Bonne rentrée aux.. Survivants

L’été de tous les dangers des médias du ridicule qui tue

Le traitement de l’actualité sur les grandes chaines et les télés d’info en continue est pendant l’été une démonstration… caniculaire du fonctionnement d’un système.

Nous sommes contents de vous retrouver après toutes ces épreuves terribles que vous avez traversées, en tout cas pour ceux d’entre vous qui ont réussi à s’en sortir. Car franchement à l’écoute de nos journalistes audio visuels vous en avez bavé. Ils ont bien du mérite tous ces héros de l’été. Car bien sûr tous les vacanciers sont des héros en démocratie médiatique, cette démagogie dégoulinante.

Pour commencer, ceux qui partent en vacances et affrontent les bouchons, d’aire d’autoroute en aire d’autoroute, bravant le chaud, les intempéries, la longueur du trajet comme les caravaniers des grands déserts de la route de la soie. On les interroge : comment partent-ils ? comment rentrent-ils ? comment tout mettre dans le camping-car pour cette campagne quasi militaire ? comment occuper les enfants ? Ce sont les héros des postes de péage et des aires d’autoroutes.

Et puis les héros de la météo, ceux qui survivent aux chaleurs, aux pluies et aux orages… tous ceux qui n’ont jamais vu ça de leur vie. Ils font face aux coups de soleil et à la foudre, à la canicule et à la fureur du ciel. Stoïque sous la mitraille des vacances, ces admirables français. De vrais résistants quoi !

Sans oublier les rescapés des noyades, car, comme tous les ans, les imbéciles et les imprudents se noient et mettent les sauveteurs en danger. Des sauveteurs pas assez nombreux et sans moyens bien sûr. Dans ce pays, rien ne marche faute de moyens et d’effectifs, c’est bien connu, le discours syndical ne prend jamais de vacances, et parfois ce n’est pas faux. Mais s’il y a moins de Crs sur les plages alors que le nombre global n’a pas baissé où sont-ils ? En priorité auprès de populations plus prioritaires que les vacanciers ? Il ne me semble pas avoir entendu évoquer ce problème. C’est vrai que pour les noyades, le danger est réel et en augmentation, mais c’est dû au comportement d’un public de plus en plus diversifié mais de moins en moins conscient de la nature et de la mer.

Vous l’avez compris tous les vacanciers en situations ordinaires et banales comme le retour de l’été, sont transformés par les médias en héros de l’actualité. C’est le ressort essentiel du pouvoir médiatique qui confisque la démocratie. Valoriser le commun pour éviter que des têtes dépassent. Notre système consiste à demander leur avis à des gens qui ne savent rien et à donner la parole à ceux qui n’ont rien à dire. La médiatisation de la démocratie est le stade ultime de sa perversion en démagogie.

On le sait, une vraie démocratie exige la connaissance du peuple et le dévouement honnête des élus. Elle passe aussi par une société homogène où les intérêts particuliers s’effacent devant la volonté générale. On en est tout de même bien loin. Notre médiacratie n’est pas une démocratie qui comme l’a remarqué Churchill n’existe en fait nulle part. Cette démagogie médiatique est de plus en plus obscène à l’égal parfois d’une populace qui se croit le peuple étalant dans les rues de l’été ses graisses, ses bourrelets et ses laideurs sans retenue et pudeur.

Les médias l’ont bien compris, les gens préfèrent qu’on parle de d'eux plus que de tout autre sujet. On leur a fait croire qu’ils sont le centre du monde, ils ont fini par le croire. Quant aux journalistes clonés comme des jeunes vacanciers de centre aéré, ils en font des tonnes dans l’admiration de l’ordinaire du banal et du sans intérêt. Les femmes admirent toutes les femmes par définition, les hommes aussi d’ailleurs au nom de la lutte pour l’égalité et contre l exclusion. Personne cet été n’a été exclu de la compassion journalistique, héros du ramadan, Roms persécutés, immigrés admirables et beaufs de qualité pure porc.

Tout le monde il est beau, tout le monde il et gentil, mais tout le monde il est en danger. Heureusement l’actualité de l’été veille et le journaliste sauveteur, avec son assurance de benêt de la canicule, nous dit quoi faire quand il y a du soleil et quand il pleut, quand on roule et quand on se baigne. Il sait tout de ce qui va nous sauver et faire notre bonheur dans le meilleur des mondes médiatiques possibles.

Pourquoi admirer celui qui a découvert les sources du Nil à pied dans la savane et la jungle hostile, quand on a fait Paris -Cannes sous l’adulation des cameras et des commentateurs. C’est nous qu’on est les héros.

Ouf, on s'en est tiré ! L’été de tous les dangers se termine grâce aux journalistes. Les survivants leur disent merci.

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7 réactions à cet article

cevennevive 22 août 2013 11:34

Bonjour metamag,

Excellent article, cocktail d’humour, de vitriol et de bon sens. Merci ! C’est exactement ce que bon nombre d’entre nous ont pu penser devant ce déferlement d’informations dégoulinantes.

« Pourquoi admirer celui qui a découvert les sources du Nil à pied dans la savane et la jungle hostile, quand on a fait Paris -Cannes sous l’adulation des cameras et des commentateurs. C’est nous qu’on est les héros. »

Tout est dit...

Bonne journée.

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- jef88 22 août 2013 12:25
  
  belle illustration de la vacuité de nos trop chers médias !
  
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  - unandeja 22 août 2013 12:41
    
    j’étais survivant jusqu’à hier quand j’ai reçu mon 3°tiers d’impots...mon salaire a augmenté de 20%...mes impots de quasiment 100%.....ça fait mal aux fesses....
    
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    - LE CHAT 22 août 2013 13:43
      
      entre le journal télévisé complétement creux , les rediffusions et la télé réalité glauque , on est vraiment pas gâtés en ce moment !
      
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      - Abou Antoun 22 août 2013 15:31
        
        Bonjour metamag,
        Nous sommes tous des survivants, enfin les gens de ma génaration.
        Voyez plutôt les risques que nous avons encourus.
        
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        Ruut 22 août 2013 18:40
        
        Bientôt les grèves dans l’Education Nationale....
        
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        curieux 22 août 2013 20:38
        
        Merci pour l’article. Moi, qui ne regarde pas la télé, je ne savais pas que j’avais échappé à toutes ces calamités. Je suis un héros. Il faudrait qu’il m’envoie un journaliste pour une interview.
        
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