Bien joué, le coup de l’état islamique
Pour comprendre ce qui se passe, il faut faire une hypothèse. Ma thèse est que l'objectif stratégique du gouvernement Israélien (à ne pas confondre avec la population d’Israël dangereusement menacée par cette politique monstrueuse) est d'avoir les mains libres pour attaquer l'Iran. En termes militaires, on entend par objectif stratégique un objectif vital qui justifie la guerre totale, voire nucléaire. Il se trouve que cet objectif rejoint les intérêts de l'Arabie Saoudite et des puissances du golfe, et ceux du Saint Empire Banco-Germanique, en Ukraine notamment, comme nous l’analysons plus loin. Pour des raisons militaires élémentaires, cet objectif ne pouvait être atteint sans une destruction au préalable de la Syrie en tant qu’état.
Ce n’est bien sûr qu’une thèse, mais tout ce qui s’est passé depuis le début du « printemps arabe » et tout ce qui se passe semble parfaitement cohérent, vu sous ce jour. Y compris l’enfumage monumental auquel nous assistons depuis deux ou trois jours à propos de l’engagement français en Irak sous la houlette du grand chef de guerre Hollande. Et c’est parfaitement cohérent avec le coup d’état occidental en Ukraine.
La trouvaille de l'Etat Islamique est géniale. L'égorgement public de journalistes donne à ce pauvre type d'Obama le prétexte pour mettre en place ses projets. Je ne serais d'ailleurs pas surpris que l'égorgeur soit membre du MI5 ou de quelque autre officine « agissant dans l’ombre ». Ainsi, Obama qui, il y a deux semaines, déclarait : "nous n'avons pas de stratégie", annonce qu'il s'arroge le droit de réaliser des frappes aériennes en Syrie et, dans le même temps, d'armer et de financer "l'opposition modérée" à Bachar el Assad, c'est-à-dire Al Quaïda. La bêtise profonde de la politique anglo-saxonne est toujours d'actualité. Cette fois ci, avec l'approbation de la presse unanime (ils parlent de son courage extraordinaire) et de la "communauté internationale". Ainsi, ce qui avait échoué en 2012-2013, à cause des « méchants Russes et du manipulateur Poutine », va pouvoir se réaliser en toute tranquillité. On comprend au passage tout l'intérêt de l'ouverture du front ukrainien, avec le concours du Saint Empire Banco-Germanique. Notons que de nombreuses sanctions économiques ont été adoptées contre la Russie, mais jamais contre l'Arabie et les états du golfe.
Donc, le rêve de Hollande, Fabius, du bombardeur Juppé, et du penseur-bombardeur BHL, à savoir bombarder les Alaouites et les chrétiens d'Alep, qui avait piteusement échoué après ce que les experts militaires ont appelé « la deuxième bataille de Lépante » va pouvoir reprendre son cours. Je note au passage que l’engagement des armes de la France, pays de tradition historique chrétienne, contre les Chrétiens d’Alep (dans leur propre intérêt, pour les libérer du dictateur Bachar), n’a jamais été reprochée au grand chef de guerre Hollande par la presse ni par aucun parti politique : on a préféré nous assommer de commentaires sur ses frasques conjugales et extra conjugales : çà ne mange pas de pain et çà amuse le peuple. Donc, ce n’est que parce que le pathétique Obama, après la piteuse mésaventure en Méditerranée (merci Poutine), a préféré rengainer son colt, que la trahison de nos « punisseurs » français a été évitée. Fabius et Hollande ont bien continué à aboyer, pour la forme, ce qui a attiré sur la France le mépris de toutes les nations, tous bords confondus, mais c’était plié : tout ce qu’ils ont réussi à faire, c’est anéantir en deux mois cinq siècles de diplomatie française en Orient. Il devenait évident que la destruction de la Syrie serait une chose moins facile que pour la Libye (le « manipulateur » Poutine refusant de se laisser manipuler une nouvelle fois). D’où le ressentiment des « forces démocratiques » envers Poutine et la Russie (ces Russes qui, avec leur sens inné de l’extrémisme ont l’outrecuidance de ne pas abandonner leurs frères orthodoxes victimes des persécutions et des crimes djihadistes). Dans les « forces démocratiques », nous comptons l’Arabie Saoudite et le Qatar, ce qui prouve notre sens de l’ouverture, contrairement à ces abrutis de Russes. C’est une des raisons de l’ouverture du front ukrainien, bien que les manœuvres US aient commencé de longue date, avec la révolution orange. L’agitation fébrile du Saint Empire Banco-Germanique, alias Quatrième Reich, sur la question de l’Ukraine tient au fait qu’il y a là, en dehors du soutien inconditionnel à la politique US, matière à mettre la main sur les richesses agricoles et minières de l’Ukraine, comme ils l’ont fait pour la Roumanie par exemple.
