ouvrage n’a pas été interdit par la loi, mais se révèle être un livre documenté et où les chercheurs relèvent même qu’il est « difficile de critiquer en public la politique israélienne sans se faire aussitôt accuser d’antisémitisme ».
Des erreurs, des contradictions, des mensonges, il y en a encore beaucoup.
Mais ceux-ci suffisent à démontrer que cet homme, ami de tous les propriétaires des grands médias (notamment François Pinault) et actionnaire de journaux (notamment Libération), tombe parfois, pour ne pas dire souvent dans l’imposture. L’affaire Botul, n’est pas une anecdote mais la manifestation supplémentaire d’un manque de rigueur, voire d’une falsification intellectuelle.
D.Perrotin
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