BHL perd son procès-bâillon : bientôt la Cour Pénale Internationale ?
Premier round
Le premier procès avait eu lieu le 16 juin 2021 : BHL avait attaqué le site d'information Blast (fondé par Denis Robert, ex du Média) en diffamation, et s'était vu débouté par le tribunal au motif qu'« aucun fait n' (était) imputé à Bernard Henry-Lévy autre que l'insinuation qu'il ait pu recevoir de l'argent de la part d'un État étranger ».
Blast avait en effet plublié une première enquête qui pointait les accointances du "philosophe" et "libre-penseur" avec le Qatar, accointances qui se seraient matérialisées sous la forme d'un premier ordre de paiement émanant du Trésor Qatari à destination du barbaud en chemise blanche, pour l'équivalent de 9.1 millions d'euros. L'enquête, intitulée "Qatar connection", mettait en cause BHL, Carla Bruni-Sarkozy et Laurent Platini, en publiant 4 documents balancés par une source anonyme très proche du gouvernement Qatari, et constituant des ordres de virement bancaires émanant du plus haut sommet de cette monarchie pétrolière...
On se souvient également que le président Sarkozy avait eu l'oreille très attentive à "la cause libyenne" en 2011, cause portée par ce cher BHL jusque dans son bureau. La rhétorique de BHL avait manifestement fonctionné, car quelques temps plus tard, en octobre de la même année, l'armée française était en première ligne de la coalition internationale pour "porter la démocratie" en Libye, et démettre le récalcitrant Khadafi, qui fut sauvagement torturé puis assassiné en tentant de s'enfuir sous les bombes de la "démocratie". C'était le même Khadafi, alors traité de "dictateur sanguinaire", que Sarkozy avait reçu en grande pompe en décembre 2007, avec tous les honneurs, juste quelques mois après son élection, l'autorisant même à planter ses tentes et stationner ses chameaux jusque dans la cour de l'hotêl Marigny, lui faisant visiter le Louvre, et bloquant tout Paris pour qu'il puisse profiter d'une balade en péniche sur la Seine...
La Libye s'est depuis enfoncée dans l'anarchie : cela fait dix ans que BHL n'a plus mis un pied là-bas -il a bien tenté une brève incursion en juillet 2020, sous forte escorte armée, mais s'est fait refouler par plusieurs officiels des villes qu'il prévoyait de visiter, "sa sécurité ne pouvant pas être assurée". Il s'en est alors retourné piteusement dans son jet privé, sans même avoir pu immortaliser quelques images de sa flamboyante réussite : des dizaines de milliers de morts, et un pays en proie au chaos terroriste, livré aux bandes armées, détruit par la guerre civile entre milices fondamentalistes et rançonné par tout ce que la corne de l'afrique compte de gangsters...un pays à l'économie en ruine, où l'inflation atteignait 25% dès 2021 et où l'électricité, comme les denrées de base, est fortement rationnée.
L'ONU chiffrait également dans un récent rapport que plus d'1,2 million de Libyens nécessitaient une aide alimentaire urgente dès l'été 2021, dont 350 000 enfants. Le pays est totalement coupé en deux, entre partisans du Général sécessioniste Haftar et autres légitimistes de la marionnette mise en place par la coalition, le premier ministre Fayez El Sarraj. Les deux camps rejettent désormais tout compromis, et ce sont les libyens qui trinquent.
Le tribalisme a ainsi fait son retour en force, et on estime à 50 000 le nombre de victimes directes de l'opération Harmattan menée par la coalition du camp du Bien en 2011, coalition qui soutenait les fameux "rebelles" pilotés par ... des officiers Qataris bien sûr. On ne compte évidemment pas les très nombreux réfugiés qui continuent de fuir de ce pays à l'agonie.
Une bien belle réussite pour le "penseur-philosophe" du Camp du Bien, véritable Lumière dans les ténèbres qui déclarait encore récemment sur son blog qu'il ne fallait "rien regretter" de cette guerre ignoble...
Acte 2
BHL n'a pas digéré le premier jugement : il a donc fait appel, et a également été débouté par la Cour une nouvelle fois. Cette dernière a bien confirmé que les 100 000 euros de dommages et intérêts que le philosophe du camp du Bien demandait, ainsi que le retrait de l'article qu'il exigeait, étaient non fondés, et même pire : elle l'a envoyé se faire cuire une merguez au soleil de Tripoli. En effet, il est également condamné à payer 3000 euros à Blast, mais surtout la Cour reconnaît dans son jugement que "Les auteurs de l’article ont fait preuve de prudence et de mesure dans l’expression. En effet, ils ont pris soin de mettre en ligne la reproduction de l’ordre de virement, permettant ainsi aux lecteurs de se forger une opinion, et ont pris soin de préciser qu’il était impossible de dire s’il devait être considéré comme « une pièce de toute première importance » ou comme un « faux grossier ». Mais l'attendu précise également qu' " ils (les journalistes de Blast, NDA) ont contacté une personne connue comme étant proche des services de renseignement, M. EICHINGER, qui leur a indiqué (attestation du 20 mai 2021 — pièce n° 22), que les quatre lettres faisant état de « dons » ont été validées par des membres de la brigade financière et par « des proches des renseignements américains et israéliens » à qui ils avaient été communiqués
Ce qui revient à avouer à demi mots que le document incriminant le va-t-en-guerre donneur de leçons du camp de la Démocratie à coups de missiles, était sans aucun doute authentique...
Le camp du Bien en PLS
Et maintenant ?
Maintenant que ce qui s'apparentait à une authentique tentative de procès-bâillon a fait pschiiit, il serait temps de s'interroger sur quelques éléments factuels.
Premièrement, sur le rôle réel de BHL, qui semble bien avoir touché 9.1 millions d'euros des Qataris en 2011. Mais pour quoi faire ? En échange de quoi ? Quel "journaliste" français osera lui poser un jour la question ?
On attend...
Ensuite sur le rôle de Carla Bruni Sarkozy : un des ordres de virement la concernait, et il s'élevait à 6 millions d'euros. C'était sans doute un petit cadeau pour la naissance de Giulia ?
La société civile demandera-t-elle des comptes à ces individus ?
Car ce qui se dessine suite à ce procès sent bien, bien fort. Aussi fort que le fromage Corse que je ramenais dans mes glacières en fin d'été, et que je sortais après un jour et une nuit de voyage en ferry, alors que la clim était tombée en panne.
Une odeur à la fois rance et attirante, infâme et excellente, dégoûtante et appétissante.
L'odeur du scandale d'état, mélangée à celle du discrédit le plus total, pour une bande d'assassins déguisés en justiciers, et qui viennent aujourd'hui de se faire démasquer.
De vulgaires mercenaires qui, sous leurs beaux atours et leurs belles paroles, ne sont motivés que par une chose : le fric.
Un fric tâché du sang et de la souffrance de centaines de milliers d'innocents.
Il serait temps que la Cour Pénale Internationale se penche, un jour, sur leur cas.
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