Bien sûr, les hommes aussi !
Un lecteur me signale, suite à mon article sur les femmes maltraitées, que le sort de certains hommes, dans ce domaine, n'est pas à envier. Mais, cher monsieur, je n'en doute pas, et j'en ai même connus. Toutefois, j'avais choisi, dans cet écrit, de parler uniquement du drame des femmes, suffisamment vaste. Il n'est évidemment pas exclusif, et je me fais un devoir, ici, de traiter de la réalité des hommes violentés.Car, oui, bien sûr, les hommes aussi subissent des violences conjugales.
Même si l'Institut pour l'égalité des hommes et des femmes indique que les femmes sont six fois plus nombreuses à être victimes de ce type de violence, on relève qu'un homme sur cinq au moins l'est aussi, avec 17% de mortalité, souvent par arme blanche. Mais, dans leur couple, les femmes frappent aussi, elles griffent, elles crachent. Cette violence physique s'accompagne de grandes violences morales et psychiques, exprimées à travers des abus financiers, des menaces, par exemple celle de ne plus voir les enfants, une terreur psychologique, une emprise psychique.
Il en résulte, chez les victimes, une honte, une humiliation, la perte de l'estime personnelle, l'isolement, la culpabilité, la peur de ne plus voir les enfants le cas échéant et souvent le déni. Ces personnes vivent un stress et gardent, régulièrement, un post-traumatisme.
Ces évidentes conséquences nous font affirmer, à l'image de Mathilde Page, de la faculté des Sciences humaines de l'ULB (alterecho.be), que la lutte contre les violences faites aux femmes comme celles faites aux hommes est un seul et unique combat.
Les hommes, sans doute encore plus que les femmes, éprouvent de profondes difficultés à reconnaître ces sévices et par conséquence, à déposer plainte. Fréquemment, il leur est difficile de se livrer, ne parlons alors pas de se dire homme battu. L'image masculine, dans nos sociétés, se revêt, dans l'inconscient collectif, de force, domination, virilité, puissance, ... et même si, la plupart du temps, les hommes victimes de femmes violentes ne sont pas des freluquets, dénués de caractère, mettre cette violence en mots représente pour eux une humiliation supplémentaire. Et pas seulement. Il faut également affronter le doute, l'ironie, les sarcasmes, le sentiment de ne pas être entendu quand on parle aux services de police ou aux proches. Il faut dire que, tout comme les femmes, les hommes éprouvent découragement et frayeur devant le type de questions embarassantes et nombreuses auxquels ils sont soumis. Or, des femmes ont déjà été poursuivies pour faits de violence conjugale.
En dehors du un pourcent d'hommes, qui a subi avant dix-huit ans, un contact sexuel forcé, les violences subies par eux sont plus fréquemment physiques que sexuelles. Si les femmes sont souvent victimes d'un ex-compagnon, les hommes eux le sont de leur compagne du moment. 60% de ces femmes auraient été elles-mêmes victimes des violences de l'homme (JDD, 14.9.2018).
On parle, publiquement de la violence faite aux hommes, mais pas assez. Une manifestation a eu lieu à Lyon, en 2016. La députée française Claire O'Petit l'a soulevé en Assemblée, le 30 avril 2019. Qui connaît la Journée internationale des Hommes maltraités, le 19 novembre de chaque année ?
Enfin, un livre notamment a été écrit par Maxime Gaget, dont on a opéré le nez quatre fois suite à des fractures et une oreille déchirée, "Ma compagne, mon bourreau", éd. Michalon, 2015.
Myroise
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