Blanc-seing à Nicolas Sarkozy
Sans surprise, la couleur ultradominante de la prochaine Chambre des députés sera le bleu. Entre grosse vague et tsunami, les Français ont fait le choix de la cohérence en donnant à Nicolas Sarkozy ce qui risque d’apparaître, ou de devenir, une simple chambre d’enregistrement des oukases présidentiels.
Plus qu’une simple victoire électorale, ces législatives signent la fin d’un cycle qui, au-delà d’une génération politique, touche nos institutions. 2007 marque un véritable tournant dans la décennie politique qui s’achève. Le paysage politique de demain devrait être marqué par un système bipolaire déséquilibré dans lequel les petites formations n’auront plus leur place sur les bancs de l’Assemblée nationale. La mandature qui s’annonce apparaît comme celle de tous les risques pour l’UMP et les Français qui ont fait le choix d’associer leur destin aux décisions de Nicolas Sarkozy. Les 45,5% de suffrages exprimés en faveur de l’UMP devraient se convertir en 80% des sièges dans une semaine.
Ils ne reflètent pas la réalité politique du terrain. L’importance de l’abstention, de l’ordre de 40%, explique en grande partie ce phénomène de trompe-l’oeil qui, par un coup de baguette magique, fait disparaître les 17 millions de suffrages qui s’étaient portés sur Ségolène Royal et donc sur un autre choix de société.
Gauche et droite ont bien conscience du risque que présente une telle situation. Le PS, en lançant un appel à la mobilisation pour le second tour et en rappelant à l’instar de Laurent Fabius que “chaque député PS de plus est une voix de plus pour la démocratie”. La majorité présidentielle, en se cachant derrière le paravent de l’ouverture pour exorciser l’absolutisme inhérent aux majorités écrasantes, offre une ouverture artificielle qui ne porte que sur des aventures personnelles, en aucun cas sur des accords de structures.
Sans y prendre garde, la modification du calendrier électoral, alliée au passage au quinquennat, a profondément bouleversé notre système politique en nous faisant rentrer de plain-pied dans un système présidentiel où toutes les décisions se prennent à l’Elysée. Un régime fort, pourquoi pas. Sous réserve que des contre-pouvoirs efficaces existent avec, notamment, un Parlement doté de véritables prérogatives et réellement représentatif. La question du mode de scrutin et de l’introduction de la proportionnelle est donc, plus que jamais, d’actualité.
Derrière la composition future de l’Assemblée, la question essentielle sera de savoir comment et avec quelles marges de manoeuvre elle va fonctionner et ce, bien au-delà d’une session d’été précipitée et surchargée. Premier rocher à venir sur la route des nouveaux parlementaires, le relèvement de la TVA susurré pour ne pas dire quasi confirmé par J.-L. Borloo, ministre des Finances. Première mesure qui fâche, susceptible de mettre un coup de canif à l’actuelle lune de miel entre les Français et l’Elysée.
Deuxième difficulté, faire du neuf avec du vieux. Alors que Nicolas Sarkozy parle de rupture, son armée parlementaire sera constituée de vieux grognards imprégnés de leurs passés et de leurs petites habitudes. On ne peut qu’être stupéfait, à ce titre, par l’amnésie qui frappe les rangs de l’UMP, de J.-P. Raffarin à J.-F. Copé, sur leur passé gouvernemental. Un tour de passe-passe rendu possible par une opposition en plein délitement.
Au PS, les couteaux sont sortis des fourreaux. La fin des législatives va sonner l’heure des règlements de comptes internes. Ils seront sanglants. Manuel Valls à ouvert le bal en traduisant à haute voix l’exaspération des militants : ”J’en ai marre que la vie politique à gauche tourne autour de la vie d’un couple”.
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