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Bienvenue en R.F.S.F

"L'humour est la politesse du désespoir" . Cela est si vrai que l'attribution de la paternité de cet aphorisme se perd en conjectures contradictoires, passant de Boris Vian à Oscar Wilde, Chris Marker, Kierkegaard, certains poussant même l'audace jusqu'à la faire remonter à l'antiquité grecque, le concept d'humour ne datant pourtant que du XVIIe siècle...

Quoi qu'il en soit, cette formule pleine de sagesse signifie que l'humour consiste à parler légèrement des choses graves, et gravement des choses légères, par motif de pudeur, dans les deux cas, envers la sensibilité de l'auditeur.

C'est pourquoi je réitère ma demande de publication de l'article ci-dessous, car sous un ton d'apparence légère et détachée, il annonce des choses vraies et graves, que j'ai préféré rédiger sur ce ton par souci de l'humeur du lecteur, alors qu'il s'agit d'un cri d'alarme aussi légitime que désespéré, et non dénué d'arguments pouvant ouvrir une discussion riche et animée, qu'il me semblerait indigne à Agoravox de censurer, alors qu'il laisse passer tant de pseudo-indignations faites de pensées aussi convenues que consensuelles, stériles et arbitraires.

Le lecteur se demandera sans doute ce qu’est la R.F.S.F : Nous devons donc répondre sans plus attendre à cette interrogation légitime : La R.F.S.F, c’est la République Fédérative Socialiste de France  : Elle est en train de naître, là, sous nos yeux, en 2014, sur la terre de nos ancêtres, enfin, la terre des ancêtres de la plupart d’entre nous.

Elle se rit, d’ailleurs, de ces ancêtres, ou plutôt, non, elle ne rit pas : Elle aurait même tendance à froncer les sourcils à la simple évocation de leur existence, comme s’il était condamnable de se souvenir d’une tradition qui aurait tendance à freiner, par une douce nostalgie, la belle marche en avant des valeurs républicaines.

Car si elle vante chaque matin, chaque midi et chaque soir, sur les antennes officielles comme sur les rotatives officielles, le « Devoir De Mémoire » dont nul ne peut plus se vanter de n’avoir jamais entendu parler, cette même République veille jalousement, dans le même temps, à ce que la mémoire ne remonte pas plus loin que la glorieuse Libération, de peur de réveiller quelque sentiment de culture nationale que l’altière pensée socialiste exècre et méprise de toutes ses forces.

L’histoire est vraiment un mécanisme plutôt facétieux, à vrai dire, car nous, les quinquagénaires bien tassés, nous nous souvenons de notre jeunesse, où nous tremblions à l’ombre des S.S.20 soviétiques, que le bras vengeur et tremblotant des vieillards cacochymes saluait au garde-à-vous du haut de la tribune, sous une haie de toques chaudement fourrées, tandis que sur la place rouge défilaient les chars menaçants, armés desdits missiles, et roulant comme d’un pas décidé vers l’Occident : Nous pouvons le dire, maintenant, le camarade Léonid nous a bien fait peur, avec son communisme triomphant et sa fenêtre d’avance technologique que l’autre président, chapeauté, lui aussi, mais façon cow-boy, s’évertuait à minimiser pour apaiser les foules démocratiques.

Car la logique intellectuelle de ce système était implacable : le PCUS construisait le bonheur sur terre, et toutes les nations allaient finir par le reconnaître et se soumettre alors aux mêmes lois de félicité. Tout était pour le mieux : Un homme était-il pris d’un accès de contestation ? Ce pouvait être un criminel, auquel cas on l’envoyait au goulag, peupler la généreuse Sibérie, toujours prête à accueillir les enfants de Russie. Ce n’était pas un criminel ? Au pays du bonheur socialiste, ce ne pouvait donc être qu’un fou, et un bon séjour en hôpital psychiatrique, nourri d’un dialogue fertile avec quelques substances chimiques, ferait tout rentrer dans l’ordre.

Le Parti écrivait l’Histoire, avec un grand « H », la Vraie, avec un grand « V ». D’ailleurs, son organe d’information n’avait-il pas pour nom « La Vérité » (la Pravda)  ? Toute contestation était réfutée d’avance, car les cases étaient prêtes, et des censeurs experts savaient immédiatement où ranger les documents douteux : Révisionniste, déviationniste, réactionnaire, bourgeois, valet du capitalisme, suppôt de l’impérialisme, et même vipère lubrique, pour les cas extrêmes...

C’était imparable, et le KGB savait aussitôt ce qu’il devait faire, dès qu’un déviationniste ou un révisionniste était désigné par la Pravda  : Laisser ces gens en liberté eut été une menace pour la démocratie populaire ! Il eut été d’une pusillanimité coupable de laisser divaguer de tels pestiférés : La loi commandait leur internement, et la forme de cet internement dépendait de la gravité de leurs débordements.

