BHL - « dubitatif, perplexe, incrédule et indigné » par la mise en examen de Sarkozy
Voilà le genre de raisonnement que pourraient tenir les derniers soutiens de l'ex président... Comment un homme politique aussi rusé que Sarkozy aurait-il pu demander de l'argent pour financer sa campagne électorale à un personnage aussi diabolique et tordu qu'imprévisible que l'était Mouammar Kadhafi. Cela semble impensable, voire impossible à imaginer d'un homme qui veut devenir président de la République. Car, il est bien certain que celui qui passe un contrat avec le diable est tenu par ses parties intimes d'une main ferme par son maître et doit subir tous ses caprices ; à la moindre pression de son guide il devient son jouet. Nicolas Sarkozy n'est quand même pas complètement idiot. Certes, l'obsession du pouvoir peut pousser à commettre de folles imprudences ; mais tout de même ! Maintenant, il y a une autre option sur la table, ses proches fidèles auraient pu magouiller dans son dos, "à l'insu de son plein gré".
Rachida Dati, qui était l'invité de Bourdin et soutient mollement Sarkozy, elle laisse entendre que le président ne connaîtrait pas tous les agissements de ses ministres. Oui, mais que vaut la parole de Dati qui dans le passé écrivait ce SMS colérique au "suspect libre" Brice Hortefeux convoqué par la justice dans l'affaire du financement libyen...
"je vais dénoncer l’argent liquide que tu as perçu pour organiser des rdv auprès de Sarko lorsqu’il était président, des relations tout aussi liquides que tu as eues avec Takieddine, l’emploi fictif de ton ex...je peux continuer avec les avantages que tu as eus et as encore à l’UMP à l’insu de ceux qui paient."
Voilà que dans cette affaire trouble et pour le moins salissante pour toute la classe politique, BHL, dans un article publié sur le Point et intitulé "Ce que je sais de Sarkozy et la Libye". Vole au secours de l'ancien Président. Le philosophe qui se voit comme un "lanceur d'alerte intellectuel" ou "honest broker (courtier honnête) de la liberté libyenne"
BHL, qui a vu Nicolas Sarkozy employer sa "virtuosité persuasive pour décider ses homologues" à intervenir en Libye en oubliant de parler du chaos actuel provoqué par cette guerre. BHL, qui réfute l'authenticité de "la fameuse « note » prétendument adressée, en 2006, par l'ex-chef du renseignement libyen Moussa Koussa à l'ex-chef de cabinet Béchir Saleh. Le premier a aussitôt nié l'avoir écrite. Le second, l'avoir reçue." Mais qui semble ignorer que l'ex-ministre libyen du Pétrole Choukri Ghanem avait consigné dans un carnet en 2007, des versements destinés la campagne présidentielle. Mais l'ex ministre ne parlera plus, puisqu'il a été retrouvé noyé en 2012 à Vienne. Donc, toutes ces accusations seraient fausses et tiendraient, "à l'évidence, de cet art des « kompromats », des « fausses preuves », naguère enseigné au kadhafisme naissant par ses amis soviétiques et forgées depuis, à la chaîne, par les Loubianka du désert".
BHL, indigné que la présomption d'innocence soit encore une fois bafouée par "ces « preuves » qui nous sont lâchées comme miettes à des canards et dont on peut imaginer qu'elles ne font que commencer".
En fait, "devant cette intrigue, digne d'un mauvais roman de John le Carré, que tisse, jour après jour, l'universel Café du Commerce". BHL donne l'impression que lui seul détiendrait la vérité. Pourtant, un autre témoignage de la journaliste Delphine Minoui du Figaro vient s'ajouter à la liste des indices graves et concordants, et cela commence à faire beaucoup...
« Il commence à me dire que son cher ami Nicolas Sarkozy est atteint d'un trouble mental. Il me dit qu'il est "déçu par le président français", d'autant plus qu'il a "financé sa campagne électorale". Je rebondis par rapport à cette déclaration à ce moment-là fracassante, en lui demandant des détails, et là il me répond par des commentaires assez vagues. Il m'explique qu'à l'époque de la campagne électorale, Sarkozy lui avait rendu visite, dans cette même caserne, et qu'à ce moment-là, Sarkozy lui aurait demandé de l'aider et que Kadhafi aurait tout de suite accepté, puisqu'il précise, et je le cite à nouveau, il n'a pas hésité puisqu'il y voyait un gain pour la Libye. Il précise : "j'ai donné ce qu'on m'avait demandé." En revanche, il est incapable d'évoquer un montant précis. Il m'explique juste qu'il a donné des ordres au comptable, et que le comptable a fait le nécessaire. Après la mort de Kadhafi, je tente par un courriel de renouer le lien avec Moftah Missouri. Il m'envoie son numéro de téléphone, je l'appelle, et nous relançons la conversation sur cet entretien. Et là, Moftah Missouri me précise que le lendemain de l'interview, Kadhafi lui aurait précisé qu'il avait contribué à la campagne de Sarkozy à hauteur de vingt millions d'euros... »
Le dernier mot de BHL
"J'ai été choqué quand l'ancien président de la République, aujourd'hui acculé et seul, reçut en grande pompe Kadhafi à l'Élysée.
Mais, à moins que l'accusation me démontre un jour le contraire, je lui suis reconnaissant d'avoir mis en œuvre, le moment venu, un devoir d'ingérence dont le peuple syrien a cruellement manqué face à Bachar et Daech ; dont Vladimir Poutine use, non pour défendre la liberté des peuples, mais pour la piétiner ; et qui restera, donc, l'honneur de son mandat."
Maintenant que la justice fasse son travail.
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