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Bien loin du Manitoba

Le Manitoba est un pays immense situé dans les plaines du Canada. C’est un état membre de la fédération canadienne. Après l’arrivée de Jacques Cartier à l’embouchure du fleuve St laurent, au XVIème siècle sous le règne du roi François Ier, la ville de Québec fut fondée ainsi que des établissements français. Des colons arrivèrent et s’installèrent là mais, au fil du temps, certains partirent plus loin : des agriculteurs et des chasseurs, dans des régions non contrôlées encore par la France ou l’Angleterre, où ils se mêlèrent à des populations indiennes, les Cree, notamment.

Ainsi apparut une nouvelle population, des métisses et de nouvelles langues, mélanges des langues indiennes et de français, ou d’anglais, suivant les endroits. Après quelques siècles, ces populations virent arriver l’armée anglaise. Elle voulait prendre possession de ces immenses régions, ce qui fut fait, après une courte guerre, dans les années 1860. Les métisses furent battus mais, à cette occasion, le premier gouvernement du Manitoba fut créé par l’un d’entre eux, Louis Riel, pendu haut et court en 1884 par l’armée britannique. Pendant longtemps encore, les métisses et les francophones furent mal vus au Manitoba. La langue officielle était l’anglais et il n’y avait pas de place pour la français dans cette région...

Un reportage est passé il y a quelques années sur la Cinquième à propos de la langue française dans cette région. Un homme d’une soixantaine d’années, francophone de naissance, racontait qu’un jour, alors qu’il parlait français dans la rue, une personne qu’il ne connaissait pas lui a dit : “Speak white”, ce qui veut dire “Parlez blanc”. Comme le français était parlé par des métisses, cette langue était vue comme une langue de “sauvage”, d’Indiens, de “ploucs” pour ainsi dire... Un peu comme l’était le breton il n’y a pas encore longtemps ici et cette image n’est pas complètement effacée... Mais voilà, depuis une vingtaine d’années, la constitution canadienne reconnaît le français comme langue officielle. Elle a donc sa place au Manitoba. Des écoles françaises ont été créées. Certaines fonctionnent sur le mode de l’immersion, comme Diwan en Bretagne. Dans certaines grandes villes ces écoles rencontrent un succès certain car les familles considèrent que parler deux langues est un atout. Certaines familles, autrefois francophones mais passées à l’anglais, trouvent là le moyen de renouer avec leurs origines. Le français semblent donc avoir retrouver un avenir au Manitoba ! Toutes ces informations, je les ai apprises en regardant un documentaire sur la Cinquième et en écoutant, par hasard, une émission d’une heure sur France Inter. Et je me suis posé la question : quand ai-je entendu ou vu pour la dernière fois une émission d’une heure ou un documentaire sur l’état des langues régionales en France, sur l’état du basque, de l’alsacien, du breton, sur une chaîne nationale ?... Je ne m’en souviens même pas, sauf sur France 3 Bretagne. Mais les médias nationaux s’intéressent-ils aux langues régionales ? Pas si sûr. Il leur est plus facile d’aller voir des gens qui luttent pour leur langue au Manitoba, surtout s’il s’agit d’y sauver la française, plutôt que de s’intéresser aux gens qui ici, en France, veulent sauver leurs langues ! Mais il est vrai que la consitution française ne laisse aucune place aux langues régionales, quand la consitution canadienne en reconnaît au moins deux et que les peuples améridiens peuvent éduquer leurs enfants dans leur langue d’origine... C’est vrai, nous sommes vraiment très loin du Manitoba.

Christian Le Meut


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2 réactions à cet article    


  • Michel Monette 12 août 2005 21:52

    Sur Riel, je vous recommande ces archives (audio et vidéo) de Radio-Canada : Louis Riel, défenseur du peuple métis. Il y a également plusieurs hyperliens pertinents concernant Riel et le Manitoba sur cette même page. Sur le français, l’unité linguistique s’est faite au Québec (alors la partie la plus populeuse de la Nouvelle-France) avant de se faire en France. Le phénomène d’assimilation des langues régionales a donc bel et bien eu lieu ici aussi. Voir L’émergence du français au Canada sur le site du Trésor de la langue française au Québec (il faudra dérouler la page pour lire les sections 2 et suivantes).


    • Christian Le Meut (---.---.143.50) 13 août 2005 14:23

      Ces sources viennent compléter utilement le contenu de mon article, merci. J’aborde assez régulièrement ces questions (situation et statut des langues) sur mon blog (bilingue breton-français) : rezore.blogspirit.com Christian Le meut

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