Nous avions vingt ans. Si les S.S 20 nous faisaient grincer des dents, la psychologie du PCUS, par contre, nous faisait plutôt rire, du moins tant que nous n’avions pas de contact affectif avec ses opposants, car si cela arrivait, notre rire, soudain, en prenant connaissance des détails complémentaires, avait plutôt tendance à se changer en larmes et en effarement : Heureux ceux qui ne savaient rien de tout cela…

Je me souviens d’une après-midi de 1981 où, avec quelques amis, nous avions échafaudé un scénario, surréaliste à nos yeux, visant à demander l’asile politique à l’ambassade d’U.R.S.S ! Nous en étions « morts de rire », pour utiliser une expression à la mode…

Que de chemin parcouru !

Car aujourd’hui, il me semble que demander l’asile politique à la Russie ne relèverait pas nécessairement du second degré…

C’est nous, aujourd’hui, qui avons une police de la pensée : Quand nous avons vu arriver chez nous, en France, l’accusation de révisionnisme, nous avons écarquillé les yeux et cru d’abord à une plaisanterie ! Il est vrai que le gouvernement qui a voté la honteuse loi Gayssot s’appelait Socialiste : cela aurait dû nous mettre la puce à l’oreille.

Nous découvrions soudain, qu’au moment même où la police de la pensée s’éteignait en U.R.S.S, elle mettait bas, en France, un rejeton prometteur, qui grandit avec assurance sous la tendre férule du PS, du PCF, du CRIF, de SOS Racisme, de la LDH, de la LICRA, des lobbies LGBT et des ONG immigrationnistes  : la Vérité Socialiste a trouvé ses nouveaux ténors et, fuyant la froideur moscovite, est venue se blottir dans les velours parisiens, collectionnant au fil des années les belles lois que lui confectionne le Palais-Bourbon.

La dialectique est toujours aussi redoutable : Vous n’êtes pas d’accord ? C’est donc que vous êtes des cerveaux malades : Vous portez la haine, et c’est mal ! On va vous envoyer les « antifas  », ces linottes de la Liberté Socialiste, qui vont vous apprendre, à coups de battes, à respecter les tabous de la Vérité Socialiste. Vous défendez la famille ? Réactionnaires  ! Des prostituées recyclées vont venir vous insulter et faire des gestes obscènes jusque devant la poussette de vos enfants, ça vous apprendra. Vous prenez au sérieux votre religion rétrograde, qui entrave la marche des foules vers le bonheur socialiste ? Les mêmes viragos vont uriner sur vos autels, ça vous apprendra. Les punir ? Mais vous n’y pensez pas : Et la liberté d’expression, c’est sacré, non ? Comment ça, pour vous aussi ? Non, « vous, c’est pas pareil ». Vous, vous devez vous taire, car quoi que vous ayez à dire, de toute façon vous aurez tort : Vous serez punis pour tous les crimes qui vous ont été réservés.

En voici les noms : Incitation, Provocation, Haine raciale, Discrimination, Sexisme, Révisionnisme, Néo-nazisme, fascisme, extrême-droite, et même extrême-gauche s’il le faut… Quoi que vous disiez, c’est bien le diable si nos juges socialistes ne parviennent pas à tordre vos propos jusqu’à ce qu’ils rentrent dans une de ces cases à vous destinées…

Sans oublier, bien sûr, le fameux populisme, qui constitue un sommet dans l’aplomb socialiste : Emettre une idée politique, de gauche ou de droite, qui soit en phase avec ce que pense la majorité du peuple serait un crime démagogique !?

Que la pensée de la majorité soit irresponsable et indigne d’être prise en considération, c’est ce que pense tout tyran ou dictateur normalement constitué, mais il se trouve qu’en démocratie, la source de la souveraineté, c’est le peuple : ce n’est donc pas au peuple de se soumettre, en matière de choix politiques, à l’avis d’ « experts » dont la principale activité consiste au demeurant à se tromper plus souvent que ceux qui ne font pas profession d’échafauder des prévisions : C’est aux dits « experts » de se soumettre à la volonté du peuple tant qu’ils ne parviennent pas à le convaincre du bien-fondé des orientations qu’ils désirent lui voir prendre, car le credo de la démocratie, c’est que la décision résultant de millions de cerveaux est forcément meilleure que celle d’une poignée d’individus, fussent-ils des experts : Bien sûr, on peut ne pas croire à cette hypothèse et, partant, mépriser la volonté du peuple, mais alors il ne faut pas se prétendre démocrate…

Le vrai populisme, digne de tout le mépris dont on peut vouloir l’entacher, consiste en ceci : « Je suis du peuple, donc je ne sais pas. L’expert a parlé, je n’ai pas compris ce qu’il a dit, mais c’est sûrement lui qui a raison, car c’est un expert et il a conclu sa démonstration par : « C’est inéluctable ! » Donc je m’incline devant son choix ». Le voilà, le dangereux populiste, l’électeur irresponsable qui s’en remet sans réfléchir à un technocrate dont il ignore les véritables intentions.