Pour clarifier, le rejet occidental des dictateurs est tel que nous n’avons pas hésité à armer, entraîner, financer et équiper les islamistes en Syrie, car Bachar nous est antipathique, et que notre ennemi numéro un, clairement désigné, est un certain Vladimir Poutine. C’est ce que répètent avec un remarquable psittacisme la classe politique et la presse unanimes. Mais, dans le même temps, nous entretenons des relations de franche camaraderie avec les potentats du Golfe Persique et avec les dictateurs du Turkménistan et de l’Azerbaïdjan (ce dernier grand copain de l’ « écologiste » allemand Joska Fischer), comme il y a peu avec les généraux putschistes de Birmanie et tant d’autres. Ne peut-on y voir, tout de même, un petit peu d’enfumage ?
Je suis toujours avec la plus grande attention les réactions de Bernard Henri Lévy, car elles sont de bonnes indications sur l’organisation et le sens de la manœuvre. Lui qui appelait à bombarder la Bosnie, la Serbie, le Kosovo, la Libye, la Syrie, avec son copain Juppé, pour des raisons « profondément humanitaires », avait ces derniers temps disparu des écrans radar. On voyait des scènes épouvantables de chrétiens sauvagement massacrés et martyrisés mises en ligne par les djihadistes "pour effrayer les occidentaux", mais peu lui importait. Et puis, tout d'un coup, début Aout, il intervient dans la presse pour dénoncer le massacre des Yazidis et des Chrétiens en Irak, "car ce sont des habitants historiques de la région". Et les Chrétiens et Alaouites de Syrie, ce sont des parachutistes peut-être ? Et puis, tout semble s'éclaircir et acquérir une cohésion. Récemment, lors d’une émission télévisée de grande écoute, il identifie et révèle au monde le mal absolu : c'est Poutine ! Pas mal, non ? Comme je ne veux pas croire qu'il soit aussi bête que çà, je pense que tout est bien ficelé de main de maître.
Venons en maintenant au coup de l’Etat Islamique, création diabolique des think tanks du Pentagone et d’ailleurs. Cet « état » commercialise en direction des pays occidentaux du pétrole pillé sur le dos de l’Irak, ce qui signifie qu’il dispose d’un personnel hautement qualifié. Nous remarquons que les frappes aériennes n’ont aucun effet, si ce n’est celui de faire refluer les combattants djihadistes vers la Syrie, en les poussant doucement comme avec un balai. Les Kurdes Irakiens sont armés à dose homéopathique. On se garde bien d’éliminer physiquement les forces djihadistes, qui conservent assez de ressources pour attaquer maintenant le Kurdistan syrien. De braves généraux nous annoncent que « ce sera très long ». La France, toute honte bue, a envoyé deux rafales détruire un hangar. C’est très loin du déluge de feu qui s’était abattu sur la Libye. On nous prend vraiment pour des imbéciles.
Les conditions sont maintenant réunies pour l’intervention US en Syrie. Les malheureux Syriens n'ont pas fini de souffrir.
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