Il est d’autant plus dangereux, ce populiste-là, qu’il se permet en sus de montrer du doigt celui qui ose voter, lui, pour ceux dont il comprend et agrée la parole, et comble du comble, ce poupliste authentique se cache en accusant lui-même de populisme cet autre électeur avisé qui fait preuve de son simple bon sens et de l’usage démocratique d’icelui, en n’agréant que ce qu’il conçoit vraiment, plutôt que de se prosterner devant des postures nimbées d’une inspiration dont il n’aperçoit nullement la véritable source…

La marche en avant du socialisme est triomphale. Du moins, jusqu’à l’abîme. En récupérant juste un peu de démocratie, cependant, nous parviendrons peut-être à nous arrêter avant, et repartir en arrière, vers la plaine où pourraient de nouveau pousser les fruits de notre civilisation bâillonnée : Compte tenu des brillants résultats de ce socialisme en pleine accélération, j’appelle le peuple à réclamer un référendum sur la confiance portée à ce gouvernement, qui aura soin de démissionner si le non l’emporte, comme de Gaulle a su le faire en 1969, et ce avant de casser joyeusement les régions actuelles, dont la structure a 40 ans, et dont il n’est pas certain qu’un gouvernement qui vient de n’être explicitement approuvé que par 5%(sic !) du corps électoral, soit légitime pour mener des bouleversements dans l’infrastructure administrative de la nation  :

Peut-être les loges ont-elles décidé que le moment était venu de mener cette réforme ? Eh bien, amis du gouvernement, vous, les serviteurs mandatés du peuple, à vous de leur expliquer que vous n’avez plus la légitimité nécessaire pour exécuter cet ordre-là, et qu’elles devront attendre des jours meilleurs. Allez, un peu de courage : Pour une fois, obéissez au peuple et envoyez promener vos supérieurs cachés. Un peu de courage ! Quand même !

Michel Brasparts.


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11 réactions à cet article    


  • bluerage 31 mai 2014 09:13

    Bonjour Michel

    Ne vous a t’on pas traité de facho europhobe ? Vous avez parfaitement raison, une chape de plomb s’abat sur ce pays comme au glorieux temps du communisme soviétique, la Pravda aujourd’hui c’est Libé (journal moribond que plus grand monde feuillette hors de l’IDF) et toute pensée incorrecte se voit taxée de fascisme, populisme, xxxphobie etc. Merci à Gayssot d’avoir tant contribué à museler le débat des idées, la seule solution pour se libérer c’est de renverser l’UMPS.


    • LucDolmont 31 mai 2014 21:19

      En fait, ça n’a pas commencé avec la loi Gayssot en 1990, mais avec la loi Pleven en 1972...


    • Garance 31 mai 2014 10:12

      Excellent article Monsieur l’Auteur


      Dans la liste des noms qualifiant les « Autres » ( les Pas-de-Gôche )

       « Incitation, Provocation, Haine raciale, Discrimination, Sexisme, Révisionnisme, Néo-nazisme, fascisme, extrême-droite, et même extrême-gauche …  »

      Je me permettrai de vous en rappeler quelques autres tels que :

       « Homophobie » : être Homophobe vous rabaisse au niveau de la « Bête Immonde » sous régime socialiste

       « Français (e) » : avouer l’être vous fera montrer du doigt par les tenants de la Bonne Pensée Socialiste , vous serez sifflés dans les stades

      « Hétérosexuel ( le) » : vous n’êtes pas normal (e) : Mr Bergé ne vous saluera pas

      Il y en à d’autres : il s’en crées tous les jours

      Il va y avoir un sacré boulot pour nettoyer les écuries socialistes et pourtant il va bien falloir le faire ou périr

       


        • JeanCorseul 31 mai 2014 15:40

          L’espace des libertés recule au fur et à mesure que le mondialisme avance, ce qui prouve que la démocratie est derrière nous et non devant...


          • Daniel Paruzzi 31 mai 2014 15:44

            C’est le Kali Yuga des prophéties hindoues : l’âge noir entropique du chaos final...


          • Pierre Mellifont 31 mai 2014 21:26
            Le socialisme, cela consiste à se croire fondé à définir un cadre de plus en plus étroit au champ de la liberté.
            Mais la liberté ne peut que gémir dans le cadre de lois qui lui disent de façon de plus en plus contraignante où elle doit se tenir...

            • jfortains 31 mai 2014 21:44

              C’est vrai, au fait, d’où sort tout à coup ce diktat de redessiner les régions ?


              • Ruut Ruut 31 mai 2014 22:03

                Le monstre dit de gauche commence a montrer son vrais visage.
                Terrifiant.....


                • JacquesDenost 31 mai 2014 22:10

                  J’aime bien le photomontage...